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Le bilan du Plan Marshall

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 70 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 23/02/2017
    • de PUGET André-Pierre
    • à MAGNETTE Paul, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Le plan Marshall qui a, aujourd’hui, plus de dix ans n’en est plus à ses balbutiements, mais à l’âge de raison. Or le bilan n’est guère flamboyant. Ce n’est pas seulement moi qui le dis, mais des économistes de renom comme Giuseppe Pagano et Didier Paquot.

    Le PIB wallon par habitant, un des indicateurs intéressants pour juger la situation d’une région, se situait à 89 % de la moyenne européenne en 2003 et est retombé à 86 % de celle-ci en 2014.

    Le taux de chômage est lui de 10,9 %, à peu près est identique à celui de 2003.

    Le constat est d’autant plus cruel lorsqu’il est comparé aux chiffres de la Flandre.

    Comment Monsieur le Ministre-Président analyse-t-il ce bilan de Giuseppe Pagano et de Didier Paquot, à la lumière notamment de son enthousiasme lorsqu'il commente la situation wallonne ? Les plans Marshall sont-ils vraiment la solution ? Envisage-t-il de changer de cap ?
  • Réponse du 17/03/2017
    • de MAGNETTE Paul

    Il importe de rappeler que, sans remettre en cause l’analyse des personnes interrogées sur l’article de presse évoqué, il convient d’éviter de tomber dans le « Wallonie bashing » et de mettre aussi en évidence les éléments positifs de l’évolution wallonne. En effet, ceux-ci ne sont pas le fruit de la « pensée positive », mais constituent bien des éléments tangibles du redressement économique de la Wallonie. Une lecture approfondie de l’article montre d’ailleurs que les experts interrogés reconnaissent les bienfaits du plan Marshall et du choix stratégique porté par le Gouvernement wallon. Il faut donc surtout regretter le titre de l’article.

    Parmi les éléments positifs qui apparaissent aujourd’hui, nous pouvons retenir les indicateurs suivants :
    - après une baisse en début d’année 2016, la confiance des entreprises manufacturières s’est fortement redressée, jusqu’à atteindre des niveaux élevés au début de l’année 2017 ;
    - la confiance des ménages wallons s’est également renforcée à la même époque ;
    - le nombre des demandeurs d’emploi inoccupés en Wallonie poursuit son recul : -3,4 % en janvier, dans une comparaison à un an ;
    - l’évolution des exportations de marchandises à un an d’écart est clairement positive : +4,8 %) ;
    - ou encore, sur la période 2000-2016, le PIB wallon est resté supérieur à la moyenne de la zone euro (1,2 % contre 1,1 %).

    Cela étant, nul ne nie que le chemin vers le redressement est encore long et semé d’embuches pour une petite économie comme la nôtre, largement ouverte sur le monde et qui subit, dès lors, les secousses que connaît l’économie mondiale. Sans anticiper sur le discours sur l’état de la Wallonie qui se tiendra au début mai, on constatera que les indicateurs wallons épousent parfaitement les tendances de la Flandre.

    Comme j’ai déjà eu l’occasion de le mentionner, il est scientifiquement faux et intellectuellement malhonnête de tisser des liens de causalité entre des indicateurs « macro » et des mesures « micro », comme celles du plan Marshall.

    Cela étant, des indicateurs wallons connaissent des évolutions favorables :
    - la réduction des émissions de gaz à effet de serre (36,6 % par rapport à 1990) ;
    - l’intensité de la R&D (2,9 % en 2013 soit un taux supérieur de presque 1 % par rapport à la moyenne européenne) ;
    - la création nette d’entreprises (sur la période 2000-2014, on a ainsi créé 2,8 entreprises pour une disparition) ;
    - ou encore le niveau de diplôme de la population de 25 ans et plus (65 % de la population ont au moins un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur, soit deux fois plus qu’il y a 25 ans).

    Par ailleurs, depuis dix ans, nous assistons à l’achèvement de la mutation industrielle de la Wallonie, avec la fermeture des derniers grands témoins de l’industrie du xxe siècle (Arcelor, Duferco, Caterpillar…), ce qui n’empêche pas la Wallonie de continuer à créer plus d’emplois qu’elle n’en perd et de réduire de manière importante son chômage. Le FOREm montre ainsi qu’il s’agit d’une lame de fond qui dépasse l’effet du changement de législation fédérale.

    Le redressement économique de la Wallonie a toujours été pensé au travers d’une stratégie globale portée par le Gouvernement qui, à travers celle-ci, a identifié des mesures prioritaires : le plan Marshall.

    Le plan Marshall 4.0 n’est pas toute la politique du Gouvernement, ni même toute la politique dédiée aux entreprises. Chaque ministre développe également, en exécution de la DPR, des projets structurants complémentaires. On pense au plan infrastructures, au plan de simplification administrative, au Small Business Act, au CoDT ou aux réformes des aides à l’emploi, à la recherche et à l’expansion économique. Tous ces projets soutiennent aussi l’objectif prioritaire de redéploiement et de création d’emplois.

    Le plan Marshall 4.0 constitue, avant tout, une approche cohérente soutenant une politique industrielle fondée sur l’innovation et la recherche d’une nouvelle dynamique pensée sous le label du « 4.0 ».

    En outre, ces priorités ne sont pas que des priorités gouvernementales. Elles font consensus auprès des acteurs socio-économiques qui ont été associés, dès le départ, à la dynamique et qui sont structurellement intégrés dans la gouvernance du plan, via une task force qui se prononce sur les rapports annuels.

    Nous mettons donc en œuvre un changement de fond de l’économie wallonne dont les effets doivent se faire sentir sur le long terme et sont, par définition, découplés de la contingence économique.

    Après le plan Marshall en 2005 et le plan Marshall 2.vert en 2009, le Gouvernement poursuit, avec le plan Marshall 4.0, des efforts visant à mettre à disposition de l’action publique des outils ambitieux de développement. Voilà pourquoi le plan Marshall constitue toujours le cœur de la stratégie wallonne, parce qu’il vise la racine du problème et répond à celui-ci à la fois en rénovant les secteurs industriels porteurs, en changeant les mentalités et en travaillant sur l’image de la Wallonie.

    Par ailleurs, les premiers succès sont incontestables, reconnus par nombre d’observateurs et mis en évidence au travers d’évaluations indépendantes qui sont toutes disponibles sur le site de l’IWEPS. Dès lors, quand on dispose d’un outil qui fonctionne, il convient de le mobiliser et de l’améliorer en permanence. C’est ce que nous avons fait et c’est ce que nous continuerons de faire, grâce à une gouvernance qui permet l’adaptation en continu, au travers d’indicateurs de réalisation, d’un programme d’évaluation et de rapports périodiques.