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La raréfaction des abeilles

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 352 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 09/03/2017
    • de DOCK Magali
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Les abeilles ont un rôle essentiel dans notre écosystème. Elles sont par exemple nécessaires à la production de fruits. Or, celle-ci est dépendante des variations du climat et cela peut poser des problèmes.

    En effet, un froid inattendu au printemps, par exemple, peut empêcher nos abeilles de sortir polliniser nos fleurs et conséquemment nos fruits prendront du retard. Si l’on ajoute à cela, des problématiques d’ordre international comme l’actuel embargo russe, Monsieur le Ministre peut aisément imaginer les dégâts pour nos fruiticulteurs. En effet, le prix de nos fruits augmenterait et nos citoyens risqueraient de s’en détourner.

    Pour pallier à ces effets, l’utilisation de drones pollinisateurs comme ceux récemment développés par des chercheurs pourraient être une solution d’appui intéressante. Bien entendu, leur capacité est encore bien moindre que celles de nos abeilles, et mon idée n’est nullement de remplacer les abeilles qui se raréfient sur notre planète. Néanmoins, observer de telles ouvertures dès leurs prémisses est essentiel pour anticiper les problématiques futures.

    Comment envisage-t-il ces développements technologiques  ?

    Quelles autres solutions prône-t-il ou scrute-t-il pour résoudre ce type de problème  ?

    À quel point le problème du manque d’abeilles est-il sérieux en Wallonie  ?

    Quelles sont les tendances sur leur population dans les années à venir  ?
  • Réponse du 29/03/2017
    • de COLLIN René

    Les drones constituent incontestablement un outil d’avenir dans de multiples secteurs. À ce titre, j’accorde beaucoup d’attention aux développements en cours. Le Centre wallon de Recherches Agronomiques (CRA-W), Unité Systèmes agraires, Territoire et Technologies de l'Information, suit de près les évolutions de la technologie des drones et en évalue toutes les utilisations potentiellement porteuses de progrès. Cependant, dans le domaine de la pollinisation, leur utilité future semble, à ce jour, très limitée. La pollinisation entomophile telle qu’on la connaît dans sa diversité et sa beauté résulte d’un processus évolutif naturel long et complexe.

    Les hyménoptères en général et les abeilles mellifères en particulier sont les pollinisateurs les plus efficaces, ne fût-ce que par leur nombre. La plupart sont en déclin. Les remplacer par des drones n’est actuellement pas envisageable, sauf peut-être pour quelques cultures à haute valeur ajoutée. En Wallonie, rien que pour l’abeille mellifère, ce ne sont pas moins de 2,5 milliards d’individus qui butinent nos fleurs chaque année.

    Une solution pourrait être de sélectionner des plantes autogames, c'est-à-dire capables de s’autoféconder et donc de se passer des insectes pour donner des fruits. C’est déjà le cas pour certaines variétés de colza. Cependant, il a été constaté que ces variétés peuvent être moins attractives pour les abeilles ce qui diminue d’autant les ressources nutritives à disposition des insectes pollinisateurs, une des causes de leur déclin. C’est donc un cercle vicieux.

    Je prône l’amélioration des connaissances des causes relatives au déclin des insectes pollinisateurs et la recherche de solution à ces problèmes. Cette régression est d’ordre multifactoriel et, bien que de nombreuses équipes de chercheurs à travers le monde y travaillent depuis au moins deux décennies avec des moyens importants, elle demeure inexplicable. Une mutualisation des efforts doit être mise en œuvre, ce que tente de faire l’Union européenne depuis 2-3 ans. La Wallonie prend part à ces recherches, d’une part via le Programme européen de soutien à l‘apiculture porté en Wallonie par le CARI et d’autre part à travers une nouvelle collaboration entre le CRA-W et le CARI, mise en place au sein d’une nouvelle structure appelée « Bee Wallonie ».

    Un manque d’abeilles en Wallonie ne se fait actuellement pas sentir. Les productions visées, à savoir les cultures oléoprotéagineuses et les productions fruitières ne semblent pas souffrir d’un déficit de pollinisation. Il faut dire que, malgré des pertes de colonies d’abeilles mellifères parfois conséquentes certaines années, les apiculteurs arrivent bon an mal an à reconstituer leur cheptel.

    Je suis optimiste dans la capacité de résilience de nos apiculteurs. Je soutiens par ailleurs une formation apicole de qualité, qui devrait déboucher sur de futurs apiculteurs de mieux en mieux armés pour faire face aux défis d’une apiculture de plus en plus mouvante.