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Le développement du secteur ovin en Wallonie

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 512 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 30/05/2017
    • de MOUYARD Gilles
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Il y a peu Monsieur le Ministre a participé à Libramont au 70e congrès annuel de la Fédération nationale ovine française. Ce congrès sortait pour la première fois de France et c’était l’occasion pour la France de remercier les éleveurs belges qui sont les seuls depuis 25 ans à venir au congrès national de la Fédération nationale ovine (FNO).

    Cependant, l’élevage ovin n’est pas très développé en Wallonie. Ainsi bien que l’on enregistre 5.600 éleveurs wallons, on ne compterait que 460 professionnels, « full time ». Il serait donc peu développé, souvent mal connu et serait principalement axé sur la production d’agneaux de boucherie, les brebis élevées pour une production de lait à valoriser en produits fromagers étant minoritaires.

    De plus, la production indigène wallonne n’assure que de l’ordre de 15 à 20 % de la consommation de viande ovine de la Région. Celle-ci doit importer annuellement environ 7.000 tonnes équivalent carcasse pour satisfaire sa consommation, soit quelques 400.000 agneaux.

    De ce fait, dans les mois à venir, le collège des producteurs wallons entend développer l’élevage ovin en Wallonie. Il s’agit là pour les acteurs du terrain d’un défi professionnel, mais également politique.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre de la situation ?

    Partage-t-il l’analyse selon laquelle le secteur ovin serait assez marginal en Wallonie ?
    Dans l’affirmative ou la négative peut-il justifier sa réponse  ?

    Qu’envisage-t-il de faire pour développer ce secteur de notre agriculture qui pourrait disposer d’un potentiel énorme en Wallonie  ?

    Envisage-t-il de travailler de concert sur cette thématique avec le collège des producteurs wallons qui entend "booster" cet élevage en Wallonie dans les mois prochains ?

    Si oui, de quelle manière  ?
  • Réponse du 22/06/2017
    • de COLLIN René

    La production de viande ovine et de fromage de brebis est effectivement peu répandue en Wallonie, comparativement à d’autres spéculations, même si on observe un fort pourcentage d’augmentation des élevages professionnels ces dernières années, ainsi qu’un rajeunissement notable des éleveurs. Outre le manque de « culture ovine » tant chez les consommateurs que chez les éleveurs wallons, la petite taille relative du secteur est due probablement à plusieurs causes tels que la rentabilité faible souvent observée pour la production de viande, l’astreinte de travail importante à certaines périodes comme celle des agnelages, la diversité des races exploitées chez nous qui impacte l’uniformité de l’offre et diminue la possibilité de débouchés dans des filières demandeuses de gros volumes, l’aspect saisonnier de l’offre locale qui empêche de fournir toute l’année, etc. Quant au lait de brebis, l’éleveur doit soit le transformer lui-même, soit le vendre à un fromager indépendant, toujours dans des quantités très limitées.

    Le secteur ovin n’est pas pour autant marginal ou oublié aux yeux du pouvoir wallon, loin de là ! Dès 2003, année de la régionalisation de l’agriculture, l’élevage ovin a été soutenu de manière importante tant pour la sélection ovine que pour l’encadrement technique des éleveurs professionnels. Depuis 2014, ces services aux éleveurs ovins ont été intégrés d’une part au sein de la SoCoPro et d’autre part au sein de l’Association wallonne de l’Elevage (AWE) ASBL, devenue association d’encadrement multi-espèce.

    Du côté de l’AWE ASBL, la sélection des reproducteurs ovins et caprins a bénéficié d’une meilleure structuration des services aux éleveurs ; cela s’est traduit par une augmentation de près de 30 % du nombre de membres ovins et par le développement de l’exportation de reproducteurs ovins. Quant à l’encadrement technique des exploitations ovines, son intégration dans le service technicoéconomique de l’AWE ASBL a donné les moyens de répondre à toutes les sollicitations d’éleveurs déjà en place, mais aussi aux agriculteurs ou autres citoyens qui cherchent soit une diversification, soit une activité complémentaire. Grâce à l’intégration dans l’AWE ASBL, des informations techniques sur le secteur ovin (alimentation, aménagements de bâtiments, état du marché, etc.) sont maintenant diffusées à travers la revue Wallonie Élevages dans près de 6.000 exploitations agricoles de Wallonie, ce qui permet notamment aux éleveurs de bovins, majoritaires, de découvrir le secteur ovin.

    Du côté du Collège des Producteurs, le secteur ovin rassemble actuellement le plus d’éleveurs avec la moyenne d’âge la plus basse, ce qui laisse bien augurer de son dynamisme.

    On peut mentionner aussi l’intervention de la Région wallonne dans deux Centres de Recherche et d’Expérimentation qui se penchent plus particulièrement sur la valorisation bouchère des races ovines locales menacées et sur les synergies possibles entre l’élevage ovin et la culture céréalière.

    En ce qui concerne les aides individuelles, le secteur ovin a pour le moment accès à une prime à la brebis dans le cadre du soutien couplé.

    Des moyens sont donc mis en œuvre pour soutenir tous ceux qui veulent se lancer dans une spéculation ovine laitière ou viandeuse. J’étudierai attentivement les pistes que le Collège des Producteurs me soumettra pour poursuivre la stratégie de développement de la filière ovine.