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Intégration des exploitations agricoles en zones urbanisables ou à proximité de celles-ci.

  • Session : 2004-2005
  • Année : 2005
  • N° : 108 (2004-2005) 1

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  • Question écrite du 06/07/2005
    • de FOURNY Dimitri
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    L'agriculture représente un secteur extrêmement important en province de Luxembourg. Dénommée « province verte », 47 % de son territoire est couvert de bois et 41 % de terres agricoles. Elle offre ainsi un cadre de vie exceptionnel et une capacité touristique importante.

    C'est également au sein de notre province que nous retrouvons un grand nombre d'exploitations agricoles diversifiées : bovins, ovins, caprins, équidés, porcins et autres suidés, volailles diverses, tous sont représentés au sein de nos exploitations. N'oublions pas la production fourragère et maraîchère en réelle croissance.

    Malgré cela, le secteur agricole semble aujourd'hui désintéresser nos concitoyens. Ce manque d'intérêt et de reconnaissance influence véritablement nos agriculteurs.

    Force est de constater qu'ils sont régulièrement accusés de mettre à mal la qualité de notre environnement, de ne pas respecter la nature, de modifier nos paysages bucoliques et même parfois d'influer sur la qualité de notre santé.

    J'en conclu que l'agriculture aujourd'hui n'intéresse plus que les agriculteurs eux-mêmes.

    Pourtant, ces derniers ont investi beaucoup de temps et d'argent afin de préserver la qualité de leur production en conciliant l'aménagement des espaces agricoles et en diversifiant leurs produits. Concilier la culture et l'agriculture avec le respect de l'environnement, et parfois même avec une offre touristique, est devenu fréquent : gîtes, fermes pédagogiques, fermes expérimentales, utilisation rationnelle de l'énergie ou d'énergies alternatives, respect de la qualité des eaux de surface. Tous tentent d'améliorer leur exploitation en se conformant à toutes les directives et réglementations européennes, fédérales et régionales.

    Et malgré cela, l'agriculture n'a pas retrouvé, au sein de notre société, la place qui lui revient.

    J'aimerais connaître les intentions de Monsieur le Ministre face à ce constat. Envisage-t-il de favoriser la réconciliation entre le monde agricole et le monde rural, entre les agriculteurs et les défenseurs de l'environnement ? Comment compte-t-il agir ?



  • Réponse du 28/07/2005
    • de LUTGEN Benoît

    En quelques décennies, l'agriculture a rendu à l'Europe indépendante en matière d'approvisionnement alimentaire. Dans le même temps, ce problème de l'alimentation reste de plus en plus pressant pour des populations entières de par le monde.

    Comme l'honorable Membre le laisse entendre, l'agriculture est devenue « terra incognita » pour beaucoup de nos citoyens. De nombreux a priori circulent dans le grand public.

    C'est d'ailleurs pour démentir ces idées et faire découvrir, ou redécouvrir, la qualité des hommes et des femmes qui vivent l'agriculture, que je soutiens les initiatives comme les fermes en ville ou les journées fermes ouvertes.

    Ainsi, j'aimerais faire remarquer que l'agriculture n'est pas la seule à imprimer sa marque sur l'environnement et les paysages.

    Notre paysage a beaucoup évolué, mais il est souvent davantage marqué par l'émergence de nouveaux quartiers d'habitations qui consomment la plus grande part des superficies retirées à l'agriculture, par la croissance des zones industrielles ou commerciales et par des grands travaux d'infrastructures.

    Quant aux atteintes à l'environnement, comme la pollution des eaux souterraines et de surface par les pesticides, elles ne peuvent être attribuées exclusivement aux agriculteurs. Tandis qu'ils adoptent des comportements nouveaux et intègrent des progrès spectaculaires pour réduire les nuisances, de plus en plus, les pollutions résiduelles sont à attribuer aux autres utilisateurs de produits phytosanitaires, comme certaines administrations publiques ou des particuliers.

    Tous les jours, les actions menées par les agriculteurs à travers les mesures agri-environnementales vont vers un meilleur respect de l'environnement au sens large. Il en est de même pour les aides octroyées en vue du développement de l'agriculture biologique. Ce développement occupe actuellement pas moins de 6 % de la superficie agricole de la province de Luxembourg.

    L'agriculteur n'est pas non plus l'assisté que l'on veut nous faire croire. Si les aides européennes à l'agriculture constituent la moitié des budgets européens, c'est parce qu'elle est la seule politique intégralement européenne. D'ailleurs, si l'on fait le total des aides accordées par les Etats membres aux différents secteurs, l'agriculture ne reçoit plus que 0,5 % du Produit intérieur brut (PIB). On est loin dès lors d'une agriculture soi disant assistée.

    Comme le souligne l'honorable Membre avec pertinence, beaucoup d'initiatives ont déjà été prises tant en matière d'environnement qu'en termes de sécurité alimentaire et de rapprochement entre les agriculteurs et le citoyen.

    Mais le citoyen, confronté à ses préoccupations quotidiennes et bombardé d'informations souvent contradictoires, n'en a pas nécessairement conscience.

    L'opinion publique et les secteurs économiques s'émeuvent de l'évolution de notre dépendance énergétique et des difficultés rencontrées en suite de l'évolution des marchés pétroliers. Voulons-nous cette évolution pour notre agriculture ? Voulons-nous une dépendance alimentaire du même genre ?

    C'est pour répondre à ces questions, pour redonner une place plus appropriée à l'agriculture et pour faire connaître et reconnaître les multiples services qu'elle apporte à la société, notamment en matière de sécurité et d'autonomie alimentaire, de diversité de notre alimentation, de qualité de vie et de patrimoine paysage, que j'ai initié un large débat sur l'agriculture avec toutes les

    composantes de la société.

    Ce débat devra déboucher sur des dispositions pratiques, voire réglementaires, qui seront reprises dans un décret-cadre qui donnera un caractère officiel aux relations mutuelles et réciproques de la société avec son agriculture.

    Il importe aussi que toutes ces actions menées au bénéfice de la société par les familles d'agriculteurs puissent être reconnues et rémunérées à leur jsute valeur.