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L’emploi des femmes dans les métiers à spécificité technique

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 152 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 10/02/2017
    • de POTIGNY Patricia
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    On l’a vu lors de la campagne malheureuse du Forem, les stéréotypes ont la vie dure tant dans l’imaginaire collectif que dans la réalité.

    Ainsi, le monde du travail est un parfait exemple qui perpétue l’inégalité entre genres que cela soit conscient ou non. De prime abord, on pensera aux différences salariales entre hommes et femmes mais de manière sous-jacente, il y a également l’accès à certains métiers.

    Les professions dites techniques restent à l’heure d’aujourd’hui principalement du fait des hommes  : secteur industriel, agro-alimentaire, construction, électromécanique,…

    Cependant, j’ai lu qu’une société française avait décidé d’ouvrir une formation destinée prioritairement aux femmes. En effet, sur 2000 travailleurs que compte l’entreprise, 5% sont des femmes. Cette dernière - constatant un manque de main-d’œuvre - a fait le pari de faire évoluer les mentalités en engageant des femmes, par ailleurs tout aussi compétentes et qualifiées que des hommes voire parfois plus méticuleuses.

    J’aurais voulu savoir ce qu’il en était à notre niveau wallon et plus particulièrement dans le chef de notre service public d’aide à l’emploi et à la formation.

    Quand un conseiller du Forem accompagne une candidate dans ses démarches va-t-il d’emblée lui proposer les offres émanant de métiers plus manuels  ? Est-ce devenu systématique ou les mœurs doivent encore changer tant auprès des référents que des demandeuses d’emploi  ? Quid des proportions homme/femme dans les formations proposées  ? Des objectifs sont-ils fixés  ?

    Au niveau des entreprises, les dirigeants sont-ils disposés à accueillir du personnel féminin ou sont-ils encore trop réfractaires quant à cette éventualité. Quels sont les constats  ?

    Certes, le chemin est encore long mais de manière générale, qu’est-il mis en œuvre au sein du Forem pour optimaliser et favoriser l’émergence féminine dans les métiers techniques ?
  • Réponse du 15/03/2017 | Annexe [PDF]
    • de TILLIEUX Eliane

    Le FOREm, dans sa pratique, assure une équité de traitement à l’égard de tous les citoyens qui s’adressent à lui et lutte contre toutes les formes de discrimination à l’encontre d’une personne ou d’un groupe de personnes, sur la base d’une caractéristique individuelle ou sociétale.
    Pour garantir l’égalité de traitement, plusieurs initiatives propres au FOREm ont été entreprises en matière de communication, d’information et de formation notamment.

    Les conseillers référents proposent aux demandeurs d’emploi des offres auxquelles ils sont susceptibles de répondre. Ces conseillers cernent au plus près les compétences et qualifications des demandeurs d’emploi, en dehors de toute considération du genre du candidat, et examinent les exigences des métiers qu’ils voudraient occuper. Le conseiller référent doit s’assurer que le demandeur d’emploi peut décrocher un emploi. Cet objectif conduit régulièrement le conseiller référent à convenir d’une série d’actions avec le demandeur d’emploi : acquérir des compétences, travailler sa candidature, concevoir un CV adapté, etc.

    En ce qui concerne les formations, elles s'adressent à toute personne motivée qui souhaite renforcer ou stimuler ses compétences et connaissances, afin d’accéder ou de conserver son emploi dans les métiers en demande. L’ensemble de l’offre de formations du FOREm est donc ouverte aux personnes, indépendamment du genre. Les locaux sont d’ailleurs équipés de sanitaires et de vestiaires tant pour les femmes que pour les hommes.
    Le tableau ci-dessous dont les données sont issues du FOREm identifie le nombre de femmes et d’hommes ayant suivi une formation dans certains secteurs a priori masculins. Une sensible évolution du nombre de femmes est constatée entre 2015 et 2016, en particulier dans le secteur de l’Industrie.

    Régulièrement, des stagiaires féminines suivent des formations techniques telles que « monteur/euse-câbleur/euse d’armoires électriques », « opérateur/trice de production », etc., qui permettent de s’épanouir dans un environnement riche en activités, en contacts, en apprentissage ; les métiers techniques évoluant constamment.

    Il est vrai que la plupart des métiers techniques sont des métiers souvent exercés par des hommes, mais dans la pratique du métier, et principalement de certaines activités de précisions, les femmes se démarquent pour leur minutie.

    Force est néanmoins de constater que l’emploi est toujours l’un des domaines où se produisent différentes formes de discrimination. Le genre y apparaît notamment comme un opérateur de segmentation verticale comme horizontale.

    En Wallonie, les secteurs occupant une large majorité de femmes sont la santé humaine et l’action sociale, l’enseignement et les services.
    Les hommes sont majoritaires dans la construction, l’industrie extractive et manufacturière, l’eau et la gestion des déchets.

    Tous métiers confondus, la part de femmes parmi les demandeurs d’emploi inoccupés (DEI) tend à diminuer au fil du temps. En 2001, la demande d’emploi était majoritairement féminine (56 % étaient des femmes). Fin janvier 2017, 47 % des DEI sont des femmes, soit une diminution de 9 points de pourcent en un peu plus de 15 ans.

    Divers facteurs peuvent expliquer cette tendance. D’abord, la crise économique et financière de 2008 a plus durement touché des secteurs à forte représentativité masculine (ex. industries, transports, construction), la hausse de la demande d’emploi qui s’en est suivi était essentiellement le fait d’un public masculin. Par ailleurs, la récente mesure en matière de fin de droits a plus particulièrement concerné un public féminin dont une partie n’est pas venue se réinscrire au FOREm à la fin du bénéfice des allocations de chômage. Enfin, le taux d’emploi des femmes augmente. De plus en plus de femmes sont actives sur le marché de l’emploi, le nombre de femmes en recherche d’emploi et disponibles sur le marché de l’emploi suit également cette tendance.

    L’analyse qui suit porte sur le positionnement métier, choisi par les demandeurs d’emploi inoccupés (DEI) sur une période de 15 ans (entre fin octobre 2001 et fin octobre 2016).

    Certains métiers sont presque exclusivement représentés par des femmes en demande d’emploi. Quelques exemples : intervenant/ante auprès d'enfants, réparateur/trice-retoucheur/euse en habillement, employé/e de ménage à domicile, pédicure podologue, assistant/e en cabinet médical, esthéticien/ne-cosméticien/ne, intervenant/e à domicile, etc. Peu d’évolution selon le genre est observée parmi ces métiers.

    D’autres métiers sont presque exclusivement masculins. Quelques exemples : installateur/trice d'équipements sanitaires et thermiques, mécanicien/ne de véhicules particuliers et industriels, réparateur/trice en carrosserie, ouvrier/ère de la maçonnerie, monteur/euse en structures métalliques, conducteur/trice d'engins de levage, bûcheron/ne, etc. Ici également, l’évolution selon le genre, observée parmi ces métiers, est faible.

    Certains métiers, majoritairement masculins voient la part de DEI féminins augmenter au cours des 15 dernières années. Quelques exemples : préparateur/trice en produits de pâtisserie-confiserie dont la part de femmes dans la demande d’emploi en Wallonie est passée de 21 % à 35 % en quinze ans, cadre technique d'études-recherche-développement de l'industrie (passant de 7 % à 20 %), préparateur/trice en produits de boulangerie-viennoiserie (passant de 8 % à 13 %), responsable logistique (de 16 % à 20 %), aide agricole saisonnier/ère (de 12 % à 15 %).

    Enfin, pour d’autres métiers, la part de femmes tend à diminuer. Quelques exemples : employé/e de libre-service (réassortisseur/euse) dont la part de femmes dans la demande d’emploi en Wallonie est passée de 75 % à 46 % en quinze ans, agent de main de finition, contrôle et conditionnement (passant de 57 % à 38 %), vendeur/euse en alimentation générale (de 93 % à 77 %), serveur/euse en restauration (de 62 % à 51 %), employé/e polyvalent/e de restauration (de 69 % à 53 %), opérateur/trice sur machines de finition, contrôle et conditionnement (de 65 % à 42 %), caissier/ière (de 86 % à 69 %).

    Le FOREm, comme de nombreux autres services publics, s'est inscrit dans une dynamique de lutte contre les discriminations : déontologie, normes, règles rigoureuses dans la diffusion des offres d'emploi, formation initiale et continue des conseillers et des formateurs au sujet de la lutte contre les discriminations.
    Malgré ces pratiques, il faut constater que des secteurs restent encore marqués par des stéréotypes de genre. Dès lors, le FOREm soutient, contribue ou est partenaire d'initiatives sectorielles ou autres qui visent à modifier les comportements chargés de stéréotypes de genre.

    En effet et à titre d’exemple, le FOREm contribue au projet de l’ASBL Construtec Wallonie « Femmes de métiers » qui vise à lutter contre les stéréotypes en faisant le lien entre les entreprises qui recherchent de la main-d’œuvre qualifiée et les femmes qui ont délibérément choisi d’être ouvrières dans la construction.

    Divers événements sont également organisés : tables de conversation et rencontres entre et avec des femmes de métier. Des projets similaires ont également été mis en œuvre dans d’autres secteurs, tels que le projet « Technogirls » chez Agoria.

    Aussi et pour conclure, les prestations du FOREm en termes d'orientation telles que les entretiens dans les carrefours emploi formation et les bilans professionnels et de compétences associées au processus d’accompagnement des demandeurs d’emploi touchent largement tous les demandeurs d'emploi. Elles contribuent à orienter les hommes et les femmes en demande d'emploi vers les métiers qui offrent le plus d’opportunités de conclure un contrat de travail de qualité et à lutter contre les déséquilibres de genre.