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Les substances présentes dans les eaux potabilisables

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 610 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 21/03/2017
    • de TROTTA Graziana
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports et du Bien-être animal

    Dans notre région, les eaux potabilisables (c'est-à-dire toutes eaux souterraines ou de surface qui, naturellement ou après un traitement approprié physico-chimique ou microbiologique, sont destinées à être distribuées pour être bues sans danger pour la santé, selon la définition du Code de l'eau) subissent des contrôles réguliers et pointus.

    Ces dernières années, deux études particulières ont été menées avec le soutien du Gouvernement wallon, afin d'analyser la présence de substances dites émergentes (certaines molécules médicamenteuses, certains pesticides, herbicides, etc.) dans ces eaux.

    L'étude IMHOTEP (Inventaire des matières hormonales et organiques en traces dans les eaux patrimoniales et potabilisables), lancée début 2013, devait analyser quelque 1500 échantillons d'eaux souterraines, de pluie, de ruissellement, de surface et d'eaux traitées en sortie de stations d'épuration.

    Une autre étude, lancée début 2014 et baptisée BIODIEN, devait examiner plus particulièrement les perturbateurs endocriniens, qui regroupent une très grande famille de composés capables d'interagir avec le système hormonal, et notamment avec notre métabolisme ou les fonctions reproductrices.

    Ces études sont terminées depuis plusieurs mois, mais lorsque j'interrogeais Monsieur le Ministre en juillet 2016, ce dernier ne disposait pas encore des conclusions définitives. Monsieur le Ministre dispose-t-il des résultats validés par le laboratoire de la SWDE pour l'ensemble des prélèvements ?

    Quelles sont les conclusions de ces études concernant les substances analysées ?

    Un quelconque risque pour la santé humaine a-t-il été mis en évidence, et dans l'affirmative quel est le niveau de ce risque ?

    Sur quelles recommandations ont débouché ces études ?

    Et quelles mesures ont été prises en conséquence ?

    Toujours s'agissant de la qualité des eaux wallonnes, un projet franco-belge dénommé DIADeM (Développement d'une approche intégrée pour le diagnostic de la qualité des eaux de la Meuse) impliquant de nombreux opérateurs (dont la SWDE, la SPGE, des Universités ou Contrats de Rivière) a été lancé avec pour objectif l'amélioration du diagnostic et du suivi de la qualité chimique des masses d'eau interrégionales de l'axe Meuse (amont de Sedan à Namur) et de deux affluents (Semois et Haute-Sambre).

    Le projet DIADeM va-t-il également analyser les substances émergentes ?

    Le Gouvernement wallon participe-t-il au financement de celui-ci et si oui, à quelle hauteur ?
  • Réponse du 12/04/2017
    • de DI ANTONIO Carlo

    Les études IMHOTEP et BIODIEN ne sont pas encore terminées, car la campagne d’analyses sur les eaux traitées en sortie des stations, reportée en fin de projet, est toujours en cours.

    En attendant les résultats définitifs, un premier constat est que les résidus pharmaceutiques (IMHOTEP, portant sur 294 échantillons d’eau potabilisable dont 27 d’eau de surface), sont peu présents dans nos eaux de surface et souterraines : seules 4 des 48 molécules étudiées ont été détectées (seuil de détection) dans plus de 20 % des analyses : il s’agit de l’anti épileptique carbamazépine, l’antibiotique sulfaméthoxazole, le diurétique hydrochlorothiazide et de l’analgésique paracétamol. Les niveaux de concentration quantifiés sont en général plus élevés dans les eaux d’origine superficielle que dans l’eau souterraine, mais ne dépassent qu’exceptionnellement la valeur de 0,1 µg/L (norme des pesticides).

    En ce qui concerne l’hormone contraceptive (EE2), elle n’a été retrouvée qu’en Meuse à Profondeville et la station de traitement de l’eau de TAILFER permet bien de l’éliminer. Sur base de ce premier constat, l’exposition des eaux potabilisables aux résidus de médicaments n’atteint pas des niveaux susceptibles de poser un risque pour la santé humaine.

    En ce qui concerne les perturbateurs endocriniens autres que les hormones (BIODIEN, portant sur 110 échantillons d’eau potabilisable, dont 12 d’eau de surface), quelques substances suspectées ont été très sporadiquement retrouvées au-delà de 0,01 µg/L parmi la liste de 85 substances ciblées. Il s’agit notamment de certains insecticides et des composés perfluorés (base des revêtements antiadhésifs), quantifiés en particulier dans les eaux de surface qui, il faut le rappeler, font l’objet d’un traitement d’eau poussé.
    L’analyse des rejets de station d’épuration permettra de déterminer si des mesures sont à réclamer vis-à-vis de la mise sur le marché de telles substances.

    Concernant le projet DIADeM, 5 résidus de médicaments ont été choisis, parmi les substances les plus quantifiées dans les eaux de surface au cours du projet IMHOTEP, en vue de tester leur effet sur 5 espèces aquatiques représentatives du bassin de la Meuse amont.
    La Wallonie participe au financement de ce projet INTERREG pour les travaux des opérateurs wallons (U-Namur, ULg-campus Arlon, SWDE et CER-groupe) avec une contribution d’environ 400.000 euros.