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L'aquaponie

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 638 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 30/06/2017
    • de KILIC Serdar
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Le mot « aquaponie» est une contraction de « aquaculture« (élevage de poissons) et « hydroponie» (culture de végétaux hors sol). L'aquaponie, c'est donc une symbiose entre végétaux, poissons et bactéries, c'est tout un mini écosystème naturel recréé, où les déchets d'un élément deviennent la nourriture d'un autre élément dans le système.

    Cette technologie de culture n'est pas que du jardinage, car ici certains n'hésitent pas de parler d'autonomie et d'indépendance alimentaire pour des familles, ou des collectivités.

    Le printemps 2017 a été marqué par l'émergence d'initiatives d'aquaponie dans de nombreuses écoles.

    La Wallonie soutient-elle les projets innovants d'aquaponie ? Monsieur le Ministre estime-t-il, comme ses défenseurs, que cette technique peut permettre l'autonomie alimentaire ?
  • Réponse du 20/07/2017
    • de COLLIN René

    La Wallonie soutient des projets innovants en aquaculture, y compris en aquaponie, au travers du Fond européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP). Les aides régionales sont triplées par l’Europe. Deux projets pilotes sont en cours de réalisation :

    - Développement d’un projet pilote d’aquaculture intégrée (aquaponie) associée à un circuit court de distribution. (Budget : 300 000 euros durée trois ans : 2017-2019 (ULg))
    - Valorisation innovante des effluents de pisciculture d’esturgeons par la méthode aquaponique (Budget : 318 000 euros durée : trois ans : 2017-2019 (ULg / BQF))

    D’autres projets de revalorisation de friches industrielles ont été proposés tant en province de Liège (Verdir ULG) que dans le Hainaut (IDEA cf. plan stratégique 2017-2019).
    À Bruxelles une première unité de dimension industrielle est en cours d’installation sur le toit des abattoirs d’Anderlecht. (Société : Building Integrated Greenhouse). Il existe encore d’autres initiatives en Wallonie, mais je ne peux les citer toutes.

    De très nombreuses réalisations sont en cours à travers le monde, cependant les expériences acquises soulignent les limites de cette technologie.
    Scientifiquement, peu de cultures ont été testées avec ce système. Il s’agit principalement des légumes-fruits avec essentiellement de la tomate et des légumes-feuilles tels que la laitue. Selon nous, il est donc difficile de parler d’autonomie alimentaire avec peu de légumes pour lesquels on est certain que le système est efficace.

    La production de poisson se réalisant dans des systèmes à recirculation, les investissements et les coûts de fonctionnement de ceux-ci imposent le développement d’une exploitation de taille significative pour générer des bénéfices (économie d’échelle).
    Les principales espèces élevées à l’heure actuelle ayant donné quelques résultats sont le tilapia, la perche australienne et la carpe, mais ces poissons sont peu appréciés par le consommateur belge.

    Les contraintes de culture peuvent également entraîner des risques de pathologies accrus. En effet, la gestion de cet ensemble culture-élevage-bactéries doit répondre à une technologie sophistiquée et difficilement maîtrisable. Si ces technologies ne sont pas appliquées, nous pourrions arriver à produire des aliments qui pourraient représenter un danger sanitaire.

    Les surcoûts liés à ce type de production ne peuvent concurrencer les importations, et obligent donc à vendre sur un marché de proximité (B2C) prêt à payer un prix premium.
    Les exigences sanitaires belges liées à l’abattage, au filetage du poisson constituent également un frein.

    L’ensemble de ces contraintes nous amène à penser que l’aquaponie constitue une réponse très partielle aux besoins en denrées alimentaires des centres urbains. Elle reste à ce jour confidentielle en Belgique, et peu professionnalisée.
    La Wallonie investigue toutefois ce mode de production intégré, notamment via les projets susmentionnés.