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La place du numérique dans la politique de coopération au développement

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 110 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 08/05/2017
    • de LECOMTE Carine
    • à MAGNETTE Paul, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    La Banque mondiale vient d’octroyer (début 2017) un crédit équivalent à 20 millions de dollars au Burkina Faso, afin d’améliorer la capacité et l'utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les administrations publiques et les agences. Cela leur permettra de développer la fourniture d'informations et de services électroniques et de promouvoir l'entrepreneuriat dans l'économie numérique, en mettant un accent particulier sur l'agriculture et les zones rurales.

    Ce financement qui soutiendra le projet e-Burkina, est parfaitement en phase avec les priorités numériques du Plan national de développement économique et social (PNDES). Il contribuera ainsi à moderniser l'administration, améliorer la qualité des ressources humaines, et à terme, à favoriser le développement économique du pays.

    « Les TIC peuvent être un catalyseur important et un secteur prometteur pour le développement du pays. Elles pourraient contribuer à améliorer l'éducation, la santé et à promouvoir le développement rural grâce au développement et au déploiement de services électroniques en ligne. Elles favoriseront aussi l’essor d’une industrie numérique locale dynamique », a souligné Cheick Kanté, représentant résident de la Banque mondiale au Burkina Faso.

    En France, le numérique est au centre de la politique de coopération au développement. Ainsi, en 2015, un plan d'action (Développement et numérique) a été lancé par les autorités françaises. Ce plan d’action répond à l’ambition d’accompagner la révolution technologique dans les pays en développement.

    Fin 2016, j'ai interrogé Monsieur le Ministre-Président sur la politique de coopération de la Région wallonne au Burkina Faso. (notamment dans le cadre du PNDS). Dans sa réponse, il m'indiquait que l'année 2017 verrait l'élaboration d'un nouveau programme de travail qui devra être adopté au cours d'une session de commission mixte permanente entre les Gouvernements burkinabé et wallon (au début de l'année 2018). Ce nouveau programme prendra en compte le Plan national de développement économique et social.

    Selon la note de politique internationale des Gouvernements wallon et de la FWB (2014-2019), le soutien à la culture et au développement culturel au sein des pays du Sud est un des axes prioritaires de la politique de coopération de WBI.

    À cet égard, qu'en est-il du numérique ?

    Quelle place ce secteur occupe-t-il dans la politique de coopération de WBI ?
    (Quelles sont les stratégies mises en place, les actions déjà menées dans les pays prioritaires de WBI… ?).

    Quel est l'état d'avancement du nouveau programme de travail entre le Burkina Faso et la Région wallonne ?

    Le numérique sera-t-il un des axes prioritaires de ce nouveau programme de travail ?
  • Réponse du 31/05/2017
    • de MAGNETTE Paul

    Le développement du « numérique » est effectivement fondamental pour les pays du Sud, dits en développement, comme il l’est pour l’ensemble des pays, y compris ceux dits développés.

    Il convient toutefois de rappeler que le numérique ne fait pas partie des Objectifs de développement durable (ODD) dès lors qu’il ne s’agit pas d’un objectif en soi, mais d’un outil pouvant être utilisé pour atteindre les dix-sept ODD.

    Les exemples suivants soulignent en ce sens la puissance de l’approche numérique :
    * En Guinée, des analyses de métadonnées de téléphonie mobile ont été utilisées dans la lutte contre le virus Ébola. Elles ont permis de déterminer les schémas de déplacement de populations et donc d’anticiper les futurs foyers d’épidémie ;
    * En Ouganda, les agriculteurs reçoivent des conseils commerciaux ou techniques personnalisés en fonction de leurs cultures, via leur smartphone. Il en résulte une plus grande productivité et un meilleur prix pour les récoltes.

    À l’instar du genre, de l’environnement ou de l’approche fondée sur les droits, le numérique constitue donc un thème transversal pour la coopération au développement, qui doit faire l’objet d’une attention particulière dans les projets que nous menons dans ce cadre. Lors de leur appréciation, il s’agit donc de se demander en quoi ces projets promeuvent le numérique comme accélérateur de développement.

    Pour ce qui concerne le Burkina Faso, la prochaine session de la commission mixte permanente est programmée pour le courant du second semestre de cette année. La question du numérique sera systématiquement posée dans le dialogue politique qui la précédera. L’élaboration des programmes de développement que nous soutenons se déroulera dans un cadre participatif visant à associer toutes les parties potentiellement prenantes, ici et là-bas, dès l’étape d’identification.

    Bien que la dimension numérique du développement vienne seulement d’être prise en compte dans les stratégies mondiales ‑ quasi personne n’en parlait voici encore deux ans ! ‑ nous soutenons déjà plusieurs programmes où elle est intégrée.
    C’est, par exemple, le cas pour les programmes de l’Apefe qui a inscrit cette thématique dans ses actions menées avec l’ensemble de ses pays partenaires : Haïti, Maroc, Sénégal, Burkina Faso, Bénin, RDC, Burundi, Rwanda, Palestine). Cette orientation peut être illustrée par trois exemples :
    - l’appui à la numérisation dans le domaine du développement (Digitalization for Development) qui vise à nourrir la réflexion sur la numérisation au service du développement en lien avec la NPI et la stratégie fédérale en voie de définition dans ce domaine. Un programme spécifique est en cours d’élaboration dans l’attente de l’accord définitif de la DGD sur le programme fédéral 2017-2021 et ce, dans un souci d’articulation optimale ;
    - l’initiative francophone pour la formation à distance des maîtres du primaire ‑ qui est menée de concert avec l’OIF et l’AUF ainsi qu’avec WBI au Sénégal, au Katanga et en Haïti où l’Apefe met en place des dispositifs de formation ‑ s’appuie massivement sur les technologies numériques (base de données, tablettes, plate-forme de formation...) ;
    - enfin, le programme d’appui à l’initiative de la Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel au Burkina Faso intègre la mise en œuvre d’activités en termes de communication, de récolte et de leur traitement de données.

    S’agissant de WBI, outre l’inscription de cette thématique transversale dans les projets de collaboration avec certains de nos pays partenaires, on peut citer l’exemple du programme qui vise à recueillir un maximum de témoignages contre les violations massives des droits humains au Burundi, en vue de la tenue éventuelle d’un procès devant le Tribunal pénal international. L’outil permettant cette récolte est organisé autour d’une plate-forme et les témoignages sont recueillis à l’aide de téléphones portables.