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L'emploi des travailleurs de plus de 50 ans

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 296 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 30/05/2017
    • de LEFEBVRE Bruno
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    L’une des priorités pour les autorités politiques compétentes est axée sur le maintien des travailleurs âgés au sein de l’entreprise et la valorisation de leurs compétences. En Belgique, si l'on se penche sur les 5 dernières années, on peut remarquer que la tendance est positive. Cependant, certaines entreprises continuent à se débarrasser de cette catégorie d’employés au point de les payer pour qu’ils restent chez eux ou de les prépensionner abusivement.

    En Belgique, en 2015-2016, les plus de 50 ans représentaient 10 % de l’ensemble des personnes embauchées contre 6 à 7 % dans les années 2007-2008. À l’heure actuelle, ce pourcentage atteindrait même les 11 %. Le taux d’emploi a grimpé de 32 % à 45 % de 2006 à 2016.

    En ce qui concerne le secteur intérim, les travailleurs de plus de 50 ans représentent 16,7 %.

    Madame la Ministre dispose-t-elle des statistiques concernant l’emploi des travailleurs de plus de 50 ans en Région wallonne ?

    Quel est leur taux d’emploi ?

    Quelle part représente le travail intérimaire ?

    Une enquête sur le sujet auprès des PME wallonne a-t-elle déjà été menée ?
    Dans l’affirmative, quelles sont les principales tendances qui en ressortent ?
  • Réponse du 03/07/2017 | Annexe [PDF]
    • de TILLIEUX Eliane

    Pour rappel, dans le cadre de la Stratégie Europe 2020, la Belgique s’est fixé pour objectif d’atteindre, d’ici 2020, un taux d’emploi de 50 % chez les 55 ans et plus. En 2016, selon les enquêtes sur les forces de travail, ce taux s’élevait à 45,4 %, contre 42,8 % en Wallonie. En 2006, il était seulement de 32 % en Belgique, contre 31,9 % en Wallonie. Le taux d’emploi des travailleurs âgés wallons progresse donc moins vite que celui des travailleurs âgés flamands (46,7 % en 2016 contre 31,4 % en 2006) qui a d’ailleurs rattrapé celui des travailleurs âgés bruxellois (47 % en 2016 contre 36,9 % en 2006). Voir graphique en annexe reprenant le taux d'emploi des 55-64 ans.

    Selon une récente enquête menée par SD Worx (1) auprès de 732 dirigeants de PME belges, l’âge du candidat aurait peu d’incidence sur les décisions de recrutement. Ce sont surtout les valeurs humaines, comme l’attitude, la motivation et l’adéquation avec la culture de l’entreprise qui seraient déterminantes dans la décision de recruter un nouveau collaborateur. Néanmoins, si pour 4 dirigeants sur 10, un âge supérieur à 50 ans n’a aucune incidence dans la décision de recrutement, 16 % des employeurs admettent tout de même ne pas vouloir engager des candidats âgés de plus de 50 ans, ce qui reste interpellant.

    En 2015, la dernière enquête eurobaromètre relative à la discrimination dans l’Union Européenne (2) révélait que 59 % des citoyens belges interrogés (56 % dans l’UE28) estiment que les personnes âgées de plus de 55 ans sont discriminées à l’embauche. Il s’agirait du second critère le plus discriminant, juste derrière la couleur de peau ou l’origine ethnique (61 %, contre 46 % dans l’UE28).

    Par ailleurs, en 2012, Unia (anciennement le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme) a également publié un 1er baromètre sur la diversité au niveau de l’emploi, observée au niveau belge (3). La publication du 2e baromètre est prévue pour 2018, avec actualisation des données étudiées. Cette prochaine publication devrait donc nous renseigner sur l’évolution des préjugés vis-à-vis de l’âge dans le processus du recrutement.

    Ce baromètre étudiait et présentait les motifs de discrimination à l’embauche, tels que l’âge, l’origine, le handicap et l’orientation sexuelle. L’impact de la crise y a également été analysé au regard de ces critères.

