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Le Plan wallon sans tabac

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 1017 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 14/06/2017
    • de MOUYARD Gilles
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    D’après les résultats d’une étude européenne de 2014, la Belgique compterait environ 25 % de fumeurs. Et entre 2008 et 2014 la population de fumeurs aurait diminué de 2 %. Ce nombre est en constante diminution depuis la fin des années 1990.

    Cependant, d’après les conclusions d’une étude d’Euroaspire, le nombre de fumeurs actifs ne baisserait plus et la proportion de fumeurs n’ayant aucunement l’intention d’arrêter serait en augmentation.

    Cette situation fait dire à certains acteurs du terrain que la lutte contre le tabagisme piétine.

    Suite à la sixième réforme de l'État, la Région wallonne a hérité de nouvelles compétences notamment sur la prévention en matière de santé. De ce fait le gouvernement a mis en place le Plan wallon sans tabac.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre de la situation  ? A-t-il pris connaissance des résultats de cette étude d’Euroaspire  ? Quelle est son analyse des résultats de cette étude  ? Confirme-t-il l’information selon laquelle la lutte contre le tabagisme piétinerait  ? Dans l’affirmative ou la négative pourrait-il justifier sa réponse  ? Pourrait-il faire le point sur les effets du Plan wallon sans tabac  ? Celui-ci dispose-t-il des moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs ?
  • Réponse du 30/06/2017 | Annexe [PDF]
    • de PREVOT Maxime

    Selon l’Enquête nationale de Santé par interview de 2013, la consommation de tabac reste en effet un des plus importants défis de santé publique - enquête de l’Institut Scientifique de Santé publique, 2013 (échantillon de10.822 en Belgique dont 4.212 personnes en Wallonie). Ainsi, en 2013, comme le mentionne l'honorable membre, la Belgique comptait 23 % de fumeurs, c'est-à-dire 19 % de fumeurs quotidiens et 4 % de fumeurs occasionnels. Même si le nombre de fumeurs a nettement diminué depuis 1997 où il était encore de 30 %, le tabagisme concerne donc toujours plusieurs millions de personnes en Belgique.

    La Région wallonne recense un taux de fumeurs plus important que dans les autres régions du pays. Elle compte 25 % de fumeurs occasionnels et quotidiens. Si les fumeurs occasionnels ne représentent que quelques pourcents, 22 % des Wallons sont des fumeurs quotidiens qui fument en moyenne 16 cigarettes par jour. Ceci représente près de 800.000 fumeurs et plus de 10 millions de cigarettes fumées par jour.

    Il est erroné de dire que la proportion des fumeurs n’ayant aucune intention d’arrêter est en augmentation. Au contraire, parmi les fumeurs quotidiens qui ont déjà tenté d’arrêter, la motivation au sevrage gagne du terrain puisqu’elle concerne 71 % d’entre eux en 2013, contre 68 % sur la période 2004-2008.

    Depuis 2004, la Wallonie s’est dotée d’un groupe de structures actives en matière de lutte contre le tabagisme. Ce groupe, baptisé ‘Plan wallon sans tabac’, vise la mobilisation des professionnels afin d’améliorer l’accessibilité et la proximité des aides en matière de gestion du tabagisme. De très nombreuses actions sont mises en œuvre par les membres de ce groupe, depuis la ligne Tabacstop diffusée sur tout le territoire aux actions ciblées dans des écoles, des hôpitaux psychiatriques ou parmi des personnes sans emploi.

    Parmi les actions récentes, des acteurs du Plan wallon sans tabac cherchent maintenant à atteindre les relais et décideurs communaux, notamment les CPAS, les plans de Cohésion Sociale et les services de prévention. L'objectif est la création d’environnements favorables à la santé, l’offre d’un soutien aux professionnels de la santé et du social désireux de s’impliquer, tout en visant le renforcement de l’action communautaire. L’accent y est souvent mis sur les populations à faible statut socio-économique, car nettement plus touchées par ce fléau.

    La mobilisation accrue des professionnels intervenant dans les différents milieux de vie permet d'utiliser l'environnement comme un levier pour soutenir des comportements favorables à la santé. En effet, pour certains groupes de population, la capacité de décision d'un individu peut être limitée par ses conditions de vie et entravée par l'effet de l'environnement. Dans ces actions, le but est de renforcer la responsabilisation sociale, en travaillant sur les représentations, en développant l’esprit critique et la liberté de choix.

    Les actions du Plan wallon sans tabac existent depuis de nombreuses années. Pour pouvoir suivre la réalisation des actions, les membres du Plan wallon sans tabac finalisent, à ma demande, un plan d'action très concret, décliné en objectifs, objectifs opérationnels, actions et indicateurs. Ce plan sans tabac est en bonne voie et il sera disponible fin 2017. En annexe, le tableau reprenant la liste des subventions octroyées dans le cadre de ce Plan. Elles n'ont pratiquement pas changé (à quelques milliers d'euros près) depuis 2014 et le transfert des compétences.

    Ce Plan wallon sans tabac va être associé à mon Plan de Prévention et de Promotion de la Santé en Wallonie qui est dans sa phase d'opérationnalisation. Le plan de prévention intègre en effet dans ses objectifs stratégiques la diminution du tabagisme et, plus précisément, la promotion de la cessation tabagique chez les jeunes et les adultes, la protection ainsi que la prévention de l’initiation tabagique et de la vape chez les jeunes ainsi que la protection des (non-)fumeurs de l’exposition à la fumée de tabac ou de vape.

    J'ai pris connaissance des résultats de l'étude Euroaspire IV de l'European Society of Cardiology publiée dans European Journal of Preventive Cardiology. Cet article pointe des manquements en matière de diminution du tabagisme dans le cadre de la prévention secondaire chez les patients qui ont été hospitalisés pour des problèmes coronariens. Pour remédier à ce problème, il faudrait réaliser ou renforcer des actions très spécifiques auprès d'une population particulière qui a été hospitalisée. Cela rentre donc, en partie au moins, dans les compétences du Gouvernement fédéral.

    Au vu de toutes ces actions, je ne suis pas d'accord avec l'affirmation selon laquelle la lutte contre le tabagisme piétinerait.

    Cependant, pour être efficaces, les actions de la Région wallonne devraient être épaulées par des actions du Gouvernement fédéral destinées à limiter l'offre de tabac. À ce niveau, les partenaires du dispositif wallon insistent auprès du Fédéral pour la mise en œuvre des mesures prévues par la Convention-Cadre de l'OMS pour la lutte antitabac. Cette convention a été ratifiée par la Belgique en 2005 ainsi que l'Union européenne elle-même en 2005 également. Les revendications de cette convention-cadre, portées par les membres du Plan wallon sans tabac, sont les suivantes :
    - l’interdiction totale de la publicité du tabac dans et sur la devanture des points de vente ;
    - l’introduction du paquet neutre pour tous les produits du tabac ;
    - une augmentation significative du prix du tabac manufacturé et un alignement de la fiscalité du tabac à rouler ;
    - l’introduction d’une loi renforçant la protection des enfants de la fumée de tabac en voiture ;
    - une réduction au maximum des contacts avec l’industrie du tabac de la part des administrations et des décideurs politiques, et ce dans une totale transparence. L'histoire a en effet démontré que la puissante industrie du tabac n'hésitait pas à manipuler les pouvoirs publics.