/

La protection des abeilles

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 488 (2016-2017) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 17/05/2017
    • de STOFFELS Edmund
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Les populations d’abeilles (et d’autres populations d’insectes pollinisateurs) subissent énormément de pertes. Ceci est un indicateur inquiétant en ce qui concerne l’état de l’environnement, mais aussi en ce qui concerne l’avenir des horticulteurs et des fruiticulteurs. Je trouve que les politiques qui doivent protéger les insectes pollinisateurs ne sont pas suffisamment ambitieuses.

    De ce fait, des minis drones guidés par GPS pourraient dans un avenir plus ou moins proche polliniser les fleurs, avance-t-on de certains côtés. Ce tout petit robot virevolterait de fleur en fleur et effectuerait ainsi le travail des abeilles qui sont en voie de disparition. La science au secours de la nature et de l’économie, pour les producteurs de fruits, ce drone viendrait à point nommé pour servir leurs intérêts financiers.

    Lisant cela, on croit rêver – ou plutôt faire un cauchemar. Est-ce qu’on va vraiment investir de l’argent de recherche pour développer les « abeilles GPS » plutôt que d’arrêter de se faire obnubiler par les lobbyistes du secteur des pesticides ?

    Monsieur le Ministre a-t-il entendu parler de ces minidrones ?

    Qu’en pense-t-il ?

    Ne faudrait-il pas plutôt donner un sérieux coup de main à ceux qui entretiennent des ruches d’abeilles dans l’objectif de les aider à renforcer la vitalité des insectes et à renforcer les populations actuellement sous stress ?

    À entendre ce qu’on entend régulièrement dans la presse, les « plans Maya » s’apparentent plus à de la communication qu’à une véritable stratégie de protection des insectes.

    Combien de « plans Maya » faudra-t-il encore avant d’adopter une stratégie efficace qui protège ces animaux sans lesquels, à terme, nous ne dégusterons plus de pommes, de poires, de prunes, de cerises… indigènes ?
  • Réponse du 07/06/2017
    • de COLLIN René

    Les drones constituent incontestablement un outil d’avenir dans de multiples secteurs. À ce titre, j’accorde beaucoup d’attention aux développements en cours. Le Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W), Unité Systèmes agraires, Territoire et Technologies de l'Information, suit de près les évolutions de la technologie des drones et en évalue toutes les utilisations potentiellement porteuses de progrès. Cependant, dans le domaine de la pollinisation, leur utilité future semble, à ce jour, très limitée. La pollinisation entomophile telle qu’on la connaît dans sa diversité et sa beauté résulte d’un processus évolutif naturel long et complexe.

    Les hyménoptères en général, et les abeilles mellifères en particulier, sont les pollinisateurs les plus efficaces, ne fût-ce que par leur nombre. La plupart sont en déclin. Les remplacer par des drones n’est actuellement pas envisageable, sauf peut-être pour quelques cultures à haute valeur ajoutée. En Wallonie, rien que pour l’abeille mellifère, ce ne sont pas moins de 2,5 milliards d’individus qui butinent nos fleurs chaque année.

    La solution à rechercher se trouve dans la connaissance des causes du déclin des insectes pollinisateurs et la suppression de ces causes. Ce déclin est d’ordre multifactoriel et, bien que de nombreuses équipes de chercheurs à travers le monde y travaillent depuis au moins deux décennies avec des moyens importants, il demeure inexplicable. Une mutualisation des efforts doit être mise en œuvre, ce que tente de faire l’Union européenne depuis 2-3 ans.

    Quant au Plan Maya, il est un fait que la communication ou plutôt la sensibilisation est un de ses axes forts, parce que l’on ne protège bien que ce que l’on connaît.

    D’autres axes fonctionnels viennent cependant le renforcer, à savoir :
    - le développement de la démarche multi-acteurs (mobilisation et actions de tous les acteurs du territoire) ;
    - le soutien au secteur apicole (lutte contre les maladies, ruchers tampons, miel sous indication géographique protégée, etc.) ;
    - le soutien à la recherche sur la mortalité des abeilles mellifères.

    Les deux derniers points sont traités au sein de deux projets soutenus par la Région wallonne :
    - le programme européen de soutien à l’apiculture porté pour la Wallonie par le CARI ;
    - le projet « Bee Wallonie » porté par le CRA-W et le CARI qui vient d’être lancé en février dernier pour une durée de cinq ans et qui comprend deux volets : un volet « encadrement » et un volet « Santé de l’abeille, agriculture et environnement ».

    Ces projets sont complémentaires et j’ai exprimé ma volonté que les nouvelles actions fédérales puissent être complémentaires à nos actions en cours.

    Enfin, un gros effort est porté sur la formation en apiculture, l’idée étant de mieux armer nos futurs apiculteurs pour les aider à faire face aux défis qui les attendent.