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Les monnaies locales

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 297 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 02/05/2017
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Depuis plusieurs années des monnaies locales créées en marge de l’EURO, fleurissent en Wallonie (http://trends.levif.be/economie/banque-et-finance/les-monnaies-locales-fleurissent-en-wallonie/article-normal-432381.html)

    Ainsi, en Lorraine belge, on compte l’EPI, le Valeureux à Liège ou le ROPI à Mons…

    Sans vouloir faire entrer ces monnaies parallèles dans une institutionnalisation, j’aimerais faire le point avec Monsieur le Ministre.

    Combien de monnaies locales dénombre-t-on ?

    Peut-on aujourd’hui en mesurer l’impact ?

    À l’instar de nos voisins suisses (WIR), cette monnaie a-t-elle fait son entrée dans un circuit bancaire ? Ces banques spécialisées – ou non, elles peuvent être traditionnelles - en monnaies parallèles permettent une plus grande circulation de cette économie locale, en permettant des prêts aux particuliers, aux commerçants…
    Ce parallélisme complet a permis à certaines régions de véritablement sortir de leur torpeur économique, tout en faisant fi de la frilosité des banques traditionnelles.
    Pense-t-il qu’une telle évolution soit concevable en Wallonie ?

    Comment pourrait-il inciter le citoyen à développer de telles initiatives afin de booster l’économie locale ?
  • Réponse du 23/05/2017
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Actuellement, on compte une dizaine de « monnaies locales » ou « monnaies complémentaires » en Wallonie.

    Sur ce sujet, il faut éviter d’avoir une approche trop idéologique et regarder objectivement l’efficacité de ces monnaies en regard de ce qu’elles se fixent comme but à savoir, principalement, relocaliser les échanges et favoriser le commerce local. Or, aujourd’hui, indépendamment de l’engouement citoyen qu’elles génèrent et qui est en soit intéressant en regard de ce que l’on pourrait faire relever de logiques d’éducation permanente, force est de constater que leur impact sur l’économie locale est nul, ou presque, en ce sens où les commerces concernés ne constatent pas d’augmentation de leur chiffre d’affaires…

    De plus, il faut souligner qu’un certain nombre de pratiques qui sont développées dans le cadre de ces monnaies complémentaires devraient être mieux prises en compte. Ainsi, si l’achat de biens via ces monnaies ne pose pas de problème, l’achat ou l’échange de services entre particuliers, que certains projets permettent, pose clairement la question de la régularité de ces prestations en regard du droit social et de la sécurité des travailleurs. En effet, que se passe-t-il dans le cas de deux personnes échangeant, via ces monnaies locales, des heures de néerlandais ou de musique pour les enfants contre des heures de tonte de pelouse, en regard du payement des cotisations sociales afférentes à ces prestations ? La question du droit du travail et du droit social se pose ici clairement. Pire, que se passera-t-il en cas d’accident ? Comment réagiront les assurances face à de telles situations? Ces questions sont importantes, et n’ont jamais été vraiment vidées de la part des porteurs de ce type de projet.


    Cependant, il faut aussi relever les initiatives intéressantes qui ont pu se développer via de tels mécanismes. Ainsi, en Suisse, le système « WIR », en place depuis les années 30’, en est un bon exemple. Mais le contexte d’émergence de ce dispositif, souvent mis en exergue par les défenseurs des monnaies complémentaires, était tout à fait différent. On subissait de plein fouet, en Europe, les conséquences de la crise de 29’ partie des États-Unis, les monnaies nationales étaient constamment attaquées et/ou dévaluées par les Etats, etc… Ce système de WIR, extrêmement intéressant, a été mis en place pour sécuriser les échanges entre les entreprises suisses et les protéger des fluctuations monétaires. En fait, le système « WIR », en utilisant certes un autre mécanisme, répond aux mêmes intentions que la SOCAMUT et les sociétés de cautionnement mutuel qu’elle fédère.

    En conclusion, si l’idée est éminemment sympathique, actuellement, dans le contexte socio-économique, institutionnel et juridique dans lequel la Wallonie se trouve, développer ce type de monnaie ne génère aucune plus-value économique. Dit autrement : leur impact économique est nul.

    Si des citoyens veulent s’investir dans des projets locaux et/ou éthiques, la Wallonie a mis à leur disposition d’autres moyens autrement plus efficaces d’un point de vue économique, telle la mesure BRASERO qui soutient particulièrement les coopératives « citoyennes ».