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L'économie circulaire et les perspectives d'emploi

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 144 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 06/02/2017
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Le journal le Soir publiait ce samedi 28 janvier, un article sur l'économie circulaire se basant sur une étude de la Commission européenne, comme étant un pole économique et donc créateur d'emploi d'avenir.

    Cette analyse, fait aussi écho à la lecture que fait le syndicat patronal Agoria sur ce pan de l'économie. En quelques chiffres, selon l'étude initiale et l'estimation d'Agoria, 2.000.000 d'emplois devraient voir le jour en Europe liés à l'économie circulaire, dont de 100.000 en Belgique.

    Toutefois, Agoria souligne que si nous sommes particulièrement en avance sur certains points en Belgique, dont la filière tri-recyclage, il semble que cette branche sera très vite saturée, et qu'il faut dès lors envisager d'autres approches. Comme la « création », mais aussi le « réusinage » de certains composants.

    Bien entendu, il reste une série de barrières sociologiques qu'il faut franchir. Toutefois, il semble aujourd'hui qu'Agoria s'engage dans cette voie en ayant mis sur pied un réseau d'apprentissage et juge qu'en Belgique, nous sommes aptes pour faire face à ce défi.

    Ma question vise à savoir quelle la lecture que Madame la Ministre fait aujourd'hui de l'économie circulaire et de ses différents aspects pouvant toucher l'emploi et la formation. La Wallonie s'inscrit-elle aussi dans cette perspective de création et de transformation ou la priorité est-elle placée sur l'angle du tri et recyclage ?

    Quelles initiatives sont-elles, éventuellement, mises en place en vue de former les travailleurs vers ces nouveaux métiers ? Le cas échéant, quels sont les moyens investis avec quelles perspectives de retour ?
  • Réponse du 15/03/2017
    • de TILLIEUX Eliane

    Selon l’ADEME (http://www.ademe.fr/expertises/economie-circulaire), « l’économie circulaire peut se définir comme un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer son impact sur l’environnement tout en développant le bien-être des individus. L’économie circulaire doit viser globalement à diminuer drastiquement le gaspillage des ressources afin de découpler la consommation des ressources de la croissance du PIB tout en assurant la réduction des impacts environnementaux et l’augmentation du bien-être. Il s’agit de faire plus et mieux avec moins. »

    Actuellement, l’économie circulaire a surtout accompagné les politiques de gestion des déchets et tout ce qui tourne autour du recyclage en Wallonie.

    Ainsi, au niveau de la gestion des déchets, la Belgique évolue au sommet européen depuis déjà plusieurs années. Dans notre pays, un taux de recyclage général d’environ 60 % tant pour les déchets ménagers que pour les déchets industriels est observé. Pour les emballages en plastique, la Belgique atteint 38 %.

    En outre, 55 % des 550 kilos de déchets produits annuellement par chaque ménage wallon sont recyclés.

    Au niveau du recyclage, selon les dernières données de l’ASBL RESSOURCES qui fédère les « ressourceries en Wallonie », 173 structures opèrent dans ce domaine en Wallonie, dont 23 centres de tri, 35 ateliers de réparation et 115 magasins de seconde main.

    Ce réseau occupe actuellement 5.400 personnes, soit près de 2.800 équivalents temps plein (en Wallonie et à Bruxelles).

    Par ailleurs, d’autres boucles comme celle du réemploi, de la réparation, de la refabrication dans les entreprises ont un impact considérable dans notre économie régionale et constituent ainsi une source d’emplois locaux.

    Sur cette base, de nombreuses initiatives voient le jour dans le recyclage, la réutilisation, l’upcycling qui consiste à transformer des déchets en produits de bien meilleure qualité, voire à qui l’on a même ajouté une certaine plus-value, le remanufacturing, ou encore la réduction des déchets et la biométhanisation. Ces initiatives découlent d’une volonté du Gouvernement d’aller vers un environnement plus durable et équitable.

    Ainsi en Wallonie, l’objectif du Plan Marshall 4.0 est de mener à bien des projets pilotes industriels de mise en application de l’économie circulaire et de l’économie de la fonctionnalité, notamment en finançant des études sectorielles, des études de faisabilité et des prototypes.

    Concrètement, le Plan Marshall 4.0 soutient les mesures suivantes :
    - Mettre en œuvre un système de veille de ces modèles économiques émergents et sensibiliser les acteurs économiques ;
    - Identifier de nouveaux gisements de croissance de l’économie circulaire à travers le Plan wallon des déchets et une politique environnementale ambitieuse ;
    - Favoriser l’émergence de projets industriels ;
    - Mener des actions d’animation économique sur le terrain en vue d’inciter les entreprises à concrétiser des partenariats de valorisation et d’échange ;
    - Valoriser les déchets issus de l’agriculture, mais aussi de l’industrie, dans le développement de la réutilisation des déchets ou des coproduits en tant que nouvelle ressource.

    L’économie circulaire occupe une place importante dans la Déclaration de politique régionale (DPR) 2014-2019 avec un focus à l’innovation, le développement économique et à la croissance des TPE et PME dans une approche environnementale. Plusieurs acteurs, au travers des projets qu’ils portent, peuvent d’ores et déjà en témoigner :
    - La plateforme NEXT (programme pour sensibiliser les patrons d'entreprise à l'écologie industrielle) est soutenue par le Gouvernement wallon et apporte un soutien aux entreprises pour optimaliser l’utilisation des ressources.
    - Les agences de développement économique et de soutien à l’innovation qui accompagnent les entrepreneurs dans cette démarche et facilitent la mise en réseau des différentes structures.
    - Reverse metallurgy qui, par une collaboration entre le secteur industriel et le secteur académique, vise une récupération optimale des matériaux rares à partir de métaux recyclés.
    - IEW, la fédération inter-Environnement de Wallonie met à disposition des entreprises wallonnes des incitants d'une valeur de 10.000 euros ayant pour objectif de démontrer aux dirigeants d'entreprise le potentiel d'une démarche en économie circulaire au sein de leur entreprise.

    Enfin, sur un plan plus stratégique, le FOREm a récemment organisé des tables rondes organisées par domaines d’activités stratégiques (DAS), mobilisant au total plus de 250 experts, avec une participation prépondérante des secteurs professionnels, afin d’identifier les besoins en main-d’œuvre et en compétences dans chacun des 13 domaines visés. Au cas par cas, les modalités opérationnelles des collaborations peuvent varier : plateforme dans l’industrie alimentaire et dans l’industrie technologique, comités locaux dans la construction, appel à projets avec l’HoReCa, etc.

    Dans ce cadre, les enjeux de l’économie circulaire ont été identifiés et feront l’objet du développement de modules de formations spécifiques au sein des Centres de compétence et du FOREm.