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L'opération de séduction des chômeurs wallons par le patronat flamand

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 151 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 10/02/2017
    • de LEFEBVRE Bruno
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Selon Eurostat, la Flandre-Orientale et la Flandre-Occidentale font partie des régions belges où le chômage est le plus bas : 4,4 % et 4.2 %. En un an, le chômage y a chuté respectivement de 5 % et 7,5 %.

    La situation frôle le plein emploi et cela s’avère problématique pour les entreprises qui peinent à trouver de la main-d’œuvre.

    Les entrepreneurs de cette région se retrouvent donc obligés de passer les frontières vers la France ou la Wallonie afin de faire face à cette pénurie de main-d’œuvre.

    En 2016, 6.388 postes sont restés vacants en Flandre orientale et 2.800 en Flandre occidentale. Les principaux profils recherchés sont liés aux fonctions d’entretien, de techniciens, de la construction ou encore de l’Horeca.

    L’an dernier, le FOREm a géré près de 81.389 offres d’emplois envoyées par le VDAB. Madame la Ministre pourrait-elle me renseigner sur le nombre d’annonces pourvues par des demandeurs d’emploi wallons ?

    Le fossé qui sépare la situation de l’emploi de part et d’autre de la frontière linguistique perdure depuis quelques années. Selon la directrice du Voka, l’embauche de Français du nord par les entreprises flamandes fonctionnerait assez bien. Cette embauche semblerait plus compliquée en ce qui concerne la Wallonie.

    Madame la Ministre peut-elle me dire en quoi consistent les principaux obstacles à ce recrutement ? En quoi consistent les techniques de promotion des employeurs flamands ? Des incitants financiers ne pourraient-ils pas être envisagés ?  
  • Réponse du 07/03/2017
    • de TILLIEUX Eliane

    Synerjob, la Fédération des services publics régionaux de l’emploi et de la formation, qui rassemble le FOREm, le VDAB, Actiris, l’ADG et Bruxelles Formation, s’est précisément donné comme principale mission le renforcement de la mobilité interrégionale. À travers différents accords de coopération, l’objectif est d'unir les efforts et de mutualiser les ressources des différents services publics de l’emploi et de la formation, afin de relever les défis posés par les distorsions observées sur le marché de l’emploi belge, notamment en stimulant la mobilité. Dans ce cadre, ce sont bien des actions concrètes qui sont mises en œuvre conjointement par les services publics de l’emploi et renforcées d’année en année :

    1. L’échange automatisé ou ciblé d’offres d’emploi entre les organismes, plus particulièrement les offres liées à des fonctions critiques ou métiers en pénuries ;

    2. La mise en place en Wallonie de conseillers bilingues, chargés de gérer activement les offres d’emploi des entreprises flamandes, et qui proposent des modules collectifs d’information sur le marché de l’emploi en Flandre et des séances d’information pour des secteurs spécifiques ou des projets de grand recrutement. En 2016, ces conseillers ont géré 2.753 offres d’emploi (gestion active ou diffusion sur le site du FOREM) pour 4.806 postes de travail de l’autre côté de la frontière ;

    3. La constitution d’équipes mixtes de conseillers du VDAB et du FOREm (conseillers aux entreprises) pour la prospection et la gestion active d’offres d’emploi émanant d’entreprises flamandes ;

    4. L’aide à l’inscription comme demandeur d’emploi libre au VDAB, qui permet au demandeur d’emploi wallon de recevoir des offres de la part des conseillers du VDAB, selon les critères d’offres qu’il sélectionne lui-même ;

    5. La sensibilisation des entreprises flamandes au recrutement de la main-d’œuvre au-delà de la frontière linguistique ;

    6. L’organisation d’événements de grande ampleur (jobdatings et « job-beurs ») avec des candidats et des grands employeurs, en Wallonie et en Flandre ;

    7. Enfin, la formation professionnelle n’est pas laissée pour compte dans cette coopération, puisqu’une convention-cadre SYNERJOB a été signée afin de favoriser et de faciliter la mobilité interrégionale entre tous les stagiaires de la formation.

    Au-delà de la coopération interrégionale mise en place de manière structurelle au sein de Synerjob, des synergies et coopérations se construisent également entre le FOREM et le VOKA. Ainsi, depuis la fin 2016, les services du FOREM en Wallonie picarde collaborent avec le VOKA pour mobiliser les demandeurs d’emploi wallons et apporter une réponse aux besoins des entreprises flamandes prêtes à engager ces travailleurs wallons. La coopération donnera lieu à l’organisation conjointe d’une bourse à l’emploi appelée « Shop a Job » en 2017, dont une première à Tournai, fin mars prochain. Les services du VDAB seront également associés.

