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La campagne "40 jours sans viande"

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 319 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 01/03/2017
    • de STOFFELS Edmund
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    La campagne «40 jours sans viande» fait bondir le monde agricole.

    L’année dernière, l’opération avait rassemblé 90 000 participants au nord du pays. Cette année, elle s’étend à Bruxelles et en Wallonie. Les détracteurs de la viande évoquent le dérèglement climatique, une empreinte écologique trop importante… La campagne ne milite cependant pas pour un abandon de la viande dans la consommation, mais prône plutôt une adaptation de sa consommation de manière durable.

    Selon la FWA : "Ces «40 jours sans viande», c’est avant tout «40 jours dans le mensonge. L’élevage consomme trop d’eau, pollue les nappes phréatiques, est producteur de gaz à effet de serre? Ce n’est pas cet élevage qui est pratiqué chez nous", répond la Fédération.

    Monsieur le Ministre estime aussi que ce type de campagne est «excessif. Cela traduit une forme de mépris pour un secteur et pour une profession.» En termes de santé et de diététique, il est conseillé de consommer modérément et régulièrement de la viande.

    Vu la prise de position de Monsieur le Ministre, il me semble utile que la question soit objectivée autant que possible afin de couper l’herbe sous toute tentative de polémique d’où qu’elle vienne. Puis-je donc lui demander de nous informer ce qui différencie l’élevage wallon par rapport à d’autres Régions en ce qui concerne la consommation d’eau, la protection les nappes phréatiques, les émissions de GES… ?

    Une information correcte et exhaustive est probablement plus utile pour expliquer et convaincre que de lancer des polémiques de quelque nature que ce soit.
  • Réponse du 20/03/2017
    • de COLLIN René

    Indépendamment de la liberté de chacun sur ses préférences alimentaires, voire sur ses convictions diététiques, force est de reconnaître que la campagne « 40 jours sans viande » est apparue auprès du public comme une nouvelle charge contre la viande bovine et un encouragement à marginaliser ce produit. Cette campagne est mensongère et surtout simpliste.

    En Wallonie, les prairies occupent 48 % de la surface agricole et la déforestation n’est pas notre réalité. Je rappelle que, dans certaines zones, les prairies sont les seuls moyens de valoriser les terres agricoles.

    Chez nous, 60 à 80 % de la ration d’un bovin est constituée d’herbe. La ration est complétée par du maïs ensilage et des céréales que les éleveurs produisent au niveau de leur exploitation, ainsi que par des coproduits tels que les pulpes de betteraves ou le tourteau de colza disponibles en Wallonie. Ce faisant, l’autonomie alimentaire de l’exploitation peut atteindre les 85-90 %, voire les 100 %. De nombreuses recherches sont en cours aujourd’hui pour accroître cette autonomie alimentaire. C’est vraiment une chose que j’encourage en tant qu’élément de maîtrise des coûts et source de durabilité.

    Des 1.500 litres d’eau nécessaires à la production d’un kilo de viande avancés par les détracteurs, 90 % sont constitués d’eau « verte », à savoir l’eau de pluie qui tombe sur les surfaces agricoles. Les prairies et cultures fourragères sont aussi considérées comme étant irriguées, ce qui n’est pas le cas en Wallonie.

    Enfin, concernant les gaz à effet de serre imputables aux élevages, le Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-w) a mis en évidence dans une récente étude qu’une vache allaitante qui pâture émet 43kilos de méthane par an, soit l’équivalant d’une voiture neuve roulant 10.000kilomètres par an. Il faut préciser que les prairies qui sont associées à ces élevages agissent également comme puits de carbone. Nos prairies wallonnes absorbent 1,6 tonne de carbone par hectare, ce qui compense en grande partie les émissions des ruminants. La Wallonie autorise 5 bovins à l’hectare, mais en moyenne, ils ne sont que 2,5.

    Pour conclure, je souhaiterais rappeler que les agriculteurs wallons ont indiscutablement réduit l’impact de leurs pratiques sur l’environnement et que notre modèle agricole répond à de strictes normes environnementales. Ce qui n’est pas le cas partout dans le monde.