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Le taux d'emploi des femmes en Wallonie

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 200 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 08/03/2017
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Un article de presse récent nous donne l'information suivante : le taux d’emploi des femmes wallonnes est de 57,2 %. En Flandre, il est de 68,2%. Des taux qui n’ont bougé que de 1 à 2 % depuis huit ans. C’est dans le Hainaut que le taux d’emploi au féminin est le moins élevé (54,2 %). Le taux d’emploi des femmes a, certes, progressé depuis 2008, mais il stagne depuis trois ans en Wallonie.

    Sur quelles bases ces statistiques ont-elles été élaborées ? Les données sont-elles confirmées par les services de Madame la Ministre ?

    Durant les années de crise, le taux d’emploi des femmes a plus fortement progressé que celui des hommes, mais il lui reste inférieur, explique le Ministre fédéral de l’Emploi. Toutes les mesures visant à accroître le taux d’emploi - réforme fiscale, modération salariale, mesures dans le cadre du travail faisable et maniable, etc. - sont relativement plus avantageuses pour les groupes les moins représentés sur le marché du travail, et donc les femmes. Confirme-t-elle les propos de sa collègue fédéral ?

    Les taux actuels doivent-ils nous inquiéter si on les compare à l’objectif fixé par la stratégie européenne visant, en 2020, un taux d’emploi de plus de 73 % dans notre pays ?

    L’accessibilité des femmes à un emploi stable, gage de leurs droits et de leur autonomie, doit rester une priorité.

    Dès lors, comment de telles différences du taux d’emploi des femmes entre les différentes provinces wallonnes peuvent-elles être expliquées ?

    Comment la réforme des aides à l’emploi en Wallonie intègre-t-elle cette dimension de manière prospective ?

    Des différences significatives en matière de politique d’emploi par zone de résidence sont-elles clairement identifiées ?
  • Réponse du 12/04/2017
    • de TILLIEUX Eliane

    Les chiffres communiqués dans la presse ces derniers jours sont les chiffres officiels établis par le SPF Emploi, Travail et Concertation sociale, sur la base de l’Enquête sur les Forces de Travail (EFT) réalisée par le SPF Économie.

    Selon cette Enquête sur les Forces de Travail, le taux d’emploi des femmes s’accroît en Wallonie (passant de 55,4 % en 2008 à 57,2 % en 2015).

    Les différences de taux d’emploi entre les régions sont quant à elles liées au contexte économique et non pas au genre.

    Si le travail s’est féminisé ces dernières années, le taux d’emploi des hommes reste toutefois plus important (65,9 % en Wallonie).

    Divers facteurs peuvent en partie expliquer les évolutions par genre.
    D’une part, la crise économique débutée fin 2008 a, dans un premier temps, touché essentiellement des secteurs employant une majorité d’hommes (par exemple la métallurgie, la construction, le secteur automobile, etc.). D’autre part, durant cette même période, le système des titres-services a permis de soutenir la hausse de l’emploi féminin. On observe également que de plus en plus de femmes sont actives ou redeviennent actives sur le marché de l’emploi (par exemple, après un retrait lié à la problématique de la garde des enfants).

    Dans le cadre de la stratégie Europe 2020, la Belgique s’est engagée à atteindre, d’ici 2020 et à travers toute une série de réformes, un taux d’emploi de 73,2 % auprès des personnes âgées de 20 à 64 ans (75 % au sein de l’Union européenne). Force est de constater que cet objectif est ambitieux au regard des chiffres actuels.

    La Wallonie participe aux efforts qui sont réalisés pour répondre aux objectifs nationaux en s’appuyant notamment sur les mesures du PM4.0.

    Ces mesures sont en outre renforcées par les engagements conjoints des partenaires sociaux et du Gouvernement wallon actés dans le Pacte pour l’emploi et la Formation visant la croissance, au travers du contrat d’insertion, de la réorganisation des aides à l’emploi et des incitants financiers à la formation continue des travailleurs ou encore du développement d’un dispositif unique et multipartenarial d’orientation tout au long de la vie et de la filière de la formation en alternance. Chacun de ces enjeux soutient, entre autres, une dynamique d’égalité homme/femme.

    Concernant plus particulièrement la réforme des aides à l’emploi, si le public féminin ne constitue pas à proprement parler un « groupe cible », il est statistiquement plus représenté dans les groupes cibles, en particulier en ce qui concerne les demandeurs d’emploi de longue durée. Par ailleurs, certains dispositifs favorisant l’intégration des femmes sur le marché du travail ont été maintenus suite au transfert des compétences induit par la sixième réforme de l’État.

    C’est le cas de :
    - la réduction de cotisations sociales pour les gardien(ne)s d’enfants ;
    - et du complément de garde d’enfant : le parent isolé avec enfant(s) à charge, qui est chômeur complet indemnisé depuis au moins 3 mois et qui reprend le travail comme travailleur ou qui s'établit comme indépendant à titre principal, peut percevoir un complément de garde d'enfants pendant 12 mois.

