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La lutte contre le tabagisme

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 995 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 06/06/2017
    • de GERADON Déborah
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Cette journée du 31 mai est consacrée à la journée mondiale sans tabac.

    Selon une étude européenne de 2014, 25 % de Belges sont fumeurs contre 30 % dans les années 90. Cette baisse serait le fruit des efforts réalisés dans le cadre de la lutte contre le tabac.

    Selon l’OMS (Observatoire mondial de la santé), les fumeurs représenteront 19 % de la population en 2025.

    Cependant, l’étude menée par Euroaspire indique le nombre de fumeurs ne baisserait plus et la proportion des fumeurs n’ayant aucune intention d’arrêter serait en augmentation.

    Élément tout aussi inquiétant, il semblerait, selon la dernière enquête nationale de santé en 2013, que la Région wallonne recensait le plus grand taux de fumeur en Belgique.

    Depuis, la Wallonie dispose du Plan wallon sans tabac qui s’attèle à lutter fermement contre le tabagisme. Dans ce cadre, le dispositif stratégique opérationnel pluriannuel de 2016 – 2018 est actuellement en cours.

    Monsieur le Ministre peut-il m’éclairer sur l’avancement de ce dispositif ?

    Avons-nous déjà des résultats concluants ?
  • Réponse du 21/06/2017
    • de PREVOT Maxime

    Selon la dernière Enquête nationale de Santé de 2013, la consommation de tabac reste un des plus importants défis de santé publique (Enquête de l’Institut Scientifique de Santé publique, 2013 - échantillon de 6 000 à 9 000 répondants). En effet, en 2013, la Belgique comptait 23 % de fumeurs, c'est-à-dire 19 % de fumeurs quotidiens et 4 % de fumeurs occasionnels. Même si le nombre de fumeurs a nettement diminué depuis 1997 où il était encore de 30 %, le tabagisme concerne donc toujours plusieurs millions de personnes en Belgique !

    Comme le mentionne l'honorable membre, la Région wallonne recense un taux de fumeurs plus important qu'en Flandre ou à Bruxelles, c'est-à-dire 25 % de fumeurs occasionnels et quotidiens. 22 % des Wallons sont des fumeurs quotidiens qui fument en moyenne 16 cigarettes par jour. Ceci représente près de 800.000 fumeurs et plus de 10 millions de cigarettes fumées par jour !

    Je tiens à souligner le fort gradient social associé au tabagisme. En d'autres mots, le processus de dénormalisation du tabagisme n'atteint pas de la même manière toutes les catégories sociales. Ainsi, en 2013, en Région wallonne, les fumeurs quotidiens étaient 13 % parmi les personnes avec un diplôme de l'enseignement supérieur et 25 % parmi les personnes avec au maximum un diplôme de primaire.

    La diminution du tabagisme concerne d'ailleurs surtout les personnes avec les niveaux de diplôme ou de revenu les plus élevés. Pour prendre l'exemple de la Province du Hainaut, entre 1997 et 2013, la prévalence du tabagisme se maintient à 34 % pour les revenus les plus faibles alors qu’elle chute drastiquement pour les revenus les plus élevés passant de 26 % à 16 %. L’écart entre les plus bas et les plus hauts revenus s’est donc creusé, passant de 8 % à 18 % (OSH – tableau de bord 2015 – enquête nationale de santé – Institut de Santé Publique – Echantillon Hainaut).

    Il est erroné de dire que la proportion des fumeurs n’ayant aucune intention d’arrêter est en augmentation. Au contraire, parmi les fumeurs quotidiens qui ont déjà tenté d’arrêter, la motivation au sevrage gagne du terrain puisqu’elle concerne 71 % d’entre eux en 2013, contre 68 % sur la période 2004-2008.

    Depuis 2004, la Wallonie s’est dotée d’un groupe de structures actives en matière de lutte contre le tabagisme. Ce groupe, baptisé « Plan wallon sans tabac », vise la mobilisation des professionnels afin d’améliorer l’accessibilité et la proximité des aides en matière de gestion du tabagisme. De très nombreuses actions sont mises en œuvre par les membres de ce groupe de la ligne « tabacstop » diffusée sur tout le territoire aux actions ciblées dans des écoles, des hôpitaux psychiatriques ou parmi des personnes sans emploi.

    Parmi les actions récentes, des professionnels cherchent maintenant à atteindre les relais et décideurs communaux, notamment CPAS, plans de Cohésion Sociale et services de prévention. L'objectif est la création d’environnements favorables à la santé, l’offre d’un soutien aux professionnels de la santé et du social désireux de s’impliquer, tout en visant le renforcement de l’action communautaire. L’accent y est souvent mis sur les populations à faible statut socio-économique.
    La mobilisation accrue des professionnels intervenant dans les différents milieux de vie permet d'utiliser l'environnement comme un levier pour soutenir des comportements favorables à la santé. En effet, pour certains groupes de population, la capacité de décision d'un individu est limitée par ses conditions de vie et entravée par l'effet de l'environnement. Dans ces actions, le but est de renforcer la responsabilisation sociale, en travaillant sur les représentations, en développant l’esprit critique et la liberté de choix.

    Ce Plan wallon sans tabac va être intégré dans mon Plan Prévention et Promotion de la Santé en Wallonie. En effet, mon Plan de prévention intègre dans ses objectifs stratégiques la diminution du tabagisme et, plus précisément, la promotion de la cessation tabagique chez les jeunes et les adultes, la protection ainsi que la prévention de l’initiation tabagique et de la vape chez les jeunes ainsi que la protection des (non-)fumeurs de l’exposition à la fumée de tabac ou de vape, ainsi que la lutte contre les inégalités sociales de santé.

    Le Plan de prévention et de promotion de la santé est dans sa phase d'opérationnalisation. Les actions du Plan wallon sans tabac vont s'inscrire dans ce cadre. Pour pouvoir suivre la réalisation des actions, les membres du Plan wallon sans tabac finalisent un plan d'action très concret, décliné en objectifs, objectifs opérationnels, actions et indicateurs. Ce plan sans tabac est en bonne voie et il sera disponible fin 2017.

    Cependant, pour être efficaces, ces actions de la Région wallonne devraient être épaulées par des actions du Gouvernement fédéral. À ce niveau, les partenaires du dispositif wallon insistent auprès du Fédéral pour la mise en œuvre des mesures prévues par la Convention-Cadre, à savoir :
    - l’interdiction totale de la publicité du tabac dans et sur la devanture des points de vente,
    - l’introduction du paquet neutre pour tous les produits du tabac,
    - une augmentation significative du prix du tabac manufacturé et un alignement de la fiscalité du tabac à rouler,
    - l’introduction d’une loi renforçant la protection des enfants de la fumée de tabac en voiture
    - une réduction au maximum des contacts avec l’industrie du tabac de la part des administrations, et ce dans une totale transparence. L'histoire a en effet démontré que la puissante industrie du tabac n'hésitait pas à manipuler les pouvoirs publics.