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Les néonicotinoïdes et la lutte intégrée contre les pesticides

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 295 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 21/02/2017
    • de MORREALE Christie
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Lors des auditions sollicitées par les différents groupes politiques afin de faire la lumière sur le dossier complexe des néonicotinoïdes, plusieurs intervenants ont mis l’accent sur l’incompatibilité du traitement des semences de betteraves et les principes de l’IPM.

    Dans sa contribution écrite, la Cellule autonome d’avis en développement durable insiste sur cet aspect, en s’interrogeant sur la pertinence que de consacrer un point à ces molécules dans le programme wallon de réduction des pesticides.

    Alors que le collègue de Monsieur le Ministre en charge de l’Environnement me confirmait que le Gouvernement wallon avait adopté en première lecture la deuxième version du PWRP le 24 novembre dernier et qu’il confirmait son ambition de réduction des risques et des effets de l’utilisation des pesticides sur la santé humaine et l’environnement, je souhaite l'interroger sur les mesures qu'il envisage.

    Comme nous le savons, un aspect important de ce programme de réduction concerne évidemment le principe de la lutte intégrée, son élaboration, la mise en œuvre de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures et de méthodes ou de techniques de substitution en vue de réduire la dépendance à l’égard de l’utilisation des pesticides. Monsieur le Ministre estime-t-il, comme la majorité des intervenants présents jeudi 2 février, que la technique d’enrobage des semences est contraire aux principes de l’IPM ?

    Nous savons que cette technique reste, à l’heure actuelle et en comparaison avec les techniques de pulvérisation, la pratique la moins polluante et la plus efficace. À mes yeux, elle ne devrait pourtant pas être encouragée et nous devrions fournir à nos agriculteurs d’autres solutions, plus respectueuses de l’environnement et de la santé humaine. Dès lors, quelles sont les ambitions de Monsieur le Ministre en la matière ?

    Alors que le plan triennal de recherche agronomique est en cours d’élaboration, ne devrions-nous pas investir massivement dans le développement concret de la lutte intégrée, et ce, dans l’ensemble des cultures wallonnes ?
  • Réponse du 08/03/2017
    • de COLLIN René

    La lutte intégrée constitue une des priorités de la Wallonie en ce qui concerne l’application de produits phytopharmaceutiques. Le premier Programme wallon de réduction des pesticides (PWRP) comportait trois actions spécifiquement dédiées à cette thématique. Un arrêté du Gouvernement wallon a été publié le 9 décembre 2016 (10 novembre 2016 - arrêté du Gouvernement wallon relatif à la lutte intégrée contre les ennemis des cultures) et un arrêté ministériel sera prochainement publié pour préciser les dispositions réglementaires sur la mise en œuvre de la lutte intégrée. Ces textes ont fait l’objet d’une importante concertation avec le secteur.

    Il est important de rappeler que parmi les 22 nouvelles actions du PWRP soumises à enquête, neuf sont consacrées à la lutte intégrée et concernent la formation, le conseil, la sensibilisation et le transfert de connaissance, mais aussi la recherche et l’innovation.

    La mise en œuvre de la lutte intégrée passe aussi par l’amélioration des services d’avertissement et une nouvelle mesure du PWRP implique la création d’un portail web unique, qui rassemblera tous les avertissements de base disponibles.

    La lutte intégrée admet les organismes nuisibles aux cultures comme faisant partie intégrante de l’agrosystème : elle ne vise pas leur éradication, mais plutôt leur maintien sous des seuils de tolérance déterminés par l’expérimentation. Elle n’a recours aux produits phytopharmaceutiques qu’après une prise en considération attentive de toutes les autres méthodes de protection des plantes disponibles, et lorsque ses seuils de tolérance sont dépassés, ou que les modèles prévisionnels indiquent qu’ils le seront, et qu’une telle intervention se justifie du point de vue économique ? Ce principe fondateur de la lutte intégrée voudrait que tout traitement préventif soit exclu et, a fortiori, tout traitement de semences.

    Y a-t-il pour autant incompatibilité absolue entre lutte intégrée et traitement de semences ? Cette technique est, par exemple, employée en lutte biologique ; les semences peuvent être enrobées avec des microorganismes protecteurs pour la culture (O’Callaghan, Swaminathan, Lottmann, Wright, & Jackson, 2006, Seed coating with biocontrol strain Pseudomonas fluorescens F113. New Zealand Plant Protection, 59, 80–85. Retrieved from www.nzpps.org).

    D’un cas à l’autre, le traitement de semences pourrait être, ou ne pas être, admis comme une pratique de lutte intégrée.

    Quant à un financement massif des travaux visant au développement concret de la lutte intégrée dans toutes les cultures, c’est évidemment une excellente idée et c’est bien dans cet objectif que les chercheurs orientent de nombreux travaux. Bien évidemment, le plan triennal de recherche agronomique va dans cette direction.

    Des projets de recherche sont déjà en cours sur le sujet, les chercheurs n’ont pas attendu l’élaboration du plan triennal de recherche pour se lancer ce défi.