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Le coût de l'absentéisme des fonctionnaires wallons

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 321 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 30/05/2017
    • de MOTTARD Maurice
    • à LACROIX Christophe, Ministre du Budget, de la Fonction publique, de la Simplification administrative et de l'Energie

    Les absences dans la fonction publique wallonne auraient coûté 88,435 millions d’euros à la Wallonie en 2016.

    En comparant le coût de l’ensemble des quelque 23.000 fonctionnaires wallons, fixé à un milliard d’euros au nombre d’équivalents temps plein, le coût peut être estimé à 45.000 euros par agent.

    Autrement dit favoriser le bien-être au travail pourrait être rentable.

    Suivant des travaux de recherches, une majeure partie de cet absentéisme s’explique par le burn-out dont les agents seraient victimes.

    Monsieur le Ministre confirme-t-il ce constat ?

    Est-ce que le diagnostic du burn-out est un diagnostic un peu à la mode ?
    Ou s’agit-il d’un vrai symptôme traduisant un réel mal-être au travail ?

    Quelle est donc sa stratégie pour y faire face et y remédier ?
  • Réponse du 20/06/2017
    • de LACROIX Christophe

    Avant toute chose, je tiens à préciser à l’honorable membre qu’un agent de l’Administration wallonne absent n’induit aucun surcoût pour le budget wallon. En effet, comme dans n’importe quelle entreprise, l’absence d’un travailleur est à considérer comme une perte de productivité pour la structure qui l’occupe.

    Par ailleurs, le montant avancé dans sa question n’est pas exact si l’on s’en réfère uniquement aux données que me communique le Service public de Wallonie (je ne dispose en effet pas des données pour les OIP pour lesquelles j’invite l’honorable membre à s’adresser directement aux ministres fonctionnellement compétents). Ainsi, pour le SPW, durant l’année 2016, c’est 30.093 certificats médicaux, couvrant un total de 253.492 jours de maladie, qui ont été réceptionnés (soit un nombre moyen de 8,4 jours d’absence/certificat) ce qui représente un montant de 21.169.413 euros.

    En ce qui concerne le burn-out, 1511 certificats de maladies le mentionnent en 2016. Sur un total de 19.679 jours d’absence, il représenterait 7.76 % de l’absentéisme (ce taux est stable par rapport à 2015 : 7.73 %). Ces chiffres sont toutefois à prendre avec un certain recul, car 30 % des certificats médicaux ne précisent aucune cause d’absence. Ils fournissent néanmoins une indication sur le fait que le burn-out constitue l’un des facteurs et non le seul pouvant expliquer l’absentéisme.

    En ce qui concerne les causes de l’augmentation de l’absentéisme au sein du SPW, j’ai chargé mon administration de recourir aux services de Mensura (partenaire de Medconsult) en vue d’obtenir un rapport détaillé sur cette problématique qui permettra d’avoir une vue plus précise du phénomène et de mener les actions appropriées.

    J’attire cependant l’attention de l’honorable membre sur le fait que les informations dont disposera mon administration dans ce cadre ne seront pas exhaustives en raison, d’une part, du secret médical et du respect de la loi sur la protection de la vie privée et, d’autre part, du fait que le diagnostic, comme je viens de le préciser, n’est pas une donnée obligatoire à fournir sur les certificats médicaux.
    Cela étant, je n’attends cependant pas ce rapport pour réagir puisque j’ai déjà pris les mesures suivantes :
    1. Dans le cadre du nouveau marché relatif au contrôle des absences maladie, qui prendra effet au 01/07, j’ai décidé de doubler le nombre annuel de contrôles.
    2. Dans le cadre de la mise en œuvre de la convention sectorielle :
    * une analyse psychosociale va être lancée au sein du SPW avec volet spécifique dédié à l’absentéisme en vue d’établir une analyse des causes.

    * Il est prévu d’élaborer un Plan de prévention et de lutte contre l’absentéisme (pour lequel un budget de 620.000 euros a été dégagé) lié notamment à l’âge (mesures de prévention et de contrôle dès l’âge de 45 ans). Mon administration travaille actuellement sur un projet de Plan qui va m’être présenté dans les prochaines semaines. L’étude Mensura dont question supra permettra également d’orienter ce Plan, mais je peux déjà annoncer que les actions suivantes sont planifiées :
    - des formations relatives à la gestion et à la prévention de l’absentéisme sont organisées par l’EAP dans le cadre du plan de formation du personnel d’encadrement ;
    - des mesures d’accompagnement pour les travailleurs reprenant le travail après une maladie de longue durée et la mise en place d’une communication sur les possibilités d’aménagements raisonnables pour raisons médicales.
    Dans le cadre de la modification réglementaire du régime des absences pour maladie, sur ma proposition, le Gouvernement a validé en dernière lecture, le 15/06/2016, l’Arrêté visant à limiter à 3 jours par année civile tant le nombre d’absences pour maladie sans certificat médical que le nombre de retours à domicile pour maladie.

    * En parallèle, le Gouvernement wallon a approuvé le 21/07/2016 le Plan Bien-être dont les mesures pourront nécessairement contribuer à une diminution de l’absentéisme :
    - Un axe consiste à mettre en œuvre une politique de prévention et de gestion du stress et du burn-out et qui prévoit notamment la mise en œuvre d’action visant à :
    + faciliter le retour au travail des absents de longue durée, pour cause, entre autres, de burn-out avec le soutien du Service social via la rédaction de folders à destination de la hiérarchie et des agents ainsi que l'accompagnement de l’agent et de l’équipe dans la phase de reprise du travail ;
    + offrir un accompagnement à la hiérarchie, aux équipes et aux agents dans la gestion de certaines problématiques tel que le burn-out et le stress via la mise sur pied d’une cellule d’écoute et d’accompagnement ;
    + organiser des séances de formation/sensibilisation/prévention/gestion du burn-out à l’attention du personnel d’encadrement, des personnes en charge des ressources humaines et des membres de la plateforme bien-être ;
    + organiser une sensibilisation sur le bore-out, le burn-out et le stress au travail via des sessions d'acquisition et d'échange de pratiques de prévention à l’attention des fonctionnaires généraux, des inspecteurs généraux, des directeurs et la hiérarchie intermédiaire et réaliser un guide des bonnes pratiques sur base du contenu des séances et d’autres apports externes ;
    + développer un cadre de travail harmonieux en vue d’offrir un plus grand épanouissement aux travailleurs en mettant la priorité sur la mise en conformité de l’ensemble des bâtiments ;
    + former tous les correspondants du personnel, le personnel d’encadrement et les correspondants locaux immobiliers en matière de Bien-être.

    - Un autre axe de ce Plan est par ailleurs spécifiquement consacré à la prévention et à la lutte contre l’absentéisme. L’enquête psychosociale qui sera réalisée au titre d’action prioritaire du Plan Bien-être (et qui comportera un volet spécifiquement dédié à l’absentéisme) constitue permettra de mieux cibler les causes de l’absentéisme et d’envisager des mesures adaptées aux besoins.