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L’impact de l’initiative chinoise "La Ceinture et la Route" pour la Wallonie

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 340 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 30/05/2017
    • de DOCK Magali
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    La Chine a lancé un projet très ambitieux pour développer ses intérêts et la croissance de différentes économies du contient eurasiatique.
    La Belgique est concernée par ce processus de par les investissements effectués en Europe, en particulièrement autour d’Anvers.

    On peut également noter que l’aéroport de Bierset profite depuis 2015 de l’afflux de touristes chinois. Concrètement, la Belgique est touchée à différents niveaux et avec une intensité différente.

    Existe-t-il déjà eu une étude quantifiant les retombées que ce mégaprojet pourrait apporter à la Wallonie  ?
    Sinon, y en a-t-il une en préparation  ?

    Quelle est la stratégie de Monsieur le Ministre à l’égard des investissements chinois en Wallonie  ?
  • Réponse du 20/06/2017
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Ce méga projet chinois s’appelle OBOR (One Belt One Road – Une Ceinture Une Route). C’est en effet un projet immense avec des implications sur tout le continent eurasien. C’est un projet évolutif depuis son annonce en septembre 2013 : nos amis chinois sont très pragmatiques et souples. Ils réagissent et s’adaptent, que ce soit suite au Brexit ou plus récemment à l’isolement du Qatar qui est – ou était – une base importante de leur stratégie maritime.

    Il y a en effet une étude de 2015 réalisée par A+C Consult que dirige l’ancien patron de SNCB Logistics, M. Counet. Il en ressort que la plateforme liégeoise constitue déjà à l’heure actuelle une connexion « techniquement possible » pour les trains en provenance de Chine via l’Allemagne. Nous pouvons accueillir les trains chinois à deux conditions :
    1. Nous devons avoir une infrastructure multimodale adaptée à leurs besoins. C’est le cas – ou cela peut l’être rapidement – dans trois cas : le Trilogiport avec sa capacité de stockage et de transbordement RAIL+WAT ; le Liège Cargo Terminal sur le site de l’aéroport de Bierset avec une connexion avec la ligne TGV et enfin Ardenne Logistics avec ses connexions rail-route.
    2. Il faut remplir les containers qui repartent vers la Chine. Il y a deux solutions : vous importez de Chine une partie de la production et vous exportez en Chine une autre partie de la production. Ce n’est possible que dans de grands groupes industriels. Ou bien vous groupez des exportations grâce à des centres logistiques efficaces et bien situés.

    Un exemple intéressant est l’arrivée début juin au port de Zeebrugge du premier train de 120 voitures Volvo construites en Chine. Le China Europe Railway « Heilongjiang-Zeebrugge » devrait rouler quatre à six fois par semaine. C’est intéressant, car les infrastructures de ce port sont de dimensions comparables à celles de Liège.

    La taille du port n’importe pas pour les Chinois, c’est le prix, l’efficacité et la capacité selon les besoins qui priment. Les Chinois misent dans un premier temps sur 5.000 trains de conteneurs par an soit entre 200.000 et 400.000 conteneurs. Par comparaison la capacité des plus grands bateaux porte-conteneurs est de 20.000 EVP (équivalent conteneur de vingt pieds). Dès lors nous pouvons être compétitifs par rapport à des géants comme Anvers et Rotterdam qui sont plus chers et avec moins d’espace disponible.

    Nous sommes confiants que la Wallonie aura sa part. Actuellement, la logistique représente 14,3 % des investissements chinois en Wallonie. Ce marché est en pleine expansion. En effet, la vitesse moyenne actuelle des trains (moins de 30 km/h) va aller en s’améliorant et la part du chemin de fer ira en grandissant. Notre avantage compétitif face à Anvers ira dès lors en s’accroissant, de par notre position géographique, les prix et la disponibilité de nos terrains pour la logistique.

    Sept « Welcome Offices » ont ouvert leurs portes en Wallonie. Ce sont des incubateurs qui aident les entreprises étrangères à faire leurs premiers pas pour s’implanter en Wallonie. Ces centres leur offrent une série de services comme la présence d'un gestionnaire multilingue, des conseils administratifs et logistiques, une assistance pour comprendre la langue et la culture et également l'ensemble des services de l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (AWEx).

    Le premier d’entre eux a été le China Welcome Office inauguré à Mons en décembre 2009. Il y a été actif jusque novembre 2016 pour aller à Louvain-la-Neuve pour joindre ses forces avec le CBTC. Le « China-Belgium Technology Center » est un projet de première importance qui à terme doit créer pas moins de 1.300 emplois. D’ailleurs, les travaux de construction commencent en août et la première des trois phases doit s’achever fin 2018. Les trois phases devraient durer huit ans.

    Il est important de souligner le très important réseau commercial que la Wallonie possède en Chine à Beijing (Pékin), Shanghai, Guangzhou (Canton), Hong Kong, Shenzhen et Wuhan. Nous aidons non seulement les entreprises wallonnes à exporter en Chine, mais également à attirer les investisseurs chinois en Wallonie. Nous participons chaque année au COIFAIR - China Overseas Investment Fair (stand d'information) à Beijing (Pékin).

    Cette politique a porté ses fruits : 268 emplois directs ont créé jusqu’en 2016 suite 53,4 millions euros d’investissements. En termes d’emplois créés, la Chine est le 10e investisseur au niveau mondial, entre le Luxembourg et le Canada et le 2e investisseur d’Asie-Océanie, entre le Japon et l’Australie. En termes de montants investis, la Chine est le 20e investisseur au niveau mondial, entre le Brésil et Israël et le 4e investisseur d’Asie-Océanie entre l’Australie et la Corée.
    Dans quels secteurs ? Au niveau des emplois directs créés, les NTIC se taillent la part du lion avec près de la moitié (48,06 %) des emplois directs créés. La mécanique (1/5 – 19,61 %), la chimie (1/10 – 9,91 %) et l’agroalimentaire (1/14 – 7,33 %) sont les autres secteurs principaux.

    Au niveau des montants investis, les NTIC se taillent la part du lion avec près de la moitié (47,33 %) du montant des investissements. La mécanique (1/5 – 10,44 %), la logistique (1/7 – 14,29 %) et la chimie (1/9 – 14,29 %) sont les autres secteurs principaux.