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Le VIH chez les seniors

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 960 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 30/05/2017
    • de LECOMTE Carine
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Les campagnes de prévention s’adressent principalement aux jeunes et ne concernent habituellement pas les seniors. Cependant, le risque de contracter le VIH est important après 60 ans étant donné que l’immunité est en baisse.

    Ainsi, en Belgique, selon les chiffres du CETIM, le nombre de personnes de plus de 60 ans touchées par le VIH a presque doublé en 7 ans, passant de 6 % en 2006 à 11 % en 2013. Dans le rapport de l’Institut Scientifique de Santé publique sur l’Épidémiologie du Sida et de l’infection à VIH en Belgique (2014) , on pouvait lire que les personnes âgées de 50 ans et plus représentaient 16 % des diagnostics de séropositivité (72 % pour les 25 -49 ans et 10 % pour les 15 -24 ans). Entre 2005 et 2014, la proportion de personnes de 50 ans et plus touchée par le VIH est passée de 11 à 16 %.

    Cette augmentation de cas de VIH chez les personnes de cette tranche d’âge n'est pas spécifique à la Belgique. On la retrouve dans d’autres pays, comme la France par exemple, où les seniors représentaient 18 % des 6400 nouveaux cas de VIH diagnostiqués en 2012 contre 12 % en 2003.

    Tous les professionnels s’accordent pour dire que l’âge en soi est un facteur de risque du VIH. En effet, certains changements inhérents au vieillissement, par exemple une fragilisation naturelle des muqueuses entraînant une augmentation de la perméabilité de celles-ci au virus HIV ou encore la diminution de l’immunité, augmentent le risque d’infection.

    Monsieur le Ministre dispose-t-il de chiffres sur le VIH touchant les seniors en Région wallonne (nombre de cas diagnostiqués)  ?
    Si oui, quelle analyse en a été faite  ?

    Quelles actions compte-t-il mener pour informer et sensibiliser les seniors aux risques du VIH/SIDA  ?

    L’on constate que les seniors ont des représentations erronées du VIH/SIDA et partant, considèrent qu’ils ne font partie d’aucun des groupes à risque.

    Cette composante sera-t-elle prise en compte dans la réflexion à initier  ?

    En outre, pour qu’elles soient efficaces, il y a lieu de s’attaquer parallèlement aux stéréotypes entourant la sexualité des seniors. À cet égard, en tant que Ministre de l’Égalité des chances, quels sont les leviers dont il dispose ?

    Dans le même ordre d’idée, une campagne de sensibilisation auprès des professionnels de la santé ne s’avère-t-elle nécessaire pour qu’ils intègrent davantage, dans la recherche du diagnostic, la dimension sexuelle quel que soit l’âge  ?
  • Réponse du 13/06/2017 | Annexe [PDF]
    • de PREVOT Maxime

    Pour rappel, en 2015, 1.001 infections par le VIH ont été diagnostiquées en Belgique, ce qui correspond à 91 nouveaux diagnostics par million d’habitants ou encore à 2,7 nouveaux diagnostics par jour en moyenne. Le nombre d’infections diagnostiquées en 2015 est en recul de 4,7 % par rapport à l’année 2014. L’épidémie de VIH est concentrée essentiellement dans deux populations : les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), principalement de nationalités belge et européenne, et les personnes qui ont contracté le virus via des rapports hétérosexuels et provenant principalement de pays d’Afrique subsaharienne.

    En annexe, les données de nouveaux diagnostics VIH chez des personnes résidant en Wallonie, par groupe d'âge de 5 ans et année de diagnostic.

    Entre 2011 et 2015, il n’y a pas eu de grande modification en termes de nouveaux cas. Cependant, le pourcentage de nouveaux diagnostics chez les personnes âgées de 50 ans et plus est en augmentation {par rapport au nombre total de cas (13,85 % en 2011 contre 17,93 % en 2015)}.

    Il s’agit bien de l’âge auquel la personne a été diagnostiquée et pas forcément l’âge auquel elle a été infectée : 35 % des infections diagnostiquées en 2015 étaient des infections diagnostiquées tardivement (évaluation basée sur le taux de CD4 lors du diagnostic).

    Les nouveaux diagnostics concernent majoritairement les hommes (en 2015, 20 hommes pour 6 femmes étaient concernés).

