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La production d’orge brassicole et de houblon en Wallonie

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 528 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 31/05/2017
    • de DESQUESNES François
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Notre pays possède une riche et ancienne tradition brassicole qui fait notre fierté. Ce savoir-faire vient d’être récompensé avec l’inscription de la culture de la bière belge au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO.

    Ces dernières années, nous avons pu voir se multiplier les microbrasseries, projets portés par des amoureux de leur terroir et désirant bien souvent développer des circuits courts.

    Malheureusement, nos producteurs sont confrontés à la rareté de houblon et d’orge de brasserie produits dans notre pays.

    Pour des raisons de rentabilité économique, de coûts des investissements et la fragilité des cultures, nos producteurs se sont détournés de ces deux cultures, ce qui contraint nos producteurs à importer la majeure partie des quantités nécessaires.

    Lors d’une précédente interpellation, Monsieur le Ministre avait relevé qu’une piste pourrait être d’avoir de vrais contrats entre des producteurs intéressés et les brasseurs. Des contacts ont-ils eu lieu en ce sens ?

    Pourrait-il organiser une concertation ?

    Il indiquait également que le CRA-W avait travaillé sur l’amélioration de l’état sanitaire d’anciennes variétés de houblon. Le centre a-t-il communiqué sur ces résultats auprès des producteurs enregistrés en Wallonie ?

    A l’instar des recherches sur le houblon, le CRA-W a-t-il travaillé sur l’orge brassicole ?

    Il avait indiqué que les initiatives locales qui voient le jour sont peu connues, ne conviendrait-il pas de mieux les cartographier et de grouper ces producteurs afin de les conseiller et les aider ?

    Un projet « Houblon belge » a vu le jour pour promouvoir le houblon produit chez nous. Soutient-il l’initiative ?

    En collaboration, avec son collègue en charge de l’Économie, une réflexion pourrait-elle être menée sur le développement d’un circuit court basé sur le secteur de ces microbrasseries qui connaît un succès tant national qu’international grâce à l’image très positive que véhicule la bière belge ?
  • Réponse du 07/06/2017
    • de COLLIN René

    En effet, il est paradoxal que la production de bière soit un des fleurons de nos entreprises agroalimentaires et que nos brasseries semblent ne pas s’approvisionner en matières premières, malt d’orge et houblon, produites en Wallonie. Il est important de faire la différence entre les grands groupes brassicoles et les micros, petites et moyennes brasseries. Les grands groupes cherchent à diminuer au maximum les coûts et à maximiser les marges bénéficiaires, tandis que les brasseries locales sont plus attentives à un approvisionnement régional. Cependant, la typicité voulue de certaines bières artisanales demande souvent des variétés spéciales de houblon d’Europe centrale ou d’Amérique. Je souhaite que la Wallonie tente davantage de répondre à ces besoins.

    Il existe donc une demande. La superficie de Houblon augmente et atteint environ 20 hectares actuellement. Quant aux orges de brasserie, matières premières du malt, si dans le passé nos producteurs rencontraient des difficultés de produire des orges suffisamment pauvres en protéines pour éviter des bières troubles au froid, ce n’est plus un obstacle aujourd’hui puisque nous consommons de plus en plus de bières artisanales qui sont troubles et cela n’est plus considéré comme un défaut.

    La grande difficulté vient, comme le signale l'honorable membre, de prix trop bas pour assurer une rentabilité stable. Il faudrait atteindre les 200 à 240 euros la tonne. Pour corriger cette situation, mes services préparent un cahier des charges de reconnaissance d’un malt de qualité différenciée, ce qui devrait permettre d’apporter satisfaction aux différents maillons de la filière.

    Le Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W) possède effectivement une expertise dans la propagation de houblon sain, notamment exempt de virus. Le secteur en a bien profité puisque la majorité des houblonnières flamandes ont été replantées dans les années nonante en houblons provenant de Gembloux et qu’une partie des plants garnissant les nouvelles houblonnières wallonnes proviennent également du CRA-W. À la différence du houblon, le CRA-W n’est pas impliqué dans l’orge brassicole ; ce dernier est sélectionné et multiplié par des grands groupes internationaux qui satisfont parfaitement la demande de la filière brassicole.

    La réflexion sur le développement d’une filière brassicole courte en Wallonie est déjà plus qu’amorcée.

    Le recensement des projets houblonniers est en cours et une matinée de rencontre et d’échanges autour du houblon a été organisée le 1er avril dernier par DiversiFerm. Une quinzaine de porteurs de projets ont pu y échanger sur leurs besoins. Cette rencontre sera suivie d’autres afin de concrétiser certaines pistes évoquées.

    Le « Houblon belge » est une initiative privée liée à la commune de Poperinge. Basé sur un cahier des charges très léger et peu éloigné de la base légale, il n’est à ma connaissance pas utilisé par les producteurs wallons. Par contre, une demande existe pour un houblon de qualité différenciée. AgriLabel et la Direction de la Qualité sont en train de travailler à un cahier des charges qui, tout en n’exigeant pas de gros efforts de nos producteurs, mènera à un niveau de qualité supérieur, qui plus est, cautionné par une autorité publique.

    Enfin, j’ai également chargé le Collège des producteurs de travailler à l’élaboration d’un Plan de développement de la filière des céréales brassicoles, afin d’activer les leviers nécessaires au développement de ces cultures en Wallonie.

    Plus que jamais, il est indispensable qu’à l’avenir, nos bières puissent être reconnues comme 100 % issues de notre terroir.