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La lutte contre la pauvreté

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 56 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 10/02/2017
    • de STOFFELS Edmund
    • à MAGNETTE Paul, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    En septembre 2015, Monsieur le Ministre-Président a initié, au niveau régional, le Plan wallon de lutte contre la pauvreté. Plusieurs sujets retenus (logement, alimentation, énergie, santé, eau, etc.) aboutissent à un programme d’actions à mettre en œuvre. C’est au regard de l’indicateur européen (la déprivation matérielle) que l’on pourra constater l’efficacité de ces actions.

    En Belgique la population exposée à un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale était de 2.194 millions de personnes en 2008. Dans le cadre de la stratégie Europe 2020, la Belgique s’est engagée à réduire ce nombre de 380.000 personnes entre 2008 et 2018.

    En 2015, la Belgique s’est également engagée, à l’horizon 2030, à réduire de moitié la population vivant dans la pauvreté. Cette population est estimée à 2.336 millions de personnes, autrement dit 21,1% de sa population, donc d’ici 13 ans, ce chiffre devrait descendre à 10,6%.

    Selon le Bureau fédéral du Plan, la Belgique n’atteindra pas ces deux objectifs nationaux.

    C’est interpellant. D’une part de belles promesses, d’autre part, des résultats trop maigres. Et même si l’on parvient à réduire la pauvreté à 10,6 % de la population, au niveau de la Wallonie cela représente toujours 300.000 personnes ou plus. Quels sont donc les objectifs 2020 et les moyens dudit Plan wallon de lutte contre la pauvreté ? Quels sont les résultats engendrés depuis l’annonce dudit plan ? Y aura-t-il un contrôle de l’efficacité sur base des résultats obtenus ?
  • Réponse du 07/03/2017
    • de MAGNETTE Paul

    L’approche européenne de la pauvreté et de l’exclusion sociale nous invite à considérer la problématique de façon plus large qu’à travers l’indicateur classique de seuil de pauvreté monétaire. Elle retient, pour cela, comme indicateur, le nombre de personnes en risque de pauvreté ou d’exclusion. Ceci concerne, en 2014, 26,3 % de la population wallonne.

    Cette proportion est restée stable au cours des dernières années. Au niveau belge, l’objectif de la stratégie EU 2020 est bien de diminuer de 380 000 unités le nombre de personnes menacées de pauvreté ou d’exclusion.

    Les chiffres provenant d'une enquête (SILC), il n'est pas possible d’établir avec précision l'évolution, en termes de personnes, par exemple. Cela s'explique par la taille de l'enquête, mais aussi, sur certains points, par les modifications de formulation des questions au fil des années. Cependant, avec les différents outils statistiques développés ou pilotés par l’IWEPS notamment, on n’observe pas de variations significatives pour la Wallonie (ni le reste de la Belgique, d’ailleurs). Les objectifs de la stratégie UE 2020 ne seront donc probablement pas atteints.

    Par ailleurs, la définition de la pauvreté telle que mesurée par le taux de pauvreté ou d'exclusion sociale ne reprend pas certaines dimensions des conditions de vie fondamentales et qui sont pourtant prises en considération et traitées dans le PWLCP, comme l’accès à un logement décent, l’accès à une alimentation saine et variée, l’accès à la santé ou l’accès aux loisirs. Il est donc pertinent de compléter ces indicateurs par des indicateurs complémentaires ; par exemple, le tableau de bord réalisé annuellement par l’IWEPS et téléchargeable sur leur site.

    Enfin, il convient d’avoir aussi conscience que divers facteurs structurels extérieurs à la Wallonie peuvent influencer les indicateurs wallons de pauvreté :
    - des facteurs économiques sur lesquels les politiques n’ont que peu de prise ;
    - des aspects liés à des politiques publiques menées à d’autres niveaux de pouvoir, suprarégionaux ou infrarégionaux ;
    - des aspects plus statistiques qui font que le taux de pauvreté wallon dépend du seuil de pauvreté défini au niveau belge (60 % du revenu médian équivalent national) et qu’une variation de revenu dans les autres Régions influence le taux de pauvreté wallon sans que rien ne change en réalité.

    Ainsi donc, même s’il semble que les objectifs de la stratégie EU 2020 ne seront pas atteints, il convient de relativiser ce constat et de se concentrer sur une démarche d’analyse plus fine et plus « micro » au niveau wallon afin de nuancer l’analyse.