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La prévention des troubles thyroïdiens

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 953 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 30/05/2017
    • de GERADON Déborah
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Le 25 mai est consacré à la journée mondiale de la thyroïde. En effet, les troubles thyroïdiens (thyroïdite auto-immune, nodule, cancer, etc.) touchent près de 500.000 Belges.

    À la lecture de ces chiffres, il est d’ailleurs interpellant d’apprendre que les Wallons sont deux à trois fois plus touchés que les Flamands.

    Cette différence notable s’expliquerait, pour certains, par la situation géographique de la Wallonie, plus éloignée de la mer, ce qui entraînerait une carence en iode pour ses habitants.
    Pour d’autres, cette disparité entre les régions serait plutôt due à une meilleure utilisation des tests diagnostiques en Wallonie et à Bruxelles.

    Sur base de ce qui précède, Monsieur le Ministre dispose-t-il de chiffres officiels quant au pourcentage réel de personnes touchées par les troubles thyroïdiens en Wallonie ?

    Si tel est cas, le Gouvernement wallon a-t-il envisagé des campagnes d’information et de prévention visant, par exemple, à ajouter de l’iode dans certains produits alimentaires ?
  • Réponse du 19/06/2017
    • de PREVOT Maxime

    En ce qui concerne les données sur le pourcentage de personnes touchées par les troubles thyroïdiens, le chiffre de 500 000 Belges atteints ne précise pas de quel type de pathologie il s’agit ; nodules bénins, cancer, hyperthyroïdie ou hypothyroïdie grave.

    Les études épidémiologiques sur la prévalence précise des troubles thyroïdiens sont limitées. À ma connaissance, il n’y en a ni pour la Wallonie, ni pour la Belgique.

    Les nodules thyroïdiens sont fréquents et dans la majorité des cas cette affection est bénigne et ne donne lieu à aucun symptôme. Elle est plus répandue chez les femmes et sa fréquence augmente avec l’âge, ou dans certains contextes.

    Les hyperthyroïdies et hypothyroïdies graves souvent dues à une maladie auto-immune sont rares (prévalence de moins de 1 %).

    Les cancers de la thyroïde sont en légère augmentation selon la Fondation registre du cancer (http://www.cancer.be/nouvelles/le-cancer-de-la-thyro-de-est-il-sur-diagnostiqu) qui précise que ceci est notamment dû à l’accroissement de la population et à son vieillissement. Par ailleurs, dans une étude réalisée par la KUL en collaboration avec la Fondation registre du cancer et publiée en 2013, les chercheurs attribuent aussi une grande partie des variations régionales de l’incidence des cancers thyroïdiens à une utilisation plus intensive de l’imagerie médicale pour le diagnostic et de la chirurgie thyroïdienne pour les traitements en Wallonie et à Bruxelles qu’en Flandre. Et, dans un rapport de 2012, le KCE suggérait que « les différences interrégionales observées en Belgique restent inexpliquées. Elles pourraient être attribuées à des facteurs environnementaux (déficience en iode, pollution industrielle ou chimique, sources de radiations ionisantes, proximité de sites ou de centrales nucléaires), à des facteurs étiologiques ou prédisposant induisant le développement de tumeurs sur la thyroïde ou à des biais de détection. ».

    Si les cas de carences sévères, comme dans certaines régions montagneuses, ont disparu d'Europe, certains Belges souffrent encore de déficiences marginales. C'est pour y remédier qu’en 2009, un plan fédéral incitant les boulangers à utiliser du sel iodé a été mis en place. D'après le Conseil supérieur de la Santé (CSS n° 9285 - septembre 2016), 47 % du pain actuellement consommé en contient.

    Dans ses recommandations nutritionnelles pour la Belgique (CSS), le CSS recommande la généralisation du recours à ce type de sel. Plutôt que de l'imposer, le SPF Santé publique privilégie la sensibilisation des boulangers. Il souhaite aussi que la grande distribution mette davantage en avant les sels enrichis en iode et aligne leur prix sur les sels classiques. Il demande enfin aux professionnels de la santé, et spécialement aux gynécologues, de veiller à l'apport en iode de leurs patients, au besoin via des compléments nutritionnels. Dans ses recommandations pratiques, le CSS précise également qu’aucune complémentation systématique ne doit être envisagée pour la population générale.

    L’application de ces recommandations dépend du Ministre fédéral de la Santé publique. Pour plus de détails concernant leur application, j'invite l'honorable membre à poser la question à Madame la Ministre, Maggie DE BLOCK.

    Des recommandations concernant l’utilisation généralisée du sel iodé feront partie du plan prévention - promotion en relation avec une alimentation saine en Wallonie.