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Lignes à haute tension - Cas de leucémie.

  • Session : 2004-2005
  • Année : 2005
  • N° : 113 (2004-2005) 1

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  • Question écrite du 14/07/2005
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à ANTOINE André, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial

    Une nouvelle étude anglaise vient d'établir un lien entre les cas de leucémie chez les jeunes enfants et la proximité d'une ligne à haute tension.

    Si, selon cette étude, il existe bien une corrélation entre la présence à proximité de telles lignes électriques et les cas de leucémie, sur le plan statistique l'auteur n'est cependant pas en mesure d'établir un lien de cause à effet entre les deux phénomènes.

    Monsieur le Ministre a-t-il également pris connaissance de cette étude anglaise ? Envisage-t-il de demander une étude similaire pour ce qui concerne la Région wallonne ? Des contacts ont-ils été pris à ce sujet avec les distributeurs d'électricité ?
  • Réponse du 14/09/2005
    • de ANTOINE André
    Voici les éléments que je peux apporter en réponse à la question écrite de l'Honorable membre.

    La question que vous posez relève très largement de la politique de santé publique, pour laquelle l'Etat fédéral garde de nombreuses compétences (en matière des normes applicables, notamment, et pour les réseaux électriques dont la tension est supérieure à 70.000 volts), ainsi que certains de mes collègues au niveau régional. Je vous invite donc à répercuter également votre question à ces diverses instances, si vous souhaitez compléter davantage votre information.

    Cependant, je me sens bien sûr concerné par le problème que vous soulevez, en ma qualité de Ministre en charge de l'Energie et de l'Aménagement du territoire au sein du Gouvernement wallon, et compte tenu de l'existence, sur notre territoire, des réseaux de lignes et câbles électriques qui sont à l'origine des champs électro-magnétiques.

    Les résultats de l'étude à laquelle vous faites allusion, menée par G. Draper, T. Vincent, M. Kroll et J. Swanson , ont été publiés dans le vol. 330 ( p. 1290 ) du 4 juin 2005 du British Medical Journal.

    D'une manière générale, la relation entre la dose, d'une nuisance chimique ou physique, reçue par un être humain et les effets induits sur sa santé peut s'évaluer à l'aide de deux grandes approches différentes :


    o une approche que l'on pourrait qualifier de " théorique " et qui fait appel à la connaissance scientifique précise des mécanismes physiques, chimiques et biologiques par lesquels la nuisance en question perturbe le fonctionnement cellulaire et/ou organique du corps humain;
    o une approche " épidémiologique " qui consiste à comparer deux populations d'individus, l'une soumise à l'influence de la nuisance considérée et l'autre qui ne lui est pas soumise et à tirer, à partir de cette comparaison, des corrélations statistiques et, si possible, des relations de cause à effet.

    Dans le cas des champs électro-magnétiques induits par les lignes électriques, l'approche théorique n'est guère possible, compte tenu de l'état actuel des connaissances scientifiques et médicales. Ceci est la raison pour laquelle il est régulièrement fait appel à des études épidémiologiques pour tenter de trouver une éventuelle relation de cause à effet entre la présence des champs en question et l'augmentation de la fréquence d'apparition de l'une ou l'autre forme de maladie dans des groupes déterminés de population.

    Les travaux de G. Draper et al. constituent l'une, parmi beaucoup d'autres, de ces études.

    J'observe que, comme toujours en pareil cas, les chercheurs restent prudents face aux résultats de cette étude et que, n'ayant pas d'explication biologique des phénomènes invoqués, la corrélation observée n'est pas forcément causale. Il est vrai que les études épidémiologiques sont, d'une manière générale, très délicates à mener, que leurs résultats sont d'autant plus significatifs qu'elles concernent un grand nombre d'individus observés et que les difficultés majeures auxquelles elles sont confrontées sont, d'une part, de s'assurer que l'effet observé est réellement et uniquement dû à la nuisance qui est supposé en être à l'origine et, d'autre part, de mesurer l'intensité de la nuisance par rapport au " bruit de fond " des nombreuses nuisances auxquelles l'environnement nous soumet en permanence.

    Bref, on se trouve manifestement ici dans un domaine de spécialisation extrêmement pointue et je voudrais profiter de cette occasion pour vous signaler l'existence, en Belgique, du Belgian BioElectroMagnetic Group (BBEMG - site web www.bbemg.ulg.ac.be) qui regroupe des équipes de recherche dans 8 universités et institutions belges et qui se consacre à l'étude de cette problématique et à tout ce qui se fait ou se dit dans le monde scientifique sur le sujet.

    De même, le gestionnaire de réseau de transport belge, ELIA, a créé un groupe de travail pluridisciplinaire, dont l'objectif est d'étudier la problématique des champs magnétiques de fréquence extrêmement basse et a élaboré une politique visant à minimiser les nuisances liées aux champs électromagnétiques dans le développement de son réseau.

    Pour terminer, je me dois également de mentionner que, dans notre pays, l'exposition de la population aux champs électriques et magnétiques est soumise à des normes (pour les champs électriques, il s'agit d'un arrêté ministériel du 20 avril 1988) ou à des recommandations internationales (pour les champs magnétiques, il s'agit des recommandations de la Commission internationale pour la protection contre les rayonnements non ionisants - ICNIRP) et que les valeurs observées dans le passé sont bien en-deçà des valeurs imposées ou recommandées par ces réglementations.

    Sachez enfin que la législation en Région wallonne privilégie, sauf demande de dérogations explicites, l'enfouissement des câbles électriques lors des extensions de réseaux ou de renouvellement de ceux-ci.

    Pour toutes ces raisons et en l'absence de réactions alarmistes de la communauté scientifique compétente en ces matières, je ne perçois pas, à l'heure actuelle, de raisons particulières pour diligenter des études spécifiques pour la Région wallonne, suite à la publication de l'étude de G. Draper.