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L'évolution des "smart grids" en Wallonie

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 161 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 06/03/2017
    • de LEAL LOPEZ Clotilde
    • à LACROIX Christophe, Ministre du Budget, de la Fonction publique, de la Simplification administrative et de l'Energie

    Le futur pacte énergétique liant Régions et Fédéral pousse chaque partenaire à une réflexion poussée sur les enjeux actuels et futurs de la gestion énergétique. La fin prochaine du nucléaire, le besoin croissant de développement des énergies renouvelables, sont des paramètres supplémentaires à gérer.

    Un point revient souvent, essentiel. C’est celui de l’intégration des différentes sources énergétiques. La gestion des pics de production ne coïncidant pas toujours avec les pics de consommation.

    Actuellement, ce sont les énergies renouvelables qui sont les victimes d’un réseau électrique ne digérant pas les pics produits par celles-ci. Et il est donc plus facile aujourd’hui de stopper pendant quelques heures un parc éolien que de limiter la production d’énergie polluante. Ce qui, Monsieur le Ministre en conviendra, n’est pas très enthousiasmant pour susciter des investissements et/ou de nouveaux projets, la pleine capacité, et donc la rentabilité de l’outil renouvelable n’étant pas atteinte.

    À ce sujet, les « smart grids » ou « réseaux intelligents » seraient une solution permettant d’intégrer bien mieux ces fameux pics. Où en sont-ils ? Que proposent les Gestionnaires de réseaux de distribution à ce sujet ?

    De même, des incitants ne pourraient-ils voir le jour pour encourager la population à consommer davantage d’électricité au moment des pics de production ?

    Enfin, Monsieur le Ministre avait annoncé ici même en 2014 que les groupes REDI et RéFlex de la CWaPE travaillaient sur le sujet. Ainsi que la création d’un projet GREDOR (Gestion des réseaux électriques de distribution ouverts aux renouvelables) en Wallonie.

    Où sont les fruits de ces différents groupes ? Que préconise-t-il concrètement pour faire avancer positivement la situation ?
  • Réponse du 23/03/2017
    • de LACROIX Christophe

    Les réseaux dits intelligents devraient permettre de solutionner une grande partie des problèmes liés à un taux de pénétration plus important de productions renouvelables décentralisées. De même, ils permettront une meilleure connaissance des flux d’énergie véhiculée, d’identifier les défectuosités et d’effectuer des commandes à distance.

    Les GRD travaillent bien évidemment sur ces réseaux. Par exemple ORES mène un programme « Smart grid » qui vise à identifier les cabines clés de son réseau afin de les équiper de télémesures et de télécommandes. Par ailleurs, les GRD ont également été parties prenantes des différents groupes de travail et projets, REDI, RéFlex, GREDOR abordés dans la question.

    Une des pistes envisagées afin de mobiliser la flexibilité sur le réseau concerne la mise en place d’incitants financiers. Par exemple, une modulation plus dynamique des tarifs permet d’inciter les consommateurs à déplacer le moment où ils consomment. Il s’agit du « Demand side management ». Le projet Linear qui a été mené en Flandre a étudié ces mécanismes et leurs effets sur un panel test. Les enseignements issus de ce projet nourrissent les réflexions menées en Wallonie.

    Par ailleurs, des actions de sensibilisation sont également menées. Ainsi l’APERE a lancé la campagne « Va vers le soleil » en collaboration notamment avec la RTBF. C’est dans ce cadre que La Une, La Prem1ère, Classic 21 et VivaCité relaient l’indice d’électricité solaire. Plusieurs sites web proposent également chaque jour le pic entouré de la tranche-horaire optimale pour valoriser l’électricité solaire, de longueur variable. Cet indice est utile aux prosumers, mais aussi aux citoyens qui ont à cœur de faciliter la gestion du réseau électrique et d’assurer la sécurité d’approvisionnement belge.

    Les recommandations du groupe de travail REDI visaient à proposer au pouvoir politique l’adoption d’un cadre législatif apte à encadrer l’évolution vers des réseaux intelligents, organisées selon trois niveaux :
    * Au niveau stratégique, il était recommandé de statuer et de donner une visibilité suffisante sur les finalités et les objectifs associés à la politique de soutien de l’électricité verte en Wallonie. En effet, la prise en compte de ces informations au plus tôt dans le processus décisionnel des GRD permettra de réaliser les investissements liés au renforcement, à l’extension et à l’adaptation des réseaux de manière optimale.
    * Au niveau de l’organisation du modèle de marché, il était recommandé de préciser les rôles et responsabilités des acteurs du marché de manière à anticiper le changement de paradigme associé à l’évolution vers des réseaux intelligents. Un point d’attention était également porté sur l’encadrement des évolutions technologiques.
    * Enfin, d’un point de vue opérationnel, REDI proposait une vision relative à l’intégration des productions locales.

    C’est suite aux travaux du groupe REDI et à la modification du décret relatif à l’organisation du marché de l’électricité que la CWaPE a lancé le groupe REFLEX. Ce groupe de travail s’est plus particulièrement penché sur la problématique de la flexibilité du réseau : évaluation des volumes d’énergie non produits, valorisation de ces volumes d’énergie, définition d’une méthode pour déterminer si un projet de raccordement de production d’électricité verte est économiquement justifié ou non et la gestion active de la demande.

    Les recommandations de ces deux groupes de travail ont contribué aux modifications décrétales et à l’adoption d’arrêtés du Gouvernement wallon. Ceux-ci permettent notamment de garantir le raccordement de nouvelles installations de productions d’électricité à base d’énergies renouvelables et encadrent tant la flexibilité qui leur est demandée que les éventuelles nécessaires adaptations du réseau.

    Pour sa part, le projet GREDOR avait pour objectif de concevoir une chaîne de décision complète de gestion des réseaux électriques de distribution en tenant compte des interactions entre toutes les parties prenantes. Cette chaîne de décision choisit les investissements, continue avec le planning opérationnel et va jusqu’à la gestion journalière. Le but est d’optimiser les coûts globaux des réseaux pour favoriser l’intégration des sources d’énergie renouvelable qui sont sporadiques et dispersées.

    Le projet s’est terminé le 31 décembre 2016. Une présentation finale a eu lieu le 16 janvier 2017 à l’ULg, coordinateur du projet. Les chercheurs ont proposé plusieurs modèles d’interaction entre partenaires permettant de proposer des business models, ont construits des outils de choix d’investissement et de planning opérationnel ainsi qu’un outil de gestion en temps réel qui a été testé sur une poche d’un GRD.