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La formation des jeunes demandeurs d'emploi

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 291 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 18/05/2017
    • de DENIS Jean-Pierre
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Les chiffres du FOREm le montrent, plus d'un jeune demandeur d'emploi sur deux connait l'emploi dans l'année suivant la date d'inscription/réinscription, 16 % la formation et moins de 2 % une reprise d'études.

    Le fait d'être détenteur d'un master ou d'un bachelier et de pouvoir témoigner d'une expérience professionnelle sont les facteurs paraissant influencer le plus les sorties à l'emploi des jeunes à 12 mois.

    Certains freins à l'emploi existent tels que les lacunes dans la recherche d'emploi, le niveau d'études insuffisant ou encore les problèmes de mobilité. Il existe également des profils problématiques.

    Quatre jeunes demandeurs d'emploi sur dix suivis par le FOREm peuvent être qualifiés d'« éloignés de l'emploi ». Ils sont classés dans cette catégorie, car ils relèvent de facteurs problématiques relevant de la santé mentale, des aptitudes intellectuelles, du niveau d'études, de compétences sociales et d'attitudes dans la recherche d'emploi.

    L'autre profil problématique reprend les jeunes confrontés à un contexte difficile en lien notamment à la situation matérielle et/ou familiale, des problèmes judiciaires, des problèmes de logement, la disponibilité ou encore la mobilité.

    Nous le voyons, certaines catégories de personnes ne peuvent trouver un emploi tant que leur problèmes personnels ne sont pas réglés et d'autres ne le pourront jamais en raison de leurs capacités. Nos efforts doivent donc se concentrer sur les personnes plus proches de l'emploi, mais n'ayant pas d'expérience ou un niveau d'étude assez élevé.

    Madame la Ministre a déjà fortement agi par la réforme des aides à l'emploi et le contrat d'insertion. Cependant, ils ne pourront malheureusement régler tous les problèmes, la formation reste une alternative utile.

    16 % des jeunes demandeurs d'emploi choisissent la formation.

    Madame la Ministre estime-t-elle que cette proportion est satisfaisante ?

    Les places dans les formations sont-elles suffisantes ?

    Pense-t-elle qu'il est nécessaire d'en augmenter l'offre ?

    Un renforcement des formations vers les métiers en pénurie est-il nécessaire ?

    Il apparait qu'au plus une personne est diplômée, au plus elle possède un profil souhaitant suivre une formation. Comment le FOREm explique-t-il ce constat ?

    Quelles mesures peuvent être mises en place pour inciter les moins diplômés à suivre une formation ?

    Par ailleurs pour les personnes en difficultés de trouver un emploi et ayant un problème spécifique (reconnu par l'AViQ), certains organismes comme les missions régionales (MIREWAPI) proposent un accompagnement spécifique (jobcoaching) dans la recherche d'un emploi ou d'une formation, de façon mieux adaptée et plus active.

    Les conditions pour y accéder sont entre autres d'avoir une reconnaissance AViQ. Ces MIRE organisent des permanences avec les maisons de l'emploi (FOREM).

    Un soutien plus important à ces organismes est-il envisagé ?
  • Réponse du 13/06/2017
    • de TILLIEUX Eliane

    Le fait que plus une personne est diplômée, plus elle est encline à suivre une formation peut s’expliquer par l’« effet Mathieu » dont la formule, attribuée au sociologue américain Robert K. Merton, a été largement reprise par d'autres chercheurs et, en particulier, par Keith Stanovitch pour expliquer pourquoi, lors d'un processus d'apprentissage, le fossé se creuse entre les apprenants les plus et les moins avancés en lecture.

    En outre, la motivation étant une résultante de la perception de la finalité d’une mission, du gain attendu d’une action (en revenu ou capacité de revenu) et de la compétence (ou sentiment d’efficacité personnelle) – à l’égard de la formation (comme dans toute autre activité professionnelle), les résultats de nombreuses études psychosociales fournissent une explication au fait que les personnes formées (et compétentes) ont plus de chances de démarrer une action de formation.

    Concernant plus spécifiquement les mesures mises en place afin d’inciter les moins diplômés à suivre une formation, il n’est plus à démontrer que le « learning-by-doing » a un effet positif sur la motivation des apprenants.

    L’alternance, qui combine des périodes de formation, en classe ou centre de formation, à des périodes de formation pratique sur le lieu de travail, en entreprise, en est un bon exemple. Par ailleurs, la filière est porteuse d’emplois.

    Sur la base des statistiques du FOREm, l’apprentissage en alternance se classe en seconde position parmi les cursus qui offrent les meilleurs taux d’insertion après 6 mois (61 %), chez les jeunes tout juste sortis de l’enseignement après le Bac (75 %) et juste devant le Master (59 %). Le Gouvernement wallon, via le Plan Marshall 4.0, place l’alternance au cœur de ses priorités. En outre, des incitants financiers existent. Ainsi dans le cadre d’une formation en alternance, l’apprenant bénéficie d’une prime de 750euros s’il réussit avec fruit sa formation.

    Le Plan Formation-Insertion (PFI) est un autre exemple. Il permet à tout demandeur d’emploi de bénéficier d’un programme de formation de 4 à 26 semaines en entreprise suivi d’un contrat de travail d’une durée équivalente au sein de cette même entreprise. Le demandeur d’emploi continue de percevoir ses allocations de remplacement et reçoit une prime d’encouragement progressive de la part de son employeur.

    La question n’est pas seulement d’inciter les jeunes et les demandeurs d’emploi à entamer une formation, mais aussi, et peut-être surtout de les y maintenir, de réduire les taux d’abandon. Cela passe donc aussi par l’élargissement des pratiques pédagogiques et une plus grande personnalisation des apprentissages, de manière à accroître la motivation des apprenants, à les rendre davantage acteurs de leur propre formation voire même d’en dessiner le parcours.

    Pour l’ensemble de l’année 2017, le FOREm ouvre l’équivalent de +/- 36.000 places de formation dans ses centres de formation et de compétences ainsi qu’en formation à distance. Certaines formations connaissent des difficultés de recrutement de demandeurs d’emploi notamment pour les filières techniques qui sont le plus souvent concernées par les pénuries de main-d’œuvre qualifiée et malgré les efforts de communication, de promotion et de sensibilisation déployés par le FOREm et ses partenaires (CEFO, WorldSkills Belgium, Centres de compétence, … ).

    Pour apporter une réponse aux métiers en pénurie, le FOREm organise des formations qualifiantes pour la grande majorité des métiers repris dans la liste des fonctions critiques, que ce soit dans le secteur de l’industrie technologique, de la construction, horeca, commerce… Les demandeurs d’emploi sont sensibilisés aux opportunités d’emploi de ces filières. En 2016, 3193 stagiaires ont suivi une formation menant à un métier repris dans la liste des fonctions critiques, pour un total de 967.762 heures de formation. Pour le premier trimestre 2017, les chiffres s’élèvent à 1431 stagiaires pour 249.527 heures de formation dans un métier en pénurie.

    En parallèle, depuis la sixième réforme de l’État, l’établissement de la liste des études qui mènent à des métiers en pénurie pour l’année scolaire ou académique 2016-2017 a été confié au FOREm. Sous certaines conditions, les chômeurs peuvent reprendre des études dans ces filières tout en bénéficiant d’une dispense de prouver leur disponibilité sur le marché de l’emploi. Ainsi, entre le 1er janvier et le 31 décembre 2016, 1606 dispenses pour reprise d’études de plein exercice, dans un métier en pénurie de main-d’œuvre, ont été octroyées par le FOREm. Ce volume est nettement plus important pour le second semestre de l’année qui coïncide avec les rentrées scolaires et académiques.

    Par ailleurs, le FOREm a initié, en collaboration avec ses partenaires et notamment les MIRE, différents dispositifs visant à soutenir la formation des jeunes demandeurs d’emploi.

    Le FOREm propose une offre de services à destination des jeunes depuis de nombreuses années, notamment via son accompagnement individualisé.

    Par ailleurs, les nouveaux financements liés à la Garantie jeunesse permettent de renforcer et d’améliorer les actions menées, qui s’articulent autour de 4 volets :
    1. La promotion des métiers
    2. L’accompagnement
    3. La formation
    4. Les stages et mise à l’emploi

    Des actions spécifiques seront également lancées prochainement au bénéfice d’un public très éloigné de l’emploi, au travers d'activités telles que le sport et la culture (festivals,…) et ce, afin de nouer les contacts avec les jeunes ciblés par la Garantie Jeunesse, là où ils se trouvent.

    Outre ces actions, le FOREm organise des formations professionnelles qui alternent formation théorique et pratique en entreprise et dans un centre du FOREm, de l’IFAPME ou en Centre de compétence. Ces formations s’étendent sur une durée de maximum 12 mois, en fonction du métier appris et doivent permettre aux jeunes, notamment, d’acquérir toutes les compétences nécessaires à l’exercice d’un métier.

    Dans le cadre des appels à projets que le FOREm propose à ses partenaires, des financements supplémentaires sont octroyés aux opérateurs pour augmenter et diversifier leur offre de formation et de cibler les métiers en pénurie, les métiers impactés par le numérique et les métiers d’avenir.
    Ces moyens permettent notamment de proposer des actions ciblées en fonction de publics spécifiques (jeunes, personnes précarisées, demandeurs d’emploi âgés, …)

    En ce qui concerne les demandeurs d’emploi porteurs d’un handicap, chacune des 11 MIRE agréées en Région wallonne bénéficient de subventions spécifiques dédicacées à un ou plusieurs Jobcoaches « AVIQ ».

    Les actions menées au bénéfice de ce public font l’objet d’un suivi dans le cadre de la convention AVIQ-FOREm.

    Ces Jobcoaches des MIRE, tout comme les conseillers entreprises du FOREm, sensibilisent les entreprises aux aides à l’emploi accessibles pour favoriser l’insertion de ce public.

    Ainsi, pour ne citer que cet exemple, l’aide SESAM est majorée lorsque l’entreprise recrute un travailleur porteur d’un handicap enregistré auprès de l’AViQ et qui a fait l’objet d’une décision d’intervention de l’Agence.