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Les déchets organiques

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 696 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 05/04/2017
    • de DUFRANE Anthony
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports et du Bien-être animal

    La collecte sélective de déchets fermentescibles réalisée en porte-à-porte s'élève actuellement à 44.822 tonnes (données 2013). Il faut encore y rajouter 617 tonnes provenant des déchets communaux. Or, certains estiment qu'au lieu de collecter les déchets organiques, il vaut mieux promouvoir le compostage.

    On sait que l'objectif est de valoriser les déchets organiques. Quels sont les avantages objectifs de la collecte sélective des déchets organiques ? Idem pour le compostage individuel ? Quels sont les inconvénients de ces deux processus?

    Quel est, selon Monsieur le Ministre, le système à privilégier ?
  • Réponse du 26/04/2017
    • de DI ANTONIO Carlo

    Le compostage à domicile et la collecte sélective des déchets organiques sont des modes de gestions complémentaires et non réellement opposables.

    Le compostage est un processus naturel provoqué par des organismes vivants, présents dans le sol, qui transforment, en présence d'oxygène (aérobiose), la matière organique en un produit ressemblant à de la terre, appelé humus ou compost.

    Le compostage à domicile est un bon moyen de valorisation des déchets organiques qui, au terme de 6 à 12 mois d’un processus de maturation bien géré, pourront être utilisés comme amendement organique dans le jardin ou les plantations diverses. Il doit cependant respecter certaines règles issues de bonnes pratiques pour minimiser sont impact sur l’air. En effet, un compost mal géré peut provoquer notamment le dégagement de méthane (gaz à effet de serre), d’odeurs (sulfure d’hydrogène, …) et la production de composés (phyto)toxiques, sources de nuisances olfactives et sanitaires.

    Par ailleurs, le compostage à domicile réduit la quantité de déchets ménagers générés. C’est la raison pour laquelle l’action n°18 visant à « encourager un broyage et un compostage à domicile de qualité et soutenir des actions de compostage par quartier » figure au cahier 2 lié à la prévention du projet de Plan wallon des déchets-ressources (PWD-R). Ce dernier vise, entre autres, à atteindre 38,2 % de ménages qui compostent à domicile à l’horizon 2025.

    Afin de garantir la qualité du compost produit à domicile, il faut disposer d’un espace suffisant pour pouvoir installer un silo, un fût ou un simple tas, qui permettra au compost d’être bien aéré, pour que l'air puisse atteindre les déchets. Ces derniers doivent également être en contact avec la terre afin de permettre aux micro-organismes décomposeurs et aux vers de terre de coloniser le compost.
    Il faudra par ailleurs tenir compte de la nature, la quantité et/ou des dimensions des déchets à composter, qui doivent être ajoutés en petites quantités sous peine de provoquer un compactage des déchets et d’induire leur fermentation. Les organismes décomposeurs agiront plus facilement et plus rapidement sur des déchets débités en petits morceaux. Les tontes de pelouses peuvent également être compostées, mais doivent être préalablement séchées et mélangées avec d'autres types de déchets (broyat, feuilles, copeaux de bois, …).

    Ensuite, le compostage nécessite une certaine surveillance, car la température du compost et le taux d’humidité de celui-ci sont des éléments essentiels. En effet, le processus de compostage, s’il est bien mené, est le fruit d’une intense activité microbienne qui élève la température jusqu'à plus de 65°, permettant la destruction des graines indésirables et des germes de certaines maladies des plantes. On veillera par ailleurs à protéger le compost de la pluie, car l'eau en trop grande abondance refroidit le mélange, tue les micro-organismes et emporte des substances nutritives. Le froid empêche donc la mise en route du processus de compostage ; il est donc difficile et inintéressant de lancer un compostage en hiver.

    La collecte sélective des déchets organiques vise pour sa part à extraire la fraction fermentescible, des ordures ménagères afin de valoriser cette fraction par biométhanisation. L’objectif est ici d’orienter des déchets initialement incinérés vers une filière de valorisation organique, conformément au prescrit de la directive européenne.

    La biométhanisation, contrairement au compostage, est une technique basée sur la dégradation par fermentation, en absence d'oxygène (anaérobiose), de la matière organique. C’est un processus industriel, mené dans des cuves hermétiques à l'air, appelées « digesteurs ». Les déchets organiques y sont dégradés par fermentation anaérobie, produisant d'une part un mélange gazeux constitué à 50 à 70 % de méthane appelé « biogaz », et d’un résidu organique liquide appelé « digestat ».

    La biométhanisation est particulièrement adaptée au traitement des déchets fermentescibles à forte teneur en eau, voire même liquide. C’est donc un processus complémentaire et/ou alternatif au compostage puisqu’il permet également de traiter des déchets difficilement compostables.
    Les installations de biométhanisation peuvent traiter la fraction fermentescible des déchets ménagers, mais également des déchets de restauration collective, des déchets issus des industries du commerce ou agroalimentaire, des boues de station d’épuration, des déchets organiques agricoles et d'élevages humides (lisiers de porcs, …), etc. La durée du processus de biométhanisation est d’un mois environ.

    Les avantages de la biométhanisation sont, d’une part, la production du biogaz qui, une fois épuré, peut être utilisé comme source d'énergie (chaleur et électricité) et, d’autre part, la valorisation organique du digestat en engrais pour l'agriculture, soit par épandage direct sur les champs, soit à l’issue d’un processus de compostage intermédiaire.

    Comme tout procédé industriel, la biométhanisation implique des investissements et des coûts de fonctionnement. Elle engendre également des coûts environnementaux liés entre autres à la mise en œuvre de collectes sélectives. Cependant, le Rapport d’incidences environnementales (RIE) du Plan Wallon des Déchets-Ressources établit que, plus les déchets organiques sont collectés sélectivement et traités par biométhanisation, plus l’impact environnemental est bénéfique. Les scénarii d’extension de la collecte sélective des déchets organiques en porte-à-porte sont bénéfiques au niveau du bilan global (environnemental, économique et social) et devraient engendrer au niveau régional un bénéfice environnemental estimé entre 3 690 keuros et 5 140 keuros suivant les hypothèses, basse ou haute, fixées au PWD-R.

    Le RIE établit par ailleurs que l’action visant à « encourager un broyage et un compostage à domicile de qualité et soutenir des actions de compostage par quartier » aboutit d’une part à une réduction de l’empreinte carbone liée principalement à l’évitement de la collecte et au transport des déchets organiques vers les centres de traitement.

    D’autre part, la valorisation organique engendrée par ces deux modes de gestion des déchets (compostage à domicile et collecte sélective des déchets organiques) devrait avoir une influence positive sur la qualité des sols et leur capacité de rétention en eau, ainsi que sur la diversité biologique et la flore.

    Le compostage à domicile et la collecte sélective des déchets organiques sont donc deux systèmes qui se complètent et ne s’excluent pas.