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La lutte contre l'isolement des personnes âgées

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 949 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 30/05/2017
    • de KNAEPEN Philippe
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    En Belgique, une personne âgée sur cinq souffrirait d'isolement social. Cet isolement n'aurait aucun lien direct avec la situation économique de la personne puisque les personnes issues d'un milieu aisé seraient également touchées par cet isolement. Les causes de cette situation sont multiples, complexes et multifacettes.

    De nombreuses initiatives, privées ou publiques, existent pour enrayer ce phénomène. Sans entrer dans l’énumération de celles-ci, il existe notamment le concept de Ville Amie des Aînés. Ce projet se développe dans un cadre fixé par l’OMS depuis une dizaine d’années. L’objectif est de réaliser un diagnostic participatif par et avec des aînés et de proposer un plan d’action. L’idée est de prendre en compte l’ensemble des déterminants de la santé sans se cantonner uniquement sur les déterminants sociosanitaires.

    Des projets-pilotes avaient été lancés sous la législature précédente et l’évaluation de ceux-ci avait montré certaines failles. Un projet de recherche-action avait alors été financé par la Région visant au développement d’une méthodologie d’accompagnement des communes. Un comité de pilotage régional accompagne ainsi 5 à 10 communes volontaires, à qui une formation « référents VADA » a été dispensée. Où en est aujourd’hui ce projet  ?

    Quelles sont les communes participantes  ?

    La méthodologie a-t-elle été finalisée  ?

    Quels résultats concrets peut-on tirer de cette expérience pilote  ?
  • Réponse du 13/06/2017
    • de PREVOT Maxime

    Comme le souligne l'honorable membre au travers de l’étude de la Fondation Roi Baudoin « Vieillir, mais pas tout seul » (2012), près d’une personne de plus de 80 ans sur cinq se trouve en situation d’isolement social. Cependant, la même étude souligne qu’il ne faut pas confondre l’isolement social et la solitude. L’isolement est le résultat d’un déficit d’interactions sociales, tandis que la solitude est un sentiment. Si certaines personnes âgées disposent de peu d’interactions sociales, cela ne signifie pas pour autant qu’elles souffrent de solitude. L’étude démontre en effet que plus les adultes avancent en âge, plus ils recherchent des relations de qualité plutôt que des relations en quantité.

    En effet, une des idées fausses les plus répandues sur les personnes âgées est qu’elles sont plus ‘malheureuses’ que le reste de la population. Pourtant, les études internationales démontrent que c’est précisément dans la catégorie des seniors que l’on trouve la plus forte proportion de gens heureux. Les aînés rapportent un niveau de bien-être plus élevé que les jeunes. Le grand âge peut être l’occasion d’un grand bonheur d’accomplissement de sa vie (DAYEZ, J.B., C’est quand le Bonheur ? Est-on heureux de la même façon à tous les âges de la vie ?, Analyse Enéo, 2012/27, 2012 ).

    Une étude de la VUB ( ELCHARUS, M. SMITS, W., Le plus grand bonheur, Vrije Universiteit Brussel, 2007) sur le bonheur portant sur 4.500 Belges a montré que c’est la catégorie des 66-75 ans qui se sentait la plus heureuse. L’étude a confirmé que, de manière globale, les personnes âgées en Belgique sont heureuses. Après 75 ans, le sentiment de bonheur diminue légèrement, tout en restant sensiblement plus élevé que pour la tranche des 46-55 ans. Enfin, comme le souligne le sociologue français, Vincent CARADEC et ce, en contradiction avec les idées reçues, les solidarités familiales n’ont jamais été aussi importantes. Nous sommes donc loin du mythe des personnes âgées malheureuses et isolées.

    Par contre, ce n’est pas parce que ce phénomène social n’est pas aussi important qu’on pourrait le croire qu’il n’existe pas. Je me permets à cet égard d’aborder un phénomène plus largement répondu et silencieux dans notre pays : l’âgisme. L’âgisme consiste à stigmatiser une personne et à lui prêter des particularités en se basant uniquement sur son âge. Les projets qui encouragent la participation citoyenne de tous les aînés visent justement à lutter contre ce stéréotype et donc à lutter contre l’isolement et/ou la solitude des aînés.

    L'honorable membre mentionne à ce titre des projets-pilotes qui avaient été lancés sous la législature précédente. L’évaluation de ceux-ci avait montré certaines failles. En effet, l’étude réalisée à l’époque par la faculté de sociologie de l’UCL avait démontré que les communes, notamment via les Conseils Consultatifs Communaux des Aînés, avaient réalisé des plans d’actions à l’intention des aînés, mais sans solliciter l’avis des principaux intéressés. Résultat : les plans d’actions n’ont pas obtenu le succès escompté ! Enfin, les activités proposées se résumaient essentiellement à des activités consommatrices : organisations de loisirs, d’activités culturelles et de sorties. Il est donc essentiel, dans cette démarche, de consulter la population concernée, et ce de manière représentative.

    Mon Cabinet soutient cette dynamique via les projets « Wallonie Amies des Ainés » en partenariat avec le « Secrétariat aux Aînés et le Carrefour Action Municipale et Famille » du Québec qui accompagnent des agents de l’AViQ dans cette démarche encadrée et soutenue par l’OMS. La dynamique Wallonie Amies des Ainés (WADA) consiste à développer la participation des aînés dans leur commune. La Wallonie compte aujourd’hui 6 nouvelles communes WADA : Malmedy, Farciennes, Braine-l’Alleud, Vaux-sur-Sûre, Namur et Sprimont. Ces communes s’ajoutent à la commune de Mons déjà reconnue par l’OMS. Cette dynamique WADA vise notamment à intégrer les besoins spécifiques des ainés dans l’ensemble des politiques publiques de la Ville : aménagement et travaux publics, gestion de l’espace public, sécurité, logement, environnement, soutien à la vie associative et sportive locale, santé et prévention. L’ancrage social prend ici toute son importance. Le projet WADA s’appuie sur les dispositifs locaux existants comme le plan de cohésion sociale, les subsides aux infrastructures, les commissions consultatives des aînés,…

    L’ensemble des communes vient de réaliser un diagnostic social où des aînés provenant de différents quartiers ont été formés pour réaliser des entretiens auprès d’autres aînés de leur commune. L’objectif de ce diagnostic social est de disposer de la « parole de tous » : les séniors actifs, les personnes plus dépendantes, les aidants proches ou encore les aînés qui font partie d’une minorité culturelle. La collecte de ces entretiens permet de récolter les propositions et les besoins des aînés pour dresser des priorités d’actions réalistes. Cette démarche impose aussi que les élus et l’administration communale participent à ce mouvement afin d’en assurer la pérennité et l’exécution.

    Une évaluation de ces projets-pilotes est attendue pour fin 2017. Dès janvier 2018, la coordination et le développement de ces initiatives seront assurés par l’AViQ, et ce notamment afin de garantir le respect de la démarche définie par l’OMS. WADA est par ailleurs inclus dans l’accord de coopération stratégique (CCS – Country Cooperation Strategy) conclu entre la Belgique et l’OMS 2016 – 2022.