/

La pénurie de médecins généralistes

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 938 (2016-2017) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 30/05/2017
    • de STOFFELS Edmund
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Suivant où l’on habite en Wallonie, il existe une inégalité face aux soins de santé due aussi au manque de médecins dans certaines régions.

    La Directrice de la Mutualité chrétienne de Liège constate qu’en province de Liège, le nombre de patients par médecin généraliste a fait un bond de 30 % en 12 ans, mais que ce constat est valable pour l’ensemble de la Wallonie.

    En province de Liège, un généraliste avait, en 2003, 650 patients, en 2014, ce chiffre s’est envolé pour atteindre 856 patients.

    On constate que suivant la région où l’on habite la raréfaction des médecins généralistes est plus ou moins forte. Par exemple à Héron 1 généraliste pour 587 patients, à Aywaille 1 généraliste pour 1.363 patients, il y a donc bien des régions où la situation est problématique.

    Et malheureusement avec le vieillissement de la population la situation ne peut que se détériorer de plus en plus.

    Ne risque-t-on pas que l’affaiblissement de la couverture de la population en médecins pose, à terme, des difficultés en ce qui concerne l’état général de santé de la population, en particulier des personnes âgées et en état de dépendance, des personnes en état de précarité, des enfants vivant en situation de pauvreté, etc. ?

    Ne risque-t-on pas qu’une économie en cette matière nous mène plus tard à une explosion des coûts liés aux soins de santé, car on aura trop peu de médecins qui peuvent nous assister à mettre en œuvre les campagnes de prévention et de détection rapide des maladies ?

    Ou qui peuvent nous aider à détecter les liens qui peuvent exister entre l’environnement et la santé – vu l’exposition des gens à une série d’émissions dont on ne mesure, à ce stade, pas les effets ?
  • Réponse du 15/06/2017 | Annexe [PDF]
    • de PREVOT Maxime

    En ce qui concerne les chiffres de densité médicale en province de Liège, le cadastre que vient de réaliser la Direction de la Recherche et de la Statistique (ex-Observatoire Wallon de la Santé) de l’AViQ montre qu’en 2016, si la situation en province de Liège est moins grave que, par exemple, en Hainaut ou dans le Luxembourg, 24 communes de la province sont en pénurie avec une densité médicale inférieure à 90 médecins généralistes pour 100.000 habitants. Les communes les plus gravement touchées sont Baelen avec seulement 2 médecins pour 4.370 habitants et Berloz où il n’y en a plus du tout de médecin (données 2016).

    Les densités médicales sont calculées en incluant tous les médecins, quel que soit leur âge, et sans tenir compte du fait que certains médecins ne travaillent pas à temps plein comme généraliste.

    Si on calcule les densités médicales en ne comptant que les médecins de moins de 65 ans et en utilisant les équivalents temps plein, ce sont alors 42 des 75 communes de la province de Liège qui sont en pénurie, dont 9 en pénurie grave avec moins de 50 médecins/100.000 habitants ou moins de 1 médecin pour 2.000 habitants.

    Pour ce qui concerne la commune d’Aywaille, il semble que le chiffre avancé de 1 généraliste pour 1.363 ne tienne pas compte de la présence de 9 médecins qui exercent au Centre de santé de l’Amblève. Selon les chiffres du cadastre 2016, il y avait à Héron 1 médecin généraliste pour 863 habitants.

    Quant au nombre de patients par généraliste, nous ne disposons pas des données y relatives ; celles-ci sont disponibles au niveau des mutuelles. Toutefois, l’accès à des soins de première ligne et à une prévention efficace des maladies passe indéniablement par l’accès à un médecin traitant et la détermination du nombre de patients par médecin dépendant du type de patient.

    Ce focus sur la province de Liège ne doit pas occulter le fait que le problème de pénurie est un phénomène généralisé en Wallonie et que les actions à mettre en œuvre doivent l’être sur l’ensemble du territoire.

    En effet, une des explications de l’aggravation du phénomène en Wallonie est le vieillissement de la population des médecins combinée au non-remplacement des médecins qui prennent leur pension ou optent pour une réorientation professionnelle. L’âge moyen des médecins actifs est de 52,8 ans (56,8 ans pour les hommes et 46,3 ans pour les femmes).

    En Wallonie, selon le cadastre 2016 élaboré par l’AViQ, 13,3 % (455) des médecins généralistes actifs en Wallonie ont plus de 65 ans. Au cours des 5 dernières années (de 2012 à 2016), seulement 162 jeunes médecins de moins de 30 ans, soit une trentaine par an, se seraient installés dans une commune wallonne.

    Si on imagine que ces 455 médecins de plus de 65 ans décident de cesser leur activité dans les 10 ans à venir, il faudrait donc, pour les remplacer que 45 nouveaux médecins s’installent chaque année.

    Concernant la proportion de communes touchées par la pénurie de généralistes, la situation risque en effet de s’aggraver, car certaines communes sont à risque de pénuries. 40 communes passeraient en pénurie voire en pénurie grave si un seul médecin actuellement actif cessait d’exercer (par exemple pour prendre sa pension) sans être remplacé.

    Dès lors, un ensemble de mesures ont déjà été prises pour inciter de nouveaux médecins à venir s’installer dans les communes en pénurie notamment l’augmentation de la prime à l’installation dans des zones de pénurie (Impulséo), la réflexion sur la création de binôme médecins/infirmier, les encouragements pour la pratique de groupe en maison médicale ou en équipes multidisciplinaires.

    Actuellement, le dispositif IMPULSEO rencontre un succès croissant.

    En annexe, les chiffres transmis par le Fonds de participation qui gérait ce dispositif, ventilés par année depuis la création du fonds Impulséo.

    Le traitement des dossiers 2016 est presque clôturé : 597 demandes (Impulseo I, II et III confondus) ont été traitées. L’augmentation entre 2015 et 2016 met en avant l’impact grandissant du dispositif auprès des médecins généralistes.

    Un groupe de travail a également été constitué (Assistéo), avec les représentants des infirmiers et des médecins généralistes afin de co-construire le modèle avec les secteurs concernés. L’année 2016 a été consacrée à consulter les parties prenantes, les organes représentatifs des médecins et des infirmiers, qui ont été réunies à 3 reprises. Une recherche-action va être mise en place et se déclinera dans les différentes configurations du terrain (milieu rural/semi-rural/urbain ; pratique individuelle/groupée mono-disciplinaire/groupée pluridisciplinaire). Elle permettra de mettre en place un processus participatif (bottom-up), de mieux identifier les besoins sur le terrain, de tester des modèles dans différents contextes, d’évaluer et d’ajuster les solutions en permanence.

    Sur la base des résultats des diverses expériences menées, les balises qui s’imposeront permettront de généraliser ce qui peut l’être dans des projets renforçant cette collaboration médecin- infirmier. Les conclusions finales me permettront d’implémenter le dispositif durant cette législature. L’idée étant notamment que la prise en compte des actes de prévention des médecins est essentielle pour éviter l’explosion des coûts liés aux soins et qu’un partenariat avec un infirmier effectuant ces tâches aiderait grandement les praticiens.

    À cet effet, un marché public a été lancé et sera attribué tout prochainement.