    En 2015, plus de 15.000 patients infectés par le VIH ont été suivis médicalement en Belgique. On constate une augmentation régulière du nombre de patients suivis médicalement pour le VIH, avec une moyenne de 755 patients supplémentaires en suivi chaque année.

    La population infectée par le VIH en suivi médical par contre évolue et devient plus âgée, avec des durées en suivi médical plus longues: en 10 ans, la proportion de patients âgés de 50 ans et plus est passée de 19 % en 2006 à 34 % en 2015. Le vieillissement est observé dans les deux sexes : l’âge moyen des femmes était de 38 ans en 2006 et 43 ans en 2015, et chez les hommes, de 43 ans en 2006 et 46 ans en 2015. Cette augmentation en âge de la population infectée par le VIH en suivi médical est principalement due à une amélioration de l’espérance de vie des patients vivant avec le VIH depuis l’introduction des thérapies antirétrovirales. De plus on constate aussi une augmentation de l’âge moyen au moment du diagnostic de VIH. La prise en charge des patients infectés par le VIH notamment dans les centres de référence SIDA évolue ainsi vers une prise en charge globale prenant en compte les comorbidités liées au vieillissement d’une partie des patients en suivi (Source : https://epidemio.wiv-isp.be/ID/reports/Rapport_VIH-SIDA_2015.pdf).

    Mais au-delà du débat sur les chiffres et concernant les stéréotypes entourant la sexualité des seniors, il appert, et je le déplore, que les personnes âgées sont encore trop marquées par des interdits… interdit de vieillir, interdit de sexualité, interdit de vie amoureuse et sentimentale… En institution, aborder ouvertement le thème de la sexualité est également encore souvent tabou, comme si le vécu affectif et sexuel des seniors s’arrêtait à la porte d’une maison de repos. Ce constat est d’autant plus questionnant dans notre société actuelle où on vit plus longtemps en meilleure santé, où la sexualité fait partie des revendications du bonheur et où la sexualité s’étale comme un fait banalisé. Cette réalité est essentiellement portée par deux idées fausses : d’une part, la désexualisation de la vieillesse (les personnes âgées n’ont plus de sexualité) et, d’autre part, que la sexualité des troisièmes et quatrièmes âges continue comme dans les jeunes années de la vie.

    De plus, les messages que la société renvoie partent d’une association négative entre vieillesse et sexualité : « la sexualité est l’apanage de la jeunesse… », « la personne âgée n’a plus de désir et n’est plus désirable ». Eneo le mentionnait justement dans son écrit de septembre 2012 relative à la représentation de la sexualité des aînés : «Notre monde actuel a la particularité d’être aseptisé et de vouloir tout lisser à tout prix : la mort, le suicide, la vieillesse, la laideur, le handicap, etc. Tout ce qui est synonyme d’échec, de défaillance est caché le plus possible. En d’autres termes, nous sommes dans un monde à la recherche éperdue de perfection, de formes d’éternité. En bref, un monde sur un mode «Photoshop”. La sexualité en est par conséquent atteinte elle aussi : elle doit être parfaite et concerner des gens parfaits. Quel intérêt alors dans ce contexte de montrer un corps vieillissant, avec des rides et des soi-disant “imperfections” ? La réalité dérange… ».

    L'honorable membre aborde la campagne de sensibilisation auprès des professionnels de la santé, je profite de la question pour annoncer qu’en mai 2018 se tiendra la seconde édition du Salon « enVIE d’amour », le Salon qui apporte conseils et solutions pour être autonome dans sa vie affective, relationnelle et sexuelle. En avril 2016, l’AViQ avait organisé une 1re édition du Salon qui ne traitait alors que de la vie relationnelle, affective et sexuelle des personnes en situation de handicap. Celui-ci a recueilli un franc succès quantitatif avec près de 6.500 entrées, mais surtout des retombées qualitatives évidentes avec notamment une levée progressive des tabous. Les transversalités évidentes qui sont à l’origine de la création de l’AViQ ont conduit à revoir les partenariats et la programmation. Ce salon s’ouvre donc aux secteurs de la santé mentale et de l’accompagnement des aînés qui éprouvent les mêmes attentes que tout un chacun : construire des relations d’amitié et affectives, être en couple, être respecté et autonome dans sa vie affective, relationnelle et sexuelle.