à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique
La SONACA, entreprise spécialisée dans l’aéronautique, n’est plus présente aux USA depuis deux ans.
Bernard Delvaux, patron de la SONACA le confirme. L'entreprise souhaite s’y implanter à nouveau via le rachat d’une entreprise afin d’attirer Boeing dans sa clientèle.
Où en est-on dans ce rachat ? Quelles sont les pistes concrètes d’une possible implantation aux États-Unis ?
L’élection de Donald Trump et d’éventuelles mesures de protectionnisme de la part des États-Unis risquent-elles de compromettre les projets de la SONACA ?
Réponse du 21/02/2017
de MARCOURT Jean-Claude
La perspective pour la SONACA d’acquérir une base de production aux États-Unis est toujours une option, afin de diversifier davantage son portefeuille de clients, Boeing notamment.
La politique du nouveau président des États-Unis va probablement d’ailleurs renforcer cette exigence de produire sur le sol américain, pour avoir accès à des clients américains.
La SONACA examine donc dans ce cadre toute opportunité qui se présenterait.
L'honorable membre comprendra aisément que pour des raisons évidentes de confidentialité nous n’en dirons pas davantage.
Réponse complémentaire du 23/02/2017
de MARCOURT Jean-Claude
La société aéronautique belge SONACA a lancé ce vendredi 17 février une offre publique d’achat (OPA) amicale sur la société américaine LMI Aerospace. Le prix de l’OPA a été fixé à 14 dollars par action de la société LMI, cotée à New York sur le marché du Nasdaq.
La transaction est estimée dans sa globalité à 432 millions de dollars, en ce compris la dette de l’entreprise américaine.
Afin de financer ce rachat, la Société Régionale d’Investissement de Wallonie (S.R.I.W.) interviendra à hauteur de 85 millions d’euros tandis que la Société fédérale de Participations et d’Investissement (SFPI) interviendra à hauteur de 15 millions d’euros, le solde se fera par financement bancaire.
L’opération de rachat pourrait déjà être bouclée en juin prochain. Même si une surenchère est toujours possible, elle est très peu probable, dans la mesure où le conseil d’administration de LMI est favorable à l’opération. Cela fait plusieurs mois que les deux entreprises en négociaient les modalités. Il reste encore à passer le cap des autorités de contrôle américaines.
La SONACA a déjà été présente aux États-Unis à travers une usine située dans le Kansas. Mais trop petite et n’ayant pas assez de contrats, elle avait été revendue en 2014.
Depuis, la SONACA cherchait à se réinstaller sur le marché américain afin de trouver de nouveaux relais de croissance et réduire sa dépendance à la parité euro/dollar, mais aussi à un marché européen, où la croissance économique est à la peine.
C’est désormais chose quasiment faite, car avec LMI, la SONACA va désormais avoir un « accès privilégié » vers les clients américains que sont Boeing, Gulfstream et Spirit. Basée à Saint-Louis dans le Missouri, LMI Aerospace possède 21 sites de production, dont 18 aux États unis, 1.945 salariés et un chiffre d’affaires de 375 millions de dollars en 2015.
LMI, qui devrait devenir à terme une filiale de la SONACA, est spécialisée dans le design et la production de structures complexes dans l’aéronautique comme les panneaux de fuselage, les bords d’attaque, les structures de plancher de cockpit,… La SONACA va donc bientôt pouvoir jouer sur les deux tableaux en fournissant des composants aux deux plus grands avionneurs de la planète, son client traditionnel Airbus et donc désormais aussi son rival de Seattle Boeing.
En regardant l’évolution de la SONACA, on peut se dire que le travail finit par payer…
En dix ans - et la création des pôles de compétitivité, dont Skywin, dans le cadre du plan Marshall n’y est pas étrangère - la SONACA, qui était alors en difficulté, est devenue une entreprise connue et reconnue de par le monde. En effet, elle suscitait envies et convoitises de nombre de grands groupes aéronautiques mondiaux.
La SONACA, exemple majeur d’initiative économique publique - puisqu’elle appartient à 97 % à la Wallonie et à 3 % à l’État fédéral était donc à la croisée des chemins : ou elle risquait à plus ou moins court terme d’être la proie d’un concurrent plus important ou elle acquérait la taille critique pour être un acteur mondial du secteur.
Avec le management de l’entreprise, nous avons choisi la deuxième option qui garantit le maintien, en Wallonie, à Gosselies, des centres de décision et des unités de fabrication existantes, avec les quelque 1 600 travailleurs (à Gosselies, 2 200 pour l’ensemble du groupe) qui les font tourner.
En acquérant l'entreprise américaine LMI, la SONACA va, entre autres, permettre de saturer l’outil existant, de dégager des synergies commerciales et opérationnelles et, grâce à une base financière étendue, de faire des offres plus larges sur les nouveaux avions.
Grâce à cette acquisition, la SONACA entre de plain-pied dans le club très fermé des acteurs mondiaux et la Wallonie, par là même, conforte un de ses fleurons.