    Par ailleurs, la Wallonie collabore avec le VOKA dans le cadre de plusieurs projets Interreg V, notamment le projet « Emploi sans frontières », dans lequel le FOREm et le VOKA sont tous deux opérateurs.
    Le projet « Compétences sans frontières » réunit, quant à lui, le FOREm et l’UNIZO, et vise l’augmentation des compétences et la création d’emplois dans la même zone transfrontalière.

    Ces actions contribuent fortement à la mobilité des chercheurs d’emploi. En 2016, au niveau de la direction territoriale Hainaut du FOREM, 7.219 demandeurs d’emploi se sont insérés dans des entreprises principalement actives en Flandre. On peut considérer que ces insertions sont principalement le résultat de l’ensemble des actions mises en place au sein de la direction territoriale.

    Les collaborations entre la Wallonie et la Flandre sont donc bien réelles et le FOREM est particulièrement actif en matière de promotion de la mobilité interrégionale, dès lors qu’il a pour mission de favoriser le matching entre l’offre et la demande d’emploi.

    En ce qui concerne la réforme wallonne des aides à l’emploi que je mène actuellement, celle-ci prévoit, en matière d’aides relevant du mécanisme d’activation, à savoir :
    l’aide groupe-cible « demandeurs d’emploi de longue durée » ;
    l’aide groupe-cible « jeunes » peu ou moyennement qualifiés ;
    comme le contrat d’insertion, qui s’adresse aux demandeurs d’emploi de moins de 25 ans, sans expérience professionnelle et inoccupés pendant plus de 18 mois.

    Ces aides pourront bénéficier au demandeur d’emploi concerné résidant en Wallonie (Région wallonne de langue française), quel que soit le siège d’exploitation de l’entreprise qui l’engage. Ce mécanisme permettra aux demandeurs d’emploi wallons de valoriser ces aides auprès des entreprises, en ce compris celles situées en Flandre ou à Bruxelles, ce qui renforcera encore leur attractivité.

    Enfin, outre les actions relevant de l’intermédiation entre l’offre et la demande d’emploi, pour lever l’un des principaux freins à la mobilité pour les travailleurs wallons, à savoir la connaissance et la pratique du néerlandais, une offre de formation est proposée dans les différents centres de formation et centres de compétence, sur l’ensemble des directions territoriales du FOREM. Comme j’ai déjà eu l’opportunité de le développer, il s’agit de :
    1) modules intensifs en néerlandais, de niveau débutant à avancer, mais aussi toute une série de modules de langue spécialisée, intégrés, ou non, aux formations métiers ;
    2) un module « entreprise virtuelle », associé notamment aux métiers de bureau, offre quant à lui à de jeunes demandeurs d’emploi une véritable mise en situation en entreprise, et leur permet de simuler, en néerlandais notamment, le lancement sur le marché d’un nouveau produit, en occupant un poste virtuel qui correspond à son profil ;
    3) un module de recherche d’emploi, proposé en néerlandais notamment, permet au demandeur d’emploi de travailler son CV, sa lettre de motivation, et de se préparer à un entretien d’embauche en néerlandais ;
    4) des tables de conversation en néerlandais sont également organisées ;
    5)dans le cadre de l’apprentissage du néerlandais en ligne, tant l’IFAPME que le FOREm travaillent avec la plateforme Wallangues et collaborent avec l’opérateur pour établir une liste de métiers qui seront prochainement illustrés par des vidéos interactives ;
    6) enfin, le Plan Marshall 4.0 a permis de mobiliser, pour le nouveau Plan langues, un budget annuel de 7 millions d’euros, dédicacé à 6 mécanismes de bourse d’immersion pour les demandeurs d’emploi, les jeunes en formation en alternance, les jeunes rhétos et les diplômés du supérieur. Les bourses demandeurs d’emploi et jeunes rhétos soutiennent notamment la réalisation de stages linguistiques de 12 semaines en entreprise en Flandre.

    En 2016, une quinzaine de bourses a été octroyée pour ces stages en entreprises, et 32 bourses ont été octroyées pour une immersion en école de langue aux Pays-Bas et en Flandre.

    Une campagne de promotion des bourses langues 4.0 sera bientôt lancée par le FOREm et mettra particulièrement l’accent sur les immersions en néerlandais (en Flandre ou à l’étranger).