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La prévention de troubles de la thyroïde en Wallonie

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 954 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 30/05/2017
    • de TROTTA Graziana
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Selon les informations, environ 500.000 personnes souffrent de troubles de la thyroïde en Belgique, mais ceux-ci seraient deux à trois fois plus élevés en Wallonie qu'en Flandre. La question est de savoir s'il y a davantage de carences en iode dans notre région et/ou si on les diagnostique et traite mieux qu'au nord du pays.

    Certains spécialistes souhaitent une meilleure prévention de la pathologie nodulaire par l'ajout d'iode généralisé à l'ensemble de la population. Pour ce faire, des pistes existent dont l'utilisation du sel iodé dans le pain ou l'augmentation de l'utilisation de sel de ménage iodé en lieu et place du sel non iodé.

    En 2014 (publication du Conseil supérieur de la Santé N°8913, Stratégies visant à augmenter l’apport iodé en Belgique, Évaluation et recommandations, 7 mai 2014) le Conseil supérieur de la Santé a estimé qu'une complémentation iodée du pain est à considérer comme utile pour la population en général.

    Eu égard à cette problématique, de quelles données dispose Monsieur le Ministre sur l'état de déficience iodée au sein de la population wallonne ?

    Un programme de prévention généralisé à l'ensemble de la population a-t-il été examiné par ses services ?

    Le Conseil supérieur de la Santé recommande que l’ensemble des autorités ayant des compétences en matière de santé dans les Communautés et Régions de Belgique adoptent une attitude concertée et cohérente eu égard à cette thématique.

    Une concertation a-t-elle lieu avec le Gouvernement fédéral et le Service public fédéral de la Santé publique sur cette matière ?
    Dans l'affirmative, l'augmentation de l'apport iodé de la population – wallonne - est-elle envisagée et si oui par quel(s) moyen(s) ?
  • Réponse du 19/06/2017
    • de PREVOT Maxime

    En ce qui concerne les données sur le pourcentage de personnes touchées par les troubles thyroïdiens, le chiffre de 500 000 Belges atteints ne précise pas de quel type de pathologie il s’agit ; nodules bénins, cancer, hyperthyroïdie ou hypothyroïdie grave.

    Les études épidémiologiques sur la prévalence précise des troubles thyroïdiens sont limitées. À ma connaissance, il n’y en a ni pour la Wallonie, ni pour la Belgique.

    Les nodules thyroïdiens sont fréquents et dans la majorité des cas cette affection est bénigne et ne donne lieu à aucun symptôme. Elle est plus répandue chez les femmes et sa fréquence augmente avec l’âge, ou dans certains contextes.

    Les hyperthyroïdies et hypothyroïdies graves souvent dues à une maladie auto-immune sont rares (prévalence de moins de 1 %).

    Les cancers de la thyroïde sont en légère augmentation selon la Fondation registre du cancer (http://www.cancer.be/nouvelles/le-cancer-de-la-thyro-de-est-il-sur-diagnostiqu) qui précise que ceci est notamment dû à l’accroissement de la population et à son vieillissement. Par ailleurs, dans une étude réalisée par la KUL en collaboration avec la Fondation registre du cancer et publiée en 2013, les chercheurs attribuent aussi une grande partie des variations régionales de l’incidence des cancers thyroïdiens à une utilisation plus intensive de l’imagerie médicale pour le diagnostic et de la chirurgie thyroïdienne pour les traitements en Wallonie et à Bruxelles qu’en Flandre. Et, dans un rapport de 2012, le KCE suggérait que « les différences interrégionales observées en Belgique restent inexpliquées. Elles pourraient être attribuées à des facteurs environnementaux (déficience en iode, pollution industrielle ou chimique, sources de radiations ionisantes, proximité de sites ou de centrales nucléaires), à des facteurs étiologiques ou prédisposant induisant le développement de tumeurs sur la thyroïde ou à des biais de détection. ».

    Si les cas de carences sévères, comme dans certaines régions montagneuses, ont disparu d'Europe, certains Belges souffrent encore de déficiences marginales. C'est pour y remédier qu’en 2009, un plan fédéral incitant les boulangers à utiliser du sel iodé a été mis en place. D'après le Conseil supérieur de la Santé (CSS n° 9285 - septembre 2016), 47 % du pain actuellement consommé en contient.

    Dans ses recommandations nutritionnelles pour la Belgique (CSS), le CSS recommande la généralisation du recours à ce type de sel. Plutôt que de l'imposer, le SPF Santé publique privilégie la sensibilisation des boulangers. Il souhaite aussi que la grande distribution mette davantage en avant les sels enrichis en iode et aligne leur prix sur les sels classiques. Il demande enfin aux professionnels de la santé, et spécialement aux gynécologues, de veiller à l'apport en iode de leurs patients, au besoin via des compléments nutritionnels. Dans ses recommandations pratiques, le CSS précise également qu’aucune complémentation systématique ne doit être envisagée pour la population générale.

    L’application de ces recommandations dépend du Ministre fédéral de la Santé publique. Pour plus de détails concernant leur application, j'invite l'honorable membre à poser la question à Madame la Ministre, Maggie DE BLOCK.

    Des recommandations concernant l’utilisation généralisée du sel iodé feront partie du plan prévention - promotion en relation avec une alimentation saine en Wallonie.