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La production d’orge et de houblon en Wallonie

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 527 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 31/05/2017
    • de MOUYARD Gilles
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Aujourd’hui l’on peut faire observer que le nombre de brasseries ne fait qu’augmenter en Belgique. Alors que dans le même temps, on fait le constat que la production d’orge et de houblon par nos agriculteurs est relativement modeste. De ce fait nos brasseurs sont obligés d’importer massivement ces matières premières.

    La culture de l’orge brassicole n’intéresserait plus nos agriculteurs parce qu’elle serait pour eux la culture la moins rentable. De plus, cette culture serait beaucoup trop contraignante. Mais dans le même temps, notre pays serait le premier exportateur mondial de malt.

    Pour ce qui est du houblon, on compte aujourd’hui 33 producteurs de cette matière première sur 159 hectares, alors qu’en 1980 on en recensait 180 pour 795 hectares.

    Presque aucune bière wallonne n’est fabriquée à partir de houblons locaux. Cet ingrédient, capital à la bière, était pourtant largement cultivé en Wallonie il y a cent ans. Et on ne compterait plus que trois producteurs en Wallonie (Warneton, Vodelée et Malonne). Autre paradoxe, les neuf dixièmes de notre production de houblon sont exportés.

    Face à une telle situation, on peut parler d’une pénurie de production des principales matières premières de la bière en Belgique. Or nombre de brasseries aimeraient favoriser les circuits courts autour d’elles et jouer la carte des produits des terroirs. De plus, la culture du houblon et de l’orge pourrait être une piste de diversification pour nos agriculteurs qui rencontrent actuellement des difficultés.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre de la situation  ?

    Peut-on parler d’une pénurie de production des principales matières premières de la bière en Belgique  ?
    Dans l’affirmative ou la négative pourrait-il justifier sa réponse  ?

    La culture de l’orge et/ou du houblon ne pourrait-elle pas être une source de diversification pour nos agriculteurs  ?

    Envisage-t-il de favoriser ces cultures en Wallonie  ?
    Si oui, de quelle manière  ?
  • Réponse du 07/06/2017
    • de COLLIN René

    En effet, il est paradoxal que la production de bière soit un des fleurons de nos entreprises agroalimentaires et que nos brasseries semblent ne pas s’approvisionner en matières premières, malt d’orge et houblon, produites en Wallonie. Il est important de faire la différence entre les grands groupes brassicoles et les micros, petites et moyennes brasseries. Les grands groupes cherchent à diminuer au maximum les coûts et à maximiser les marges bénéficiaires, tandis que les brasseries locales sont plus attentives à un approvisionnement régional. Cependant, la typicité voulue de certaines bières artisanales demande souvent des variétés spéciales de houblon d’Europe centrale ou d’Amérique. Je souhaite que la Wallonie tente davantage de répondre à ces besoins.

    Il existe donc une demande. La superficie de Houblon augmente et atteint environ 20 hectares actuellement. Quant aux orges de brasserie, matières premières du malt, si dans le passé nos producteurs rencontraient des difficultés de produire des orges suffisamment pauvres en protéines pour éviter des bières troubles au froid, ce n’est plus un obstacle aujourd’hui puisque nous consommons de plus en plus de bières artisanales qui sont troubles et cela n’est plus considéré comme un défaut.

    La grande difficulté vient, comme le signale l'honorable membre, de prix trop bas pour assurer une rentabilité stable. Il faudrait atteindre les 200 à 240 euros la tonne. Pour corriger cette situation, mes services préparent un cahier des charges de reconnaissance d’un malt de qualité différenciée, ce qui devrait permettre d’apporter satisfaction aux différents maillons de la filière.

    Le Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W) possède effectivement une expertise dans la propagation de houblon sain, notamment exempt de virus. Le secteur en a bien profité puisque la majorité des houblonnières flamandes ont été replantées dans les années nonante en houblons provenant de Gembloux et qu’une partie des plants garnissant les nouvelles houblonnières wallonnes proviennent également du CRA-W. À la différence du houblon, le CRA-W n’est pas impliqué dans l’orge brassicole ; ce dernier est sélectionné et multiplié par des grands groupes internationaux qui satisfont parfaitement la demande de la filière brassicole.

    La réflexion sur le développement d’une filière brassicole courte en Wallonie est déjà plus qu’amorcée.

    Le recensement des projets houblonniers est en cours et une matinée de rencontre et d’échanges autour du houblon a été organisée le 1er avril dernier par DiversiFerm. Une quinzaine de porteurs de projets ont pu y échanger sur leurs besoins. Cette rencontre sera suivie d’autres afin de concrétiser certaines pistes évoquées.

    Le « Houblon belge » est une initiative privée liée à la commune de Poperinge. Basé sur un cahier des charges très léger et peu éloigné de la base légale, il n’est à ma connaissance pas utilisé par les producteurs wallons. Par contre, une demande existe pour un houblon de qualité différenciée. AgriLabel et la Direction de la Qualité sont en train de travailler à un cahier des charges qui, tout en n’exigeant pas de gros efforts de nos producteurs, mènera à un niveau de qualité supérieur, qui plus est, cautionné par une autorité publique.

    Enfin, j’ai également chargé le Collège des producteurs de travailler à l’élaboration d’un Plan de développement de la filière des céréales brassicoles, afin d’activer les leviers nécessaires au développement de ces cultures en Wallonie.

    Plus que jamais, il est indispensable qu’à l’avenir, nos bières puissent être reconnues comme 100 % issues de notre terroir.