/

Le succès du beurre

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 653 (2016-2017) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 11/07/2017
    • de EVRARD Yves
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Le beurre semble avoir retrouvé la cote auprès des consommateurs wallons, mais aussi étrangers. Longtemps décrié pour son usage en cuisine, son utilisation revient au goût du jour.

    Cela a pour conséquence une augmentation historique du prix du beurre qui atteint pour le moment 6.000 euros la tonne sur le marché mondial.

    Le secteur doit-il se réjouir d’une telle flambée ou plutôt rester prudent comme le souligne l’entreprise SOLAREC de Recogne qui produit quelque 30.000 tonnes de beurre par an  ?

    Quelle est la part de la production laitière qui est destinée à la transformation en beurre  ?

    Y a-t-il une opportunité à saisir devant ce nouvel engouement, notamment en ce qui concerne les excédents de production ?
  • Réponse du 03/08/2017
    • de COLLIN René

    Décriées par une majorité du corps médical depuis de nombreuses années, les matières grasses animales ont connu une désaffection, au profit notamment de la margarine. Depuis quelque temps toutefois, on constate, sur base de plusieurs études de dimension internationale, le retour en grâce de produits comme le beurre dans le chef des autorités médicales. En conséquence, de tels éléments influencent positivement le consommateur et l’incitent à inclure le beurre dans son régime alimentaire.

    Cette hausse de la demande en beurre est observée actuellement dans de nombreux pays du monde, notamment les USA, mais également en Chine.

    En outre, la production mondiale de lait (et donc du beurre) est à la baisse depuis mi-2016, avec notamment une diminution de la production dans l’Union européenne et en Nouvelle-Zélande, premier exportateur mondial de lait.

    Enfin, il faut signaler que durant la période de disgrâce des matières grasses animales, les grands bassins laitiers ont sélectionné des animaux produisant un lait moins riche en matière grasse, mais plus riche en protéine.

    Ces trois éléments mis ensemble expliquent la tension actuelle observée sur le prix du beurre au plan international, la demande étant forte par rapport à l’offre.

    Ainsi, les derniers cours du beurre affichent un prix moyen européen de 550 euros/100 kg (et de presque 600 euros/100 kg en Belgique !), soit une augmentation de 4,8 % par rapport au mois passé, mais de + 86 % par rapport à 2016. En revanche, depuis 2015, le cours de la poudre de lait écrémé se maintient à un faible niveau tant en Belgique qu’en Union européenne.

    Quant au prix du lait payé aux producteurs belges, il est passé de 23,5 à 33,90 euros par 100 litres entre mai 2016 à mai 2017.

    Côté statistiques toujours, en Belgique, 24 % du lait entier furent transformés en beurre en 2016. Les autres 76 % sont transformés en yaourt, lait fermenté, crème et dessert poudre de lait, fromage, et lait de consommation.

    Face à ce rétablissement du marché qui s’effectue donc essentiellement via la matière grasse du lait, il y a lieu toutefois de rester prudent. Tout d’abