/

Les compteurs "intelligents"

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 202 (2016-2017) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 28/03/2017
    • de TROTTA Graziana
    • à LACROIX Christophe, Ministre du Budget, de la Fonction publique, de la Simplification administrative et de l'Energie

    Le Gouvernement wallon n'a jusqu'à présent pas encore arrêté de stratégie pour le déploiement des compteurs « intelligents » ou, comme Monsieur le Ministre préfère les appeler, « communicants », dans la mesure où ils permettent la communication à distance et ne sont en rien similaires à des technologies du type domotique.

    Toutefois, selon Monsieur le Ministre (réponse à la question écrite n°125 – 22 février 2017), les fabricants de compteurs se préparent grandement à ce déploiement. En effet, ceux-ci ont déjà annoncé leur intention de ne plus produire les compteurs classiques et les compteurs à budget à court terme, voire en ont déjà stoppé la production.

    Une question centrale est : « la technologie actuelle est-elle suffisamment fiable pour permettre ce déploiement à court terme ? »

    De récents résultats d'une étude néerlandaise (https://www.utwente.nl/en/news/!/2017/3/313543/electronic-energy-meters-false-readings-almost-six-times-higher-than-actual-energy-consumption) menée par l'université de Twente remettent en cause la fiabilité de ces compteurs « communicants » et s'avèrent particulièrement interpellants, car ils peuvent impacter de manière négative et significative la facture des ménages.

    Cette étude néerlandaise a testé pendant six mois 9 compteurs digitaux représentatifs des compteurs intelligents déployés aux Pays-Bas, certifiés et répondant à toutes les prescriptions légales. 5 d'entre eux indiquaient une consommation électrique beaucoup plus élevée que la quantité d'électricité réellement consommée (jusqu'à 582 % supplémentaires !), tandis que 2 compteurs ont transmis des mesures inférieures de 30 % à la quantité consommée.

    Les chercheurs ont observé que les plus grandes déviations ont lieu quand des dimmers combinés à des lampes économiques et des lampes LED étaient connectés au système. Concrètement, ces technologies impliquent que l'électricité consommée n'a plus la forme d'une onde sinusoïdale classique, mais prennent des formes erratiques. Les compteurs avec capteur à boucle de Rogowski surestiment alors la consommation, et ceux avec capteur à effet Hall la sous-estiment.

    ORES a choisi de travailler avec le compteur français Linky. Mais si je ne me trompe, ce type de compteur utilise le même principe de comptage - l'effet Hall - que certains des compteurs testés par l'université de Twente et qui avaient, au cours de l'étude, sous-estimé la consommation électrique réelle. Suite à cette étude, ORES a interpellé Enedis, le concepteur de Linky.
    De son côté, par la voie de son directeur de la communication, l'opérateur bruxellois Sibelga a indiqué « qu'il est connu que les compteurs intelligents ont du mal à mesurer les LED, mais vu leur poids dans la consommation totale, cela ne peut conduire qu'à des déviations de quelques pourcents ». Ces propos m'interpellent particulièrement, car l'étude néerlandaise a révélé une différence pouvant atteindre 582 %, et par ailleurs les LED prendront toujours plus d'importance dans l'équipement des ménages. La facture d'électricité des ménages ne peut souffrir d'approximations.

    Je demande donc à Monsieur le Ministre la plus grande prudence par rapport au déploiement des compteurs communicants.

    En septembre 2016, le Parlement wallon a adopté une résolution relative à l'encadrement du déploiement des compteurs communicants en Wallonie (http://nautilus.parlement-wallon.be/Archives/2016_2017/RES/456_5.pdf).
    Monsieur le Ministre peut-il, dans un premier temps, m'indiquer les suites qui ont été données par le Gouvernement à cette résolution ?

    Considérant l'étude néerlandaise, quelles sont la position de Monsieur le Ministre et celle du Gouvernement wallon eu égard à ce déploiement ?

    Une concertation avec le secteur, les opérateurs et les fabricants va-t-elle avoir lieu pour examiner la question de la fiabilité des compteurs « communicants » ?

    Va-t-il prendre des initiatives dans ce dossier à la suite des tests réalisés par l'université néerlandaise, et si oui lesquelles ?
  • Réponse du 18/04/2017
    • de LACROIX Christophe

    Conformément à la résolution adoptée par le Parlement wallon, une actualisation de l’étude portant « sur la mise en œuvre des compteurs intelligents, leurs fonctionnalités ainsi que leurs coûts et bénéfices en Wallonie pour les acteurs du secteur de l’énergie et la société » a été lancée. Les travaux sont menés par la CWaPE. Ils ont débuté en novembre 2016 et les résultats sont attendus pour la fin juin 2017.

    Il s’agit là d’un préalable dont les conclusions orienteront le potentiel déploiement des compteurs communicants.

    Par ailleurs, un projet pilote nommé « Smart Users » a été lancé. Celui-ci est mené par Ores et l’Université de Mons. Son objectif est de pouvoir identifier comment les compteurs intelligents peuvent rencontrer les attentes spécifiques des consommateurs précarisés et contribuer à la politique énergétique sociale de la Wallonie.

    D’un point de vue technique, seul Ores a pour le moment arrêté le type de compteurs qu’il devrait installer. Suite à l’étude néerlandaise, ils ont demandé à Enedis de leur apporter les garanties de fiabilité des compteurs Linky, ce qui a été fait.

    Il va de soi qu’avant tout déploiement de compteurs communicants, les gestionnaires de réseaux devront apporter la preuve que les appareils utilisés satisfont au règlement technique et, notamment, aux dispositions relatives aux installations de mesure.

    L’étude menée par l’université de Twente a mis en lumière les potentiels problèmes de ces nouveaux compteurs et, plus particulièrement, de ces compteurs en combinaison avec certains types d’appareils. Les compteurs qui seront installés sur notre territoire devront donc apporter les garanties suffisantes quant au fait qu’ils ne souffrent pas des mêmes problèmes.

    Enfin, tel que le règlement technique le prévoit déjà actuellement, c’est le gestionnaire de réseau de distribution qui est responsable de la qualité et de la fiabilité des mesures. Au vu des contacts réguliers qui ont lieu sur ce dossier, il ne nous semble pour le moment pas nécessaire de réaliser une concertation telle que proposée dans la question.