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La pollution lumineuse

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 798 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 08/05/2017
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports et du Bien-être animal

    Bien que moins exposée sous les feux des projecteurs que la pollution de l'air ou le réchauffement climatique, la pollution dite lumineuse est une réalité faisant partie du quotidien. L'éclairage des bâtiments publics, privés ou professionnels dans les environnements urbains, dont les panneaux publicitaires, les éclairages des commerces sans compter l'éclairage public, constituent les éléments qui alimentent ce principe de pollution d'autant qu'il est quasi omniprésent. Ce qui contribue a une altération de l'éclairage naturel nocturne et les conséquences que cela peut avoir sur l'environnement d'une façon générale. Il est bien entendu difficile de contester l'éclairage des centres urbains qui joue un rôle indispensable pour assurer la sécurité.

    Dans un article paru dans le journal Le Monde sur ce sujet, l'ANPCEN (Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturne) estime qu'en France, le nombre de points lumineux a connu une augmentation de près de 90 % en 25 ans, ce constat est renforcé par une étude publiée en juin 2016 dans la revue américaine « Science Advances » qui estime que près de 99 % de la population européenne vit sous un ciel nocturne altéré à des degrés divers par la pollution lumineuse. Pollution dont les effets sur la biodiversité et la santé semblent se confirmer. À titre d'exemple, pour la biodiversité, citons les effets régulateurs et naturels qu'ont les prédateurs nocturnes qui se servent de l'obscurité pour chasser et inversement, leurs proies qui l'utilisent pour se protéger, ou encore sur les oiseaux migrateurs qui se servent de la lune et la voute étoilées pour migrer et sont déroutés par l'éclairage artificiel et donc, peuvent migrer ou trop tôt ou trop tard. Pour ce qui est des effets sur la santé, nous ne mentionnerons que les effets sur les rythmes circadiens à titre d'exemple.

    Ce crépuscule permanent n'est pas sans poser des inquiétudes, ainsi l'ANPCEN et d'autres associations militant pour le même but, ont saisi le Conseil d'État français pour contraindre le Ministère de l'Environnement à publier les arrêtés prévus par ce qui est, en France, la Loi Grenelle II du juillet 2010. Parmi les effets de cette loi se trouve la gestion des installations lumineuses dans certains espaces naturels notamment ceux identifiés comme sites Natura 2000.

    Mes questions visent à savoir comment nous gérons le problème de la pollution lumineuse en Wallonie?

    Est-ce que les sites naturels ou jardins et parcs sont sensibilisés à cette problématique, comment cela se concrétise-t-il sur le terrain ?

    Il semble à la lecture de l'article dans le Monde qu'un label « Réserve internationale du ciel étoilé » existe, et aurait été décerné au Pic du Midi en 2013.

    Qu'en est-il en Wallonie ?

    Disposons-nous d'espaces labellisés ou pouvant prétendre à ce label ?

    Est ce que des démarches en ce sens sont en cours ?
  • Réponse du 31/05/2017
    • de DI ANTONIO Carlo

    Les phénomènes de pollution lumineuse sont effectivement moins médiatisés. Néanmoins, il s’agit d’une thématique importante pour notre environnement. Surtout lorsque l’on sait que, en Europe, la pollution lumineuse augmente chaque année en moyenne de 6 %.

    En Belgique, les éclairages artificiels, qu’ils proviennent de l’éclairage public, commercial, industriel ou résidentiel sont chaque année de plus en plus nombreux et peu de réglementation existe à ce sujet. Les éclairages nocturnes, souvent trop puissants, trop nombreux, mal orientés et/ou mal utilisés. Ceux-ci peuvent avoir des impacts non négligeables sur les écosystèmes, mais aussi sur notre santé, notamment sur la qualité de notre sommeil.

    Depuis plusieurs années, la Wallonie participe activement à l’action « La Nuit de l’Obscurité ». Différents acteurs, les autorités communales et les associations locales sont invités à poser un geste concret en faveur de l’environnement, à savoir notamment :
    - réduire la pollution lumineuse via une action des communes opérant une extinction de leur éclairage public (voiries, parcs, monuments,...), des entreprises avec une extinction de leurs vitrines et enseignes lumineuses ainsi que des citoyens au niveau de l’éclairage de leur domicile ;
    - réfléchir et sensibiliser aux enjeux énergétiques, aux changements climatiques et à l’usage rationnel de l’énergie.

    En termes de sensibilisation, l’extinction de certains éclairages publics (tant intérieur qu’extérieur) constitue une action intéressante au niveau de la prise de conscience de la pollution lumineuse.

    Une réflexion peut être menée sur le sujet pour aller plus loin. À cet égard, les pistes sont :
    - l’utilisation d’éclairages mieux adaptés qui ne laissent pas échapper la lumière vers le ciel ;
    - la promotion d’éclairages intelligents qui s'allument uniquement quand quelqu'un se trouve en dessous de l'éclairage ;
    - une meilleure régulation de l'émission de lumière pendant la nuit dans des zones où ce n'est pas nécessaire d'éclairer en permanence.

    Le site du Pic du Midi a été le premier site européen bénéficiant du label « Réserve internationale de ciel étoilé » (RICE). Pour bénéficier de ce label, l’espace public ou privé doit être de grande étendue et jouir d’un ciel étoilé d’une qualité exceptionnelle et qui fait l’objet d’une protection à des fins scientifiques, éducatives, culturelles ou dans un but de préservation de la nature. Le cahier des charges est particulièrement strict. Vu la configuration très dense de la Belgique, les conditions ne peuvent être réunies partout en Wallonie. À ma connaissance, ce label n’a pas encore été décerné pour un lieu situé en Belgique.

    Pour ce qui concerne les impacts potentiels sur la biodiversité, ceux-ci relèvent du Ministre en charge de la Nature. La gestion des installations lumineuses au sein des espaces naturels tels que les sites Natura 2000 ressort de ses compétences.