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Les dangers du Brexit pour l’économie wallonne

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 194 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 16/02/2017
    • de MOUYARD Gilles
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Ce lundi 30 janvier le groupe de haut niveau sur le Brexit a livré son rapport sur la stratégie à adopter par la Belgique.

    Pour le monde économique belge, le Brexit doit changer le moins possible la relation commerciale entre le Royaume-Uni et l’Union, pour ne pas risquer que la Belgique y perde 2 milliards d’euros par an.

    Selon les résultats d’une étude, la Flandre absorberait 85 % des effets négatifs du Brexit pour l’économie belge, la Wallonie ne serait donc pas épargnée.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre de la situation  ? Doit-on craindre avec le Brexit une augmentation des droits de douane au Royaume-Uni  ? Travaille-t-il déjà de concert avec l’Union européenne et les différents niveaux de pouvoir en Belgique pour soutenir nos exportations vers le Royaume-Uni? Quels sont les secteurs de notre économie qui seraient touchés en premier lieu par le Brexit  ? Face à ce danger que compte-t-il faire ?
  • Réponse du 17/03/2017
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La réinstauration (et non l’augmentation) de droits de douane entre l’Union européenne et le Royaume-Uni est une éventualité qui ne peut être écartée à ce stade. Le gouvernement britannique a clairement fait savoir qu’il ne souhaitait ni continuer à participer au marché unique, ni rester dans l’union douanière avec l’Union européenne. À la place, le gouvernement May voudrait établir un accord douanier avec l’UE, qui permettrait la poursuite d’échanges commerciaux sans entraves et autoriserait le Royaume-Uni à mener sa propre politique commerciale avec le reste du monde.

    Cette position définie unilatéralement par le gouvernement britannique ne permet pas de prévoir quelle sera l’issue des négociations de divorce entre l’UE et le Royaume-Uni. De nombreux autres facteurs que les échanges commerciaux actuels avec le Royaume-Uni entreront en ligne de compte dans les négociations. On peut ainsi penser à la préservation de l’intégrité du marché unique et à la cohérence à long terme du projet d’intégration européenne. Sur ce sujet, les propos de Markus Kerber, directeur général de la Fédération de l’industrie allemande (BDI), illustrent la nécessité économique de ne pas nuire au marché unique en cherchant à préserver à tout prix les échanges commerciaux actuels avec le Royaume-Uni : « 7,5 % [la proportion des exportations allemandes orientées vers le Royaume-Uni] est une part importante – mais 92,5 % va ailleurs ». Pour cette raison, le BDI ne considère pas qu’un accord de libre-échange doive absolument être conclu entre l’UE et le Royaume-Uni.

    Vu le niveau des échanges entre les deux Parties et leur position traditionnellement favorable au libre-échange, il devrait en principe être possible de parvenir à une solution permettant la poursuite des activités commerciales bilatérales actuelles, ou d’une part d’entre elles. Cela dépendra notamment de la dynamique des négociations et de l’attitude du Gouvernement britannique qui devra probablement accepter certaines concessions par rapport à sa posture de départ s’il souhaite conclure un accord de libre-échange ambitieux avec l’Union européenne.

    L’analyse des statistiques du commerce de la Wallonie avec le Royaume-Uni nous indique les secteurs les plus concernés.

    En 2015, le Royaume-Uni était le 5e marché de la Wallonie.
    Les exportations wallonnes vers le Royaume-Uni s’élevaient (en 2015) à 2 552,88 millions d’euros (+ 4,8 %). Pour les 6 premiers mois 2016, nos exportations ont atteint un total de 1 255,01 millions euros, soit une légère baisse de 3,5 % par rapport à la même période de 2015.

    Les secteurs réalisant les meilleurs scores à l’exportation vers le Royaume-Uni étaient en 2015:
    - Les produits des industries chimiques : 29,9 % du total
    - Les instruments d’optique, de précision : 11,2 %
    - Les matières plastiques et caoutchouc et ouvrages : 10,6 %
    - Les machines et équip. mécaniques, électriques et électroniques : 10,5 %

    En 2015, le Royaume-Uni était le 7e fournisseur de la Wallonie.
    Les importations wallonnes en provenance du Royaume-Uni s’élevaient (en 2015) à 1 059,59 millions d’euros (+21,6 %). Pour les 6 premiers mois 2016, nos importations en provenance du Royaume-Uni ont atteint un total de 555,9 millions euros, soit une hausse de 6,56 % par rapport à la même période de 2015.

