à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région
Monsieur le Ministre désire ajouter à la liste des espèces chassables les blaireaux, les castors, les hérons, les cormorans, mais aussi les pies et les corneilles accusés, dans l’exposé des motifs, de nuire aux activités humaines. Il y est mis en avant que ces espèces sont responsables du déclin de la petite faune des plaines (perdrix, lièvre, oiseaux des plaines…), malgré les « efforts » pour restaurer leur habitat.
Cependant, le Conseil supérieur de conservation de la nature composé d’universitaires, d’ONG environnementales, mais aussi de représentants de la filière bois, du secteur de la pêche et de la chasse s’oppose catégoriquement à qualifier les pies et les corneilles de chassables.
Le Conseil supérieur de la nature argumente que toute la petite faune des plaines n’a pas vu son état de conservation se dégrader. Les espèces spécialisées (perdrix grise, vanneau huppé, alouette des champs, caille des blés, tourterelle des bois…), dont certaines restent ouvertes à la chasse, déclinent effectivement, de même que le lièvre.
Le Conseil explique que les vraies raisons du déclin de la faune sont dues à la destruction, la fragmentation et la dégradation des habitats qui entraînent des manques de ressources alimentaires et de sites de repos et de reproduction. La priorité serait donc d’améliorer ces habitats (connectivité, surfaces des fragments, qualité des ressources) et non une destruction des prédateurs généralistes.
Le Conseil indique également que les lâchers de dizaines de milliers de perdrix grises, faisans, canards colverts destinés à la chasse contribuent au déséquilibre proies/prédateurs et recommande de les restreindre afin de se limiter à de réels lâchers de repeuplement.
Quelles suites Monsieur le Ministre entend-il donner à cet avis du Conseil de la nature ?
Quelles dispositions supplémentaires compte-t-il prendre pour améliorer les habitats de la petite faune des plaines ?
A-t-il envisagé une stratégie de régulation ?
Réponse du 07/03/2017
de COLLIN René
Il n’a jamais été dans mes intentions de classer les blaireaux, les castors, les hérons et les cormorans dans les espèces pouvant être chassées. La mesure en projet vise à simplifier administrativement les mesures de régulation de ces espèces qui n’ont pas de prédateurs naturels en Wallonie.
Plus précisément en ce qui concerne la pie et la corneille noire, le Conseil supérieur wallon de la Conservation de la Nature demande que ces deux espèces soient maintenues dans le cadre du système dérogatoire, d’une manière assouplie comme c’est déjà le cas actuellement (gestion par les Cantonnements sans passer par son avis). Il demande que la procédure continue à relever de la Loi sur la Conservation de la Nature et soit adaptée, le cas échéant en permettant une délégation aux Conseils cynégétiques.
La prédation est une cause importante de mortalité de la petite faune de plaine, dont l'importance peut varier selon les espèces proies et les espèces prédatrices présentes sur le terrain. Les aménagements de l'habitat sont souvent vains s'ils ne s'accompagnent pas d'une réduction de l'impact de certains prédateurs sur les espèces les plus fragilisées.
Je rappelle aussi que je n’entends pas modifier la réglementation relative aux lâchers d’oiseaux gibiers, ceux-ci relevant spécifiquement de la loi sur la chasse.
Mes services analysent actuellement l’avis remis par le Conseil supérieur wallon de la Conservation de la Nature sur les propositions modificatives que j’ai proposées. À première lecture, cet avis n’est pas aussi défavorable que ce que l'honorable membre semble le dire.
Comme je l’ai déjà précisé à maintes reprises, le principal défi à relever aujourd'hui est bien de concilier agriculture rentable et faune sauvage.
Il y a plusieurs outils comme, par exemple, le verdissement initié par la Politique agricole commune. Il y a aussi certaines mesures du Plan wallon de développement rural qui ont pour objectif de restaurer, de préserver et de renforcer les écosystèmes liés à l'agriculture et à la foresterie. Citons, par exemple, la possibilité au travers des mesures agroenvironnementales de mettre en place des parcelles aménagées susceptibles d'accueillir la nidification de certaines espèces et de la nourriture pour d'autres.