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Les recommandations du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté en matière d'emploi.

  • Session : 2004-2005
  • Année : 2005
  • N° : 82 (2004-2005) 1

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  • Question écrite du 18/08/2005
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie et de l'Emploi

    Le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté a tenu une journée de débats axée sur les mécanismes qui conduisent à la pauvreté.

    Au passage, je voudrais saluer la démarche de longue haleine entamée par le Réseau et qui a mobilisé l'ensemble de ses associations membres ainsi que plusieurs personnes qui se trouvent également en première ligne dans ce combat qui doit être quotidien.

    M. le Ministre, vous connaissez bien le réseau pour l'avoir déjà rencontré lors de ses démarches consultatives.

    Les recommandations faites par le Réseau portent sur trois domaines : la Santé, le Logement et l'Emploi.

    J'aimerais Monsieur le Ministre sur le suivi qu'il compte donner aux recommandations du Réseau dans le domaine de l'emploi. Certaines d'entre elles méritent que l'on s'y attarde et pourraient inspirer nos dispositifs de remise à l'emploi.
  • Réponse du 07/09/2005
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Comme moi, l'honorable Membre a été particulièrement attentif et sensible à la démarche participative, éminemment démocratique, dynamique et constructive, du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté et à la volonté de ce dernier de mener, in fine, une concertation avec les mandataires politiques en faveur de la cohésion sociale.

    Il souhaite donc connaître les suites que je compte réserver aux recommandations que le Réseau a présentées et motivées devant les Parlementaires avant de me les remettre officiellement, à l'issue de cette même séance parlementaire, le 27 juin dernier.

    Le caractère rémanent et multiple des processus d'exclusion plaide en faveur d'une approche globale de la problématique. C'est donc à juste titre que le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté a privilégié une approche intégrée des difficultés auxquelles sont confrontées les personnes en état de pauvreté et, si l'accès à l'emploi est, sans nul doute, un facteur essentiel de

    cohésion sociale, les mesures prises en ce sens ne peuvent obérer la nécessité de tout mettre en œuvre pour faciliter l'accès de nos citoyens les plus fragilisés à la santé, au logement, à l'éducation, à la formation, à la culture, ...

    Les recommandations formulées par le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté pour faciliter l'accès à l'emploi des personnes les plus précarisées relèvent des grands axes suivants:

    ο création d'emplois à basses qualifications ;
    ο octroi de subventions pour des emplois durables ;
    ο offre de formations qualifiantes et accessibles ;
    ο solvabilisation de la recherche d'emploi ;
    ο information et accompagnement plus accessibles et personnalisés des bénéficiaires ;
    ο partenariat renforcé entre acteurs de l'insertion, en ce compris les entreprises.

    Ces recommandations me réjouissent, car elles confortent les objectifs à la base des différents dispositifs que je m'efforce, avec mes collègues du Gouvernement wallon, mais aussi les partenaires sociaux, de mettre en place ou d'améliorer afin de doter la Wallonie d'une politique d'emploi et d'insertion ambitieuse, à la hauteur des besoins économiques et aussi sociaux insuffisamment rencontrés.

    J'évoquerai tout particulièrement trois dossiers à la mise en œuvre et au développement desquels j'entends accorder une priorité sous cette législature, à savoir: la mise en œuvre du dispositif intégré d'insertion socioprofessionnelle, le développement de I'économie sociale, via I'adoption d'un cadre décrétal et la valorisation d'un management de la diversité, tant comme atout du développement économique de la Wallonie que comme instrument de cohésion sociale et de lutte contre la discrimination dans I'emploi.

    Tout d'abord, le nouveau dispositif intégré d'insertion qui concourt à augmenter l'accessibilité de tous, mais surtout des plus fragilisés, à la formation et à l'emploi.

    Concrètement, la plus-value de ce dispositif pour le demandeur d'emploi se décline en cinq niveaux:

    1° une aide, un accompagnement et un suivi pendant tout son parcours d'insertion

    Le Forem organise un service de conseillers particuliers qui assurent ce suivi: bilan d'orientation, définition d'objectif professionnel, définition d'objectif de formation et mise en place de passerelles entre les différents acteurs et opérateurs de la formation et de l'insertion qui interviendront dans le parcours d'insertion des bénéficiaires. Ce suivi, cet accompagnement, le demandeur d'emploi pourra en bénéficier gratuitement avant, pendant et après ses actions de formation et d'insertion, jusqu'à son insertion dans un emploi durable et de qualité et y compris pendant les premiers mois de son contrat de travail. Des dispositifs comme le Job Coaching, le tutorat, le PFI, ...sont des dispositifs qui, en outre, visent à garantir au nouveau travailleur une stabilité d'emploi ;

    2° un contrat-crédit-insertion qui garantit au demandeur d'emploi un statut et des droits tout au long de son parcours. La gratuité de l'accès aux différents services est un des avantages formalisés par ce contrat. C'est dans le cadre de ce contrat que devrait également s'inscrire la gratuité des transports en commun pour les demandeurs d'emploi en recherche active d'emploi, telle que préconisée dans la déclaration de politique régionale et annoncée comme objectif prioritaire dans le nouveau contrat de gestion des TEC.

    3° des services de qualité adaptés aux besoins, aux demandes, aux profils spécifiques des bénéficiaires du dispositif. Pour ce faire, il était important de recadrer les missions et objectifs de chacun des opérateurs et acteurs de la formation et de l'insertion. On a trop vu des demandeurs d'emploi tourner en rond dans des modules de formation et d'aide à l'insertion sans

    atteindre leur objectif d'emploi. C'est pourquoi le rôle et les missions de chacun des acteurs de l'insertion socioprofessionnelle ont été redéfinis pour faire en sorte que chaque opérateur se professionnalise dans ce qu'il fait le mieux et développe des méthodologies et des outils performants en fonction de publics et de besoins spécifiques ;

    4° en outre, le dispositif intégré d'insertion socioprofessionnelle confie au Forem un rôle de coordination des acteurs de la formation et de l'insertion socioprofessionnelle et d'articulation de partenariats structurels. Les conventions cadres entre la Région wallonne, le Forem et les secteurs professionnels, les CPAS ou encore l'AWIPH (convention à la finalisation de laquelle je m'attache avec mes collègues, Mesdames les Ministres Christiane Vienne et Marie Arena), sont, chacune, sinon essentiellement au moins pour l'un de leurs volets, clairement axées sur l'égalité des chances dans l'accès à l'emploi, l'insertion des groupes dits « à risques» et la lutte contre la discrimination à l'embauche ;

    5° enfin, le Dispositif crée un espace d'écoute et de participation des personnes en insertion dans chaque sous-région, car il est essentiel que les bénéficiaires participent à l'évaluation et à l'évolution du dispositif ;

    6° en sous-région encore, c'est au niveau des commissions consultatives qui rassemblent tous les acteurs de l'insertion, en ce compris les partenaires sociaux, que doivent se coordonner et s'articuler les stratégies d'insertion, s'établir les diagnostics et se renforcer les partenariats entre opérateurs locaux et acteurs socio¬économiques publics et privés: professionnels de l'action sociale et économique, service public de l'emploi, opérateurs de formation et d'insertion socioprofessionnelle, mouvements associatifs, etc.

    Le rôle des acteurs de l'insertion est essentiel en matière d'émancipation, d'épanouissement des personnes à la recherche d'un emploi. Le secteur associatif, en particulier, doit permettre l'éclosion, le développement des compétences sociales, des savoir-être que l'accumulation d'échecs ou de handicaps sociaux ont parfois bridés.

    Et c'est sur cette identité sociale reconstruite que doivent bâtir les autres acteurs de l'insertion comme le Forem, l'IFAPME, les Centres de compétences et leurs partenaires: missions régionales / enseignement de promotion sociale / secteurs professionnels / entreprises. Avec un objectif prioritaire: amener le plus rapidement possible les demandeurs d'emploi à l'emploi, en articulant leurs actions sur les besoins de qualification et de compétences des entreprises.

    C'est la raison pour laquelle tant au niveau des subventions octroyées au secteur de la formation et de l'insertion socioprofessionnelle, et en particulier au secteur associatif, qu'au niveau des emplois subventionnés via les APE, aides à la promotion de l'emploi, et les PTP, programmes de transition professionnelle, les budgets réservés ont considérablement augmenté depuis 5 ans.

    Ainsi, pour ne prendre que cet exemple, via les APE, 40.000 travailleurs (soit un budget de près d'1/2 milliard d'euros) travaillent actuellement dans les ASBL et le secteur public et sont un réel support aux politiques fonctionnelles notamment en matière de culture, d'éducation, de formation, d'intégration sociale et d'emploi.

    J'ai également évoqué comme mesure prioritaire faisant écho aux recommandations du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté le développement de l'économie sociale et la structuration de ce secteur. En effet, tout en répondant à des besoins sociaux et/ou économiques insuffisamment rencontrés et en occupant des créneaux d'activités peut-être pas encore assez rentables aujourd'hui, le secteur de l'économie sociale prend une place de plus en plus importante dans notre paysage économique, notamment en tant que pilier environnemental du développement durable, par les réponses que les entreprises d'insertion, essentiellement, apportent à la problématique des déchets, du recyclage, de l'épuration, des dépollutions, ... Le secteur de l'économie sociale est en outre plus attentif que d'autres à transformer la croissance économique en emplois et, plus particulièrement en emplois n'exigeant pas de compétences techniques pointues et il offre de réelles opportunités de créations d'emplois diversifiés moins soumis à la

    concurrence internationale ou aux risques de délocalisation, car axés sur des services de proximité.

    C'est pourquoi, j'entends amplifier la création d'entreprises d'insertion dans des niches encore insuffisamment exploitées, telles les ressourceries, les associations de quartier, ..., en étudiant des pistes de développement des services de proximité subventionnés et en professionnalisant les Agences conseil en économie sociale, positionner l'économie sociale comme un secteur à part entière du développement économique et ce, selon une approche de complémentarité et non de concurrence avec les secteurs économiques traditionnels.

    Enfin, j'ai également l'intention de développer le concept innovant de responsabilité sociale des entreprises afin d'en faire un instrument de développement économique et social durable de la Wallonie. Dans le même ordre d'idées, la sensibilisation des entreprises à la plus-value de la diversité des profils des travailleurs et responsables, tant au niveau des cultures que du genre ou parce qu'ils sont porteurs d'un handicap, et la mise en place d'un nouveau label « management de la diversité» participent à cette priorité que je place à lutter contre la discrimination à l'embauche et dans l'emploi et à redynamiser l'économie wallonne et la capacité d'innover des entreprises de notre Région.

    J'en terminerai, pour convaincre l'honorable Membre, s'il est encore nécessaire, de l'intérêt que je porte au travail de réflexion réalisé par le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, en vous rappelant que je soutiens l'ASBL depuis le début de mon mandat, et que je reste encore particulièrement attentif aux demandes de personnel subventionné qu'elle continue d'introduire.

    J'espère avoir ainsi répondu aux attentes de l'honorable Membre et lui assure de la priorité que j'accorde à l'insertion des citoyens les plus précarisés ainsi que de la place que je réserve à ceux-ci dans les mesures que je soutiens et continuerai de mettre en œuvre pour le redéploiement économique de la Wallonie.