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Le manque de qualification des jeunes Wallons

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 244 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 19/04/2017
    • de MOTTARD Maurice
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    D’après un rapport de l’IWEPS, durant la période de 1983 à 2015, le taux de chômage en Flandre a été divisé de moitié, il est passé de 10,7 % à 5,2 %. On peut également observer qu’en 1983, moins de 3 points de pourcentage séparaient le taux de chômage observé en Flandre 10,7 % à celui observé en Wallonie 13,5 %. Par contre en 2015 l’écart s’est creusé allant jusqu’à 7 points de pourcentage.

    D’autres observations concernant les variations d’une année à l’autre du PIB/volume :
    - 2015 : 1,2 en Wallonie, 1,4 en Belgique et 2,0 pour la zone euro;
    - 2016 : 1,2 en Wallonie, 1,5 en Belgique et 1,7 pour la zone euro.

    La Wallonie ne rattrape donc pas la moyenne belge.

    Comparées avec les propos optimistes du Gouvernement wallon, les statistiques de l’IWEPS nous rendent perplexes. Comment expliquer que l’écart entre la Flandre et la Wallonie, au lieu de se réduire, a augmenté de 3 % en 1983 à 7 % en 2015 ? Cela illustre combien nous sommes encore loin de résorber le retard. Et le pire est à craindre lorsque l’on se pose la question des perspectives d’emploi stable de ces jeunes de 15 ans qui ne disposent pas du niveau élémentaire de lecture, tel que mis en évidence par l’étude Pisa.

    En effet, avec un résultat de 483 points en lecture, la CF est 35e, avec un retard de 10 points comparé à la moyenne des pays de l’OCDE, et ce retard est encore plus sévère comparé à la Flandre qui se classe 10e avec 511 points. En math, les élèves francophones sont dans la moyenne des pays de l’OCDE avec 489 points, mais toujours en retard par rapport à la Flandre (521 points). Un léger retard par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE est constaté concernant les sciences (485/493).

    Avec une ressource humaine ayant pour partie d’énormes déficits au niveau de la qualification, toute aide à l’embauche, aussi généreuse soit-elle, risquera de rester plutôt inefficace, du moins pour cette partie de la population.

    Afin de leur donner un minimum de chances, ne faut-il pas revoir en profondeur l’enseignement, quitte à le régionaliser pour le rendre plus efficace et plus en adéquation avec les besoins du marché de l’emploi ?
  • Réponse du 15/05/2017 | Annexe [PDF]
    • de TILLIEUX Eliane

    Concernant la publication de l’IWEPS et la comparaison des chiffres de l’emploi entre la Région wallonne et la Flandre, sur la période comprise entre 1983 et 2015, il faut rappeler que la régionalisation des services publics de l’emploi date de 1989. Or, c’est précisément dans l’intervalle 1983-1989 que l’écart se creuse entre la Flandre et la Wallonie alors que la gestion de l’emploi se déroule au niveau belge.

    Par ailleurs, comme le montre le graphique de l’IWEPS repris en annexe, l’évolution du taux de chômage pour les deux régions présente une allure globalement parallèle, mais à des niveaux de chômage différents : bas pour la Flandre, légèrement supérieur à la moyenne européenne pour la Wallonie. Le cas de Bruxelles est plus atypique avec une courbe du chômage orientée à la hausse depuis le début des années 2000.

    Concernant la Wallonie, alors que le taux de chômage basé sur les enquêtes sur les forces de travail dépassait 14 % dans les années nonante, il était de 12 % en 2015 et à 10,6 % en 2016.

    Comme l’indique l’IWEPS, en Wallonie, près de la moitié du chômage est structurel. Une grande différence avec la Flandre concerne les jeunes. En effet, si les jeunes connaissent des difficultés d'insertion partout au regard de l'insertion des adultes aussi bien en Wallonie qu’en Flandre, le taux de chômage des jeunes est plus élevé en Wallonie … Ici aussi la situation est cyclique, l'amélioration connue juste avant 2008 a été fortement affectée par la crise économique et financière. Notons toutefois que le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés âgés de moins de 25 ans a sensiblement diminué en Wallonie depuis le 2e trimestre 2013 (période coïncidant avec une reprise sur le marché de l’emploi wallon). Cette diminution a été de 7 % entre 2014 et 2015 et de 6,7 % entre 2015 et 2016.

    En Wallonie, le chômage structurel est relativement stable, bien qu’une légère diminution soit enregistrée depuis 2007. Ce chômage structurel se manifeste notamment par l’éloignement prolongé de l’emploi comme l’indique la proportion relative de chômeurs de longue durée parmi les demandeurs d’emploi inoccupés (DEI). En 2016, près de quatre DEI sur dix présentent une durée d’inoccupation de deux ans et plus, et sont considérés comme étant des chômeurs de très longue durée.

    Par ailleurs, expliquant pourquoi le chômage structurel demeure élevé, l’insertion à l’emploi dépend de l’acquisition d’aptitudes sociales de base, qu’il est difficile d’acquérir sans être inséré. De plus, bien que des opportunités d’emploi existent pour les personnes peu qualifiées, l’importance du diplôme dans la recherche d’un emploi a été maintes fois répétée. Or, près de la moitié des demandeurs d’emploi wallons sont peu ou pas qualifiés. Le faible niveau de qualification de la demande d’emploi en Wallonie n’est pas le résultat de la crise. Ce constat est posé depuis plusieurs années. Il n’est cependant pas étonnant, dans la mesure où disposer d’un diplôme augmente fortement les chances d’insertion à l’emploi et donc la sortie de la demande d’emploi. Ainsi, le risque d’enlisement dans le chômage pour les personnes les moins qualifiées est bien réel.

    Concernant le niveau d’études des Wallons, selon les Enquêtes sur les forces de travail (EFT), la part de personnes peu diplômées a baissé dans les trois régions du pays, sur la période allant de 2006 à 2016. En 2016, cette part, au niveau de la population wallonne, est de 19,7 % et se situe entre la Flandre (16 %) et Bruxelles (23,1 %).

    Dans ses missions de formation professionnelle, le FOREm constate également des lacunes des jeunes en matière de compétences de base (calcul, écriture, …).

    C’est ainsi que des modules de remédiation et de développement des compétences clés sont mis en œuvre pour permettre aux demandeurs d’emploi faiblement qualifiés de suivre des parcours de formations qualifiantes du FOREm et chez les partenaires de ce dernier.

    C’est également le cas à l’IFAPME où le public de jeunes fragilisés par un système scolaire qui n’a pas pu les mobiliser est en croissance et nécessite un encadrement et une formation de base renforcés avant de décrocher une place de stage.

    Gageons que le Pacte pour un enseignement d’excellence développé par la Fédération Wallonie-Bruxelles permettra de combler beaucoup plus tôt ces déficits de compétences sociales et de base afin que la formation professionnelle puisse se recentrer sur ses missions de qualification plutôt que sur de la remédiation.