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L'abattage dans le pré

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 655 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 28/03/2017
    • de PREVOT Patrick
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports et du Bien-être animal

    La presse a récemment fait écho de cet agriculteur wallon ayant tué lui-même une de ses bêtes en prétextant qu’elle était blessée. En effectuant ce tir au pré, l’éleveur en question souhaitait condamner les pratiques que l’on retrouve dans certains abattoirs traditionnels et valoriser une manière d’abattre plus douce pour les bêtes.

    De nombreux végétariens estiment par ailleurs que leur engagement vient d’abord des questionnements liés au respect du bien-être animal lors des abattages que du respect de la vie animale en tant que telle.

    L’enjeu de l’abattage respectueux dépasse de loin le simple cadre du bien-être animal. Aujourd’hui, l’abattage à la ferme, soit le tir au pré, n’est pas autorisé en Belgique. Tout éleveur qui y adhère risque des sanctions pénales.

    Dans une précédente question parlementaire, Monsieur le Ministre m’indiquait être en train d’analyser les conclusions du rapport de la Commission parlementaire française, notamment à l’égard de la vidéo-surveillance dans les abattoirs.

    En tant que Ministre du Bien-être animal, quelle est sa position sur le tir au pré ?

    A-t-il pu analyser les conclusions du rapport français ?

    La question de la vidéo-surveillance a-t-elle retenu son attention ?

    D’autres conclusions dudit rapport pourraient-elles voir le jour en Wallonie ?
  • Réponse du 13/04/2017
    • de DI ANTONIO Carlo

    Les avis convergent pour dire que la mise à mort des bovins par la technique du tir au pré augmente le bien-être des animaux abattus par rapport à l’abattage classique au sein d’un abattoir, car cela évite le transport de l’animal qui un gros facteur de stress, de même que le fait de quitter un endroit connu de l’animal.

    Il existe cependant des freins à la pratique immédiate de ce type d’abattage, à savoir :
    - la législation européenne pour le bien-être des animaux ne prévoit pas d’utiliser cette technique pour les bovins bien qu’elle ouvre des possibilités au niveau national sur le sujet. Ainsi, l’Allemagne a déjà prévu la possibilité dans son arsenal législatif de déroger à l’obligation d’abattage des bovins dans un abattoir et pratique la mise à mort par le tir au pré ;
    - les normes sanitaires fédérales qui imposent certaines contraintes dans le but de garantir la sécurité des consommateurs. Il s’agit de :
    * l’indispensable présence d’un vétérinaire qui assure l’expertise ante-mortem ;
    * la prise en charge du bovin tué dans des conditions sanitaires irréprochables pour la viande ;
    * une attention particulière pour la gestion des déchets tels que le sang.

    Il existe donc deux possibilités :
    - soit la carcasse est transportée vers un abattoir fixe ce qui demande une réelle coordination avec l’abattoir ;
    - soit elle est prise en charge par une unité d’abattage mobile agréé par l’AFSCA se trouvant à proximité, ce qui n’existe pas encore en Wallonie.

    Au vu de ces éléments, la possibilité d’utiliser cette technique pour les éleveurs wallons de bovins sera insérée dans le futur code du bien-être animal, ce qui lèvera le premier écueil. Une concertation pourra ensuite se mettre en place entre le secteur et l’AFSCA pour envisager les possibilités de développer ce type d’abattage en Wallonie tout en garantissant l’aspect sanitaire et de traçabilité qu’est en droit d’attendre le consommateur.

    Le rapport de la Commission d’enquête menée en France l’année passée a effectivement été suivi avec intérêt, de même que la proposition de loi relative au respect de l’animal en abattoir qui en a découlé et qui est d’ailleurs maintenant adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale française.

    Des discussions sont en cours avec la Fédération belge de la Viande (Febev) afin de mettre en place, en Wallonie, de la vidéosurveillance au sein des parties de l’abattoir dans lesquelles les animaux sont encore vivants. Bien que la vidéosurveillance ne puisse remplacer le contrôle physique d’un vétérinaire dans les abattoirs, elle peut néanmoins renforcer efficacement le système de contrôle.


    Les conclusions du rapport de la Commission d’enquête française ont également mis en évidence le fait que le respect du bien-être animal dans les abattoirs passe par une formation de qualité pour le personnel. Un encadrement officiel pour des formations de qualité s’adressant aux personnes en contact avec les animaux au sein des abattoirs est essentiel. Les cadences et la répétition des gestes ont, à la longue, une influence sur la manière d’interagir avec les animaux, c’est pourquoi la rotation du personnel aux différents postes au sein de l’abattoir, lorsqu’il s’agit d’établissement d’une certaine taille, parait pertinente.