    Par ailleurs, toujours sur le plan des aides à l’emploi, plus de 1.300 ETP APE sont occupés dans le secteur de l’accueil de l’enfance et financés par le Plan Marshall, partout en Wallonie. Outre le fait que le secteur de l’accueil de l’enfance emploie une importante majorité de femmes, il convient de rappeler que l’objectif est de favoriser l’insertion socioprofessionnelle des jeunes parents en levant l’obstacle de la garde des enfants. Or cette problématique de la garde d’enfants est clairement identifiée comme l’un des principaux obstacles à l’emploi pour les femmes.

    La réforme des aides visant, entre autres objectifs, la simplification du mécanisme des aides APE permettra de stabiliser ces emplois essentiellement féminins, dans le secteur de l’accueil des enfants comme dans celui de l’Aide aux familles où les emplois APE sont nombreux.

    Au niveau du FOREm et de la gestion des offres d’emploi, toutes les offres diffusées ciblent systématiquement les deux sexes. Ces offres déposées sur le site du FOREm font l’objet de contrôles permanents en ce qui concerne le respect des réglementations. Le FOREm se réserve le droit de ne pas diffuser une offre d’emploi ou de mettre fin à une diffusion, s’il est amené à constater le non-respect de principes légaux. Les partenaires du FOREm avec lesquels des flux automatisés d’envoi d’offres d’emploi sont mis en œuvre s’engagent, au travers des conventions signées par les parties, à respecter ces principes.

    Les agents du FOREm sont aussi sensibilisés à la thématique de l’égalité des chances et à la législation en vigueur en vue de conseiller efficacement les entreprises.

    Les demandeurs d’emploi qui contactent les entreprises suite à une offre diffusée par un des canaux du FOREm ont la faculté de saisir les services du FOREm pour mentionner les éventuels abus dont ils seraient l’objet. Les demandeurs d’emploi qui expriment être victimes d’une forme de discrimination sont conseillés et, le cas échéant, relayés vers les opérateurs adéquats, tels qu’UNIA ou l’Institut pour l’égalité des Femmes et des Hommes. Dans le cadre de la gestion des réclamations, le FOREm n’a reçu qu’une seule plainte (courant 2015) pour discrimination à l’embauche sur la base du sexe.

    Par ailleurs, en termes d’initiatives et à titre exemplatif, pour faciliter l’accès des femmes à la formation professionnelle, certaines formations sont développées en ligne. Ainsi, le Centre de compétence Technofutur TIC à Gosselies enregistre une participation de plus de 50 % de femmes à son offre de formations en ligne, quand elle reste inférieure à 20 % dans son offre en présentiel.

    Rappelons également qu’un des objectifs du Plan Gender est de favoriser l’insertion professionnelle des femmes et des hommes dans les métiers porteurs. Le FOREm et l’IFAPME travaillent à l’adaptation de leur communication relative aux formations liées aux métiers porteurs dans lesquels les femmes ou les hommes sont sous-représentés.

    La lutte contre les discriminations doit se mener sur tous les fronts : l’orientation, la formation initiale, la formation continue, l’amélioration des conditions de travail, mais également la mise en place d’une politique cohérente et intégrée d’information auprès de tous les acteurs du secteur.

    « Sensibiliser, informer, éduquer » doit être le credo de tous les acteurs du marché de l’emploi. C’est dans cette dynamique que s’inscrit le Consortium « Diversité » regroupant le FOREm, HEC-Ulg, le CRIPEL avec les deux ASBL CEPAG (Centre d’éducation populaire André Genot) et FEC (Formation Éducation et Culture) relevant de la FGTB et de la CSC, dont une des missions est de sensibiliser les entreprises et les organisations à la gestion de la diversité des ressources humaines comme source de croissance.

    Enfin, un budget annuel est consacré au financement des Coordinations provinciales « égalité des chances », dans le cadre du volet relatif à la promotion de l’égalité des femmes et des hommes sur le plan socioéconomique. Un protocole d’accord assurant la continuité du financement vient d’ailleurs d’être soumis, à mon initiative et à celle de mon Collègue en charge de l’Égalité des Chances, au Gouvernement wallon, le 9 mars dernier.

    Les futurs plans de travail du Consortium Diversité et des Coordinations provinciales égalité hommes/femmes (dont la part de financement en provenance de l’autorité fédérale a été supprimée, l’accord de coopération ayant été dénoncé par la Secrétaire d’État en charge de l’Égalité des chances) sont donc en phase de développement, tant la volonté est grande de redynamiser ces organes et de renforcer leurs impacts positifs notamment sur le plan socio-économique.

    En conclusion, je tiens à rappeler que la lutte contre les discriminations figure au plus haut rang de mes priorités en tant que Ministre de l’Emploi et de la Formation.