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Le "smart farming"

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 550 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 06/06/2017
    • de POULIN Christine
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    D’après une étude CBC de 2016 sur la transition numérique du monde agricole wallon, en dehors d’une utilisation des outils classiques liés à la gestion administrative de leurs activités (e-mail, internet, etc.), rares sont les agriculteurs qui ont recours aux nouvelles technologies dans le cadre de l’exploitation agricole elle-même (capteurs de données, agri-robots, téléguidage GPS, drones, etc.).

    En croisant ces informations avec des études françaises, l’Agence du Numérique concluait récemment que la Wallonie est à la traîne sur le chemin de la ferme 2.0. Face à ce constat et aux enjeux de développement que le numérique représente dans ce secteur (simplification des tâches, réduction des risques environnementaux, de l’empreinte écologique, efficacité…), quelle est aujourd’hui la stratégie du Gouvernement wallon ?

    Comment faire face, mais surtout, comment accompagner les agriculteurs wallons sur ces sujets ?
  • Réponse du 27/06/2017
    • de COLLIN René

    Il ne faut pas comparer l’agriculture française avec la nôtre ! Notre agriculture est périurbaine, avec un morcellement important des parcelles, des réglementations différentes rendant difficile et peu rentable l’adoption de certaines techniques numériques.

    Ainsi, l’utilisation de drones reste problématique : des petites parcelles, la proximité des habitations, une forte densité de lignes électriques aériennes qui font que les vols ne peuvent avoir lieu n’importe où ni n’importe quand et chaque session de vol est sujette à des demandes d’autorisation.

    Dire que la Wallonie est en retard en matière d’agriculture connectée n’est pas juste !

    En effet, cela fait déjà plusieurs années que des équipes universitaires des Facultés d’agronomie et de la Faculté de médecine vétérinaire ainsi que du Centre Wallon de Recherches Agronomiques (CRA-W) mènent des expériences tant en matière d’élevage, qu’en conduite des cultures, en faisant appel à de la géolocalisation pour apporter avec plus de précision les intrants, à des programmes de gestion de troupeau pour assurer un suivi sanitaire, etc.

    Ainsi, le CRA-W mène des expériences d’agriculture de précision en se basant sur des images satellitaires et sur l’usage de drones et de tracteurs avec de l’électronique embarquée. Il ressort de ces expériences le constat d’économies de carburant et d’intrants et une plus grande précision dans les apports d’engrais et de produits de protection des cultures, en ne ciblant que les endroits où il faut intervenir.

    Dans le domaine de l’élevage, voilà plus de trente ans que de nombreuses exploitations utilisent des logiciels de gestion de troupeau basés sur des capteurs en salle de traite. Ce phénomène s’est intensifié ces dernières années avec l’utilisation de robots de traite. Les animaux identifiés par un collier ou des boucles électroniques voient leur consommation d’aliments, leur production et la qualité de celle-ci mesurées. Il en ressort un suivi sanitaire plus performant, une meilleure maîtrise des intervalles de vêlage (suivi des chaleurs), une sélection génétique des vaches les plus productrices, etc.

    Il faut cependant être conscient que ces solutions demandent des investissements importants. Pour les petites exploitations aux troupeaux plus modestes, aux parcelles plus petites, et elles sont la majorité en Wallonie, l’usage de ces techniques ne peut se faire qu’en les mettant en commun. C’est ce que font des associations comme l’Association wallonne de l’Élevage (AWE) ou des centres pilotes largement soutenus par la Wallonie et qui apportent des réponses en utilisant ces outils d’aide à la décision et en mettant les résultats à la disposition de leurs membres.

    Je tiens à renforcer ces services plus qu’à encourager des agriculteurs à investir individuellement dans des techniques qui sont appelées à encore évoluer et dont le coût d’investissement n’est pas toujours amorti.