    En 2015, les importations en provenance du Royaume-Uni étaient essentiellement le fait des secteurs suivants :
    - Produits des industries chimiques : 23,47 % ;
    - Machines et équipements mécaniques, électriques et électroniques :
    18,92 % ;
    - Matières plastiques et caoutchouc et ouvrages : 14,81 % ;
    - Métaux communs et ouvrages en ces métaux : 12,30 % ;

    La baisse du cours de la livre sterling n’est certes pas favorable à nos exportations, mais il faudra attendre les chiffres complets de 2016 pour juger de l’impact réel du BREXIT.

    En 2015, la balance commerciale de la Wallonie avec le Royaume-Uni présentait un solde positif de 1 493,29 millions d’euros en 2015. Pour les 6 premiers mois 2016, ce solde était également positif pour un montant de 699,13 millions euros.

    L’examen détaillé de la balance commerciale de la Wallonie avec le Royaume-Uni pour l’année 2015 montre que les secteurs ayant les soldes positifs les plus importants sont les suivants :
    Produits des industries chimiques et produits pharmaceutiques ;
    Instruments d’optique, de précision, d’horlogerie ;
    Produits alimentaires, boissons et tabacs ;
    Matières plastiques et caoutchouc ; ouvrages en ces matières ;
    Matériel de transport.

    Leurs montants cumulent à 1 089,26 millions euros sur un total de 1.493.31 Mios d’euros.

    Concernant les mesures prises, outre la participation de l’AWEx au High Level Group sur le Brexit, une task force a par ailleurs été mise en place au sein de la Représentation permanente de la Belgique auprès de l’Union européenne.

    Sous la coordination de diplomates du SPF Affaires étrangères, celle-ci regroupe des représentants du fédéral et des entités fédérées et permet essentiellement d’échanger des informations sur les suites du référendum britannique, notamment pour ce qui concerne la préparation des négociations au niveau européen, les initiatives prises par le fédéral et les entités fédérées, les intérêts belges ou encore l’attitude des délégués britanniques dans les différents groupes de travail du Conseil.

    Au niveau purement wallon, un groupe de travail a été créé avec la volonté d’associer en amont les entreprises concernées. Le Groupe de travail est coprésidé par l’AWEx et par le Conseil wallon de l'Industrie.

    Sa composition n’est pas figée et peut évoluer en fonction des thèmes abordés. Il implique toutefois systématiquement l’Union Wallonne des entreprises (UWE) ainsi que des experts et entreprises emblématiques concernées par le BREXIT, un représentant de la Délégation Wallonie-Bruxelles auprès de l’U.E, la direction Europe occidentale de l’AWEx ainsi que les attachés économiques et commerciaux en poste à Londres et Birmingham, si nécessaire.
    Par ailleurs, l’AWEx a mis en ligne sur son site internet www.AWEx-export.be un « help desk BREXIT » (brexit@AWEx-export.be ). Son objectif : répondre aux questions des entreprises sur l’impact que pourrait avoir le BREXIT sur leurs relations commerciales avec le Royaume-Uni (qu’il s’agisse de leurs clients ou de leurs fournisseurs) et les conseiller dans leurs démarches de prospection et d’accès au marché britannique. Depuis la mise en place du helpdesk AWEx, fort peu d’entreprises se sont manifestées et plus aucune depuis plusieurs mois.

    Néanmoins, l’AWEx et ses représentants à l’étranger restent disponibles pour répondre aux interrogations ponctuelles des entreprises. À l’heure actuelle, les entreprises wallonnes ont recours aux services des postes de l’AWEx à Londres et Birmingham pour des dossiers qualifiés de « classiques » portant essentiellement sur la recherche de distributeurs ou d’importateurs potentiels.

    Toutefois, dans la foulée du discours de la Première Ministre britannique, l’AWEx a jugé opportun de publier une newsletter à l’intention des sociétés wallonnes exportant vers le Royaume-Uni. Cette newsletter est axée sur l’évolution du marché britannique et reprend divers aspects liés à l’actualité souvent chargée relative au BREXIT. Dans cette newsletter, l’AWEx rappelle l’existence de son help desk et qu’elle est à la disposition des entreprises pour répondre à leurs éventuelles questions.