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La pollution due à l'épandage de chlorure de sodium sur les routes

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 436 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 01/02/2017
    • de MORREALE Christie
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports et du Bien-être animal

    Alors que l’hiver sévit ces dernières semaines, le SPW mobilité, à travers sa porte-parole, annonçait que près de 3.000 tonnes de sel ont été épandues par les services d’épandage en une nuit (du jeudi 12 au vendredi 13 janvier).

    Au contact des précipitations glacées, le chlorure de sodium abaisse le seuil de la température à partir duquel l’eau gèle. La neige se transforme en liquide ruisselant vers les égouts ou en mélasse. Pourtant, cette substance présente de nombreux effets indésirables pour les infrastructures, les véhicules, mais aussi et surtout, pour l’environnement. Ce phénomène de pollution des nappes phréatiques n’est pas nouveau : cela fait de nombreuses années que l’on en parle et le débat revient sur le devant de la scène chaque hiver.

    En tant que ministre de l’Environnement, Monsieur le Ministre peut-il m’informer des effets néfastes pour la biodiversité qui découlent de l’utilisation massive de chlorure de sodium sur nos routes ? Des réflexions sont-elles en cours pour modifier la technique, compte tenu de ces effets ? La Région wallonne teste-t-elle de nouvelles méthodes d’épandage ?

    La Région s’inspire-t-elle d’alternatives plus respectueuses de l’environnement tout en assurant la sécurité des usagers de la route ?
  • Réponse du 21/02/2017
    • de DI ANTONIO Carlo

    Le sujet est effectivement abordé de manière récurrente en période hivernale et trouve une réponse semblable chaque année dès lors que la pratique actuelle permet d’atteindre des objectifs de sécurité routière sans mettre en grave péril l’environnement.

    Les effets du chlorure dans l’environnement peuvent effectivement être néfastes, mais c’est avant tout une question de quantité ou de concentration dans le milieu.

    Le danger de pollution des nappes phréatiques par les sels de déneigement doit être relativisé. Le réseau de surveillance de la qualité des masses d’eau souterraine indique bien quelques impacts très ponctuels à proximité immédiate des grands axes autoroutiers (E411 à Wanlin, E40 à Chaîneux, E42 à Lommersweiler p.ex). Toutefois, les teneurs moyennes en chlorures qui y sont enregistrées n’ont jamais excédé la norme de potabilité fixée à 250 mg Cl/l. La plupart des contaminations actuelles des eaux souterraines par les chlorures remontent au passé et trouvent leur origine dans l’enfouissement de déchets ménagers et industriels, ainsi que dans les rejets de certaines activités industrielles (chimie minérale).

    En matière d’eau de surface, il y a également lieu de relativiser la problématique. Sur 36.233 analyses réalisées dans les cours d’eau wallons entre 2000 et 2015, 186 données dépassent la limite de 250 mg/l fixée pour déterminer le bon état d’un cours d’eau. Seulement 31 de ces dépassements ont été mesurés à des périodes hivernales. Ces résultats sont donc loin de traduire un effet des épandages de sels de déneigement.

    En ce qui concerne la qualité des sols et la biodiversité, on peut observer une modification des propriétés des sols dans une bande située de quelques mètres de part et d'autre des voiries et des signes d’affaiblissement des strates arbustive et herbacée qui s’y développent.

    Étant donné l'impact très limité des épandages de sels de déneigement sur la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines, il n’apparaît pas utile de réaliser des études complémentaires sur le sujet. En ce qui concerne les milieux non aquatiques, aucun effet délétère suffisamment significatif n'a été mis en évidence à l'heure actuelle en Wallonie pour déclencher des études approfondies en lien avec d’éventuels problèmes de salinisation.

    Par rapport aux sels de déneigement, l’utilisation de sable ou de gravillons présente en effet l’intérêt d’être chimiquement inerte, ce qui semble a priori plus favorable d’un point de vue environnemental. Il présente toutefois des désavantages d’un autre ordre et qui ne sont pas moins néfastes à l’environnement. La présence de sable dans les cours d’eau peut avoir un effet sur la faune et le milieu tel que le colmatage des branchies des poissons ou l’augmentation du volume des sédiments dans les fonds des cours d’eau qui peut engendrer des modifications profondes des habitats aquatiques.

    Il faut aussi mentionner que l’utilisation du sable risque de poser des problèmes d’ordre technique au niveau des stations d’épuration (usure prématurée des équipements, bouchage de pompes) qui induisent des coûts de fonctionnement plus élevés, alors que les sels de déneigement, aux concentrations où on pourrait les retrouver dans les bassins des stations, n’affectent pas les processus biologiques d’assainissement des eaux usées.