    Le critère de l’âge, avec le plus mauvais score de tous les motifs de discrimination, y est largement présenté.

    Par ailleurs, le centre pour l’égalité des chances (UNIA) insiste sur le fait qu’un travailleur de plus de 55 ans peut être un investissement plus sûr qu'une personne de 25 ans (risque de changer d'emploi dans les 5 ans) et que, par ailleurs, les qualités reconnues aux travailleurs plus âgés sont loin d'être négligeables : plus d'expérience (90 % en plus) et plus de fiabilité (67 % en plus). Enfin, les travailleurs de plus de 55 ans prennent plus facilement des décisions et trouvent plus rapidement des solutions aux problèmes.

    Concernant le travail intérimaire, en 2015, 15,6 % des travailleurs intérimaires (hors étudiants) en Belgique étaient âgés de plus de 45 ans (4).

    Selon une étude du FOREm, menée à l’initiative de la Chambre de Concertation de la Commission consultative et de concertation en matière de placement, à partir de données recueillies auprès de la Banque Carrefour de la Sécurité sociale (5), le travail intérimaire wallon concerne surtout de jeunes travailleurs. Ainsi, 48 % des travailleurs intérimaires ont moins de 30 ans (contre 20 % pour l’ensemble des travailleurs salariés résidents – ONSS au 30/06/2014, hors pouvoirs locaux). Dès 30-34 ans, la part de travailleurs intérimaires commence à décroitre. 9 % sont âgés de 50 ans ou plus (moyenne 2014).

    Néanmoins, sur la période 2006 à 2014, c’est chez les personnes âgées de 50 ans et plus que le travail intérimaire a le plus progressé. En outre, les travailleurs intérimaires âgés de 50 ans et plus ont été moins sensibles à la crise que ceux des classes d’âge inférieures (moins de 30 ans et 30-49 ans). À l’inverse, les classes d’âge inférieures ont subi une tendance à la baisse en 2011, avant de remonter en 2012.


    Évolution trimestrielle du nombre de travailleurs intérimaires selon la classe d’âge, calculée en base 100 (2006 à 2014) (voir graphique en annexe)

    D’après une enquête réalisée par IDEA Consult à la demande de Federgon (6), les motifs évoqués par les travailleurs âgés de plus 45 ans pour expliquer leur choix de travailler sous contrat intérimaire sont multiples. Parmi les principaux motifs, la liberté d’accepter ou de refuser les missions proposées – 75 % des répondants estiment qu’il s’agit d’un motif important à très important – et le sentiment que l’on trouve plus facilement du travail via l’intérim que via les autres canaux (67 %). Viennent ensuite : une solution provisoire (67 %), la possibilité d’essayer un tout nouveau travail (64 %), pour trouver un travail fixe (63 %), etc. L’intérim peut donc jouer un rôle de réintégration sur le marché de l’emploi. Au même titre que l’emploi indépendant, il s’agit donc d’un canal à ne pas négliger pour les travailleurs âgés.




    (1) Source : https://www.sdworx.be/fr-be/sd-worx-r-d/publications/communiques-presse/2017-04-27-age-diplome-experience-moins-determinants-au-moment-de-recruter-un-nouveau-collaborateur (27 avril 2017)

    (2) Source : http://ec.europa.eu/COMMFrontOffice/PublicOpinion/index.cfm/Survey/getSurveyDetail/instruments/SPECIAL/surveyKy/2077

    (3) Source : http://unia.be/fr/publications-et-statistiques/publications/barometre-de-la-diversite-emploi

    (4) Federgon, « Qui sont les travailleurs intérimaires ? », 2016 : http://www.interimaire2016.be/

    (5) Source : https://www.leforem.be/MungoBlobs/203/364/20170503_Analyses_FluxInterim20062014%2Bannexes.pdf (avril 2017)

    (6) Source : http://www.federgon.be/fileadmin/MEDIA/pdf-fr/etudes-enquetes/archives/44._interimaires__45ans-etude.pdf (juillet 2004)