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Les conséquences de la vente d'animaux exotiques sur la biodiversité

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 568 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 13/06/2017
    • de DENIS Jean-Pierre
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    L'année dernière, 20 spécimens d'escargots chinois ont été découverts dans un cours d'eau alimentant l'Escaut. Il s'agit d'une espèce originaire d'Asie du Sud-Est ayant une espérance de vie de près de 25 ans. Ceux-ci s'adaptent très bien au climat de nos contrées et peuvent coloniser les autres rivières et cours d'eau.

    Natuurpunt (une association similaire à Natagora), un professeur et son équipe de recherche, s'inquiètent de l'impact de la multiplication de ces escargots sur la biodiversité. D'une part, ils peuvent remplacer nos escargots indigènes. D'autre part, ils représentent un hôte idéal aux parasites indigènes et exotiques. Enfin, ils risquent également d'affecter les réseaux alimentaires dans les rivières et d'influer sur le développement de microbes jouant un rôle primordial dans le recyclage des déchets.

    Ces escargots proviendraient vraisemblablement d'un magasin d'outils de jardinage de la région et ils représentent un bel exemple des dérives qui peuvent survenir lorsque des personnes ne souhaitent plus s'occuper de ces animaux et les relâchent.

    Quelle est la position de Monsieur le Ministre sur la vente d'animaux exotiques, s'acclimatant bien à notre milieu, à ses températures et ses saisons, dans les animaleries et magasins ?

    Un Règlement européen visant à éviter et à atténuer les effets néfastes des espèces exotiques envahissantes définit une série de mesures préventives et curatives s'appliquant pour tout organisme repris sur la liste d'espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l'Union européenne (ou liste européenne). Cette liste reprend 37 espèces.

    Monsieur le Ministre pense-t-il qu'il soit nécessaire d'augmenter les espèces de cette liste ?
  • Réponse du 05/07/2017
    • de COLLIN René

    Comme j’ai déjà eu l’occasion de le préciser le 15 mai dernier à Madame MOINNET, en réponse à sa question orale, l’escargot asiatique observé par les scientifiques flamands dans la vallée de la petite Nèthe répond au nom de Bellamya chinensis (ou Cipangopaludina chinensis).

    Cette espèce n’a pas encore été détectée dans les cours d’eau wallons en dépit de sa présence aux Pays-Bas et en Flandre. Ses impacts sur l’environnement restent très peu documentés dans la littérature scientifique. L’espèce a été introduite en Amérique du Nord la fin du XIXe siècle et y est aujourd’hui largement installée. Aucun impact n’y a été constaté sur les mollusques indigènes et aucune introduction de nouveaux parasites ou agents pathogènes n’y a été mise en évidence, ce qui porte à croire que cet envahisseur est relativement bénin.

    L’arrivée de cette espèce est surveillée au travers des systèmes d’inventaire mis en place dans le cadre de la mise en œuvre de la Directive Cadre sur l’Eau et du nouveau Règlement sur les Espèces exotiques envahissantes.

    Il n’est toutefois pas envisagé de préparer un plan d’action contre cette espèce dans la mesure où aucun élément ne nous permet aujourd’hui d’affirmer qu’elle constitue une réelle menace pour l’environnement et où l’expérience montre qu’il est très difficile de contenir l’expansion de mollusques aquatiques invasifs.

    Les budgets que j’alloue à la lutte contre les espèces exotiques envahissantes sont utilisés en priorité à l’encontre d’organismes dont les effets délétères sur l’environnement sont bien établis et pour lesquels des actions concertées sont le plus souvent envisagées à l’échelle de l’Union européenne en vertu du Règlement qu'évoque l'honorable membre. Cette liste est évolutive et passera toute prochainement de 37 à 49 espèces. Parmi les nouveaux arrivés dans celle-ci figurent la balsamine de l’Himalaya, la berce du Caucase et le rat musqué, trois espèces largement établies sur le territoire wallon. D’autres espèces pourront encore y être ajoutées par la suite, à l’initiative des États membres ou de la Commission européenne. Il est tout à fait possible d’y ajouter différentes espèces vendues dans les animaleries pour peu que leurs effets délétères soient préalablement démontrés au travers d’une analyse de risques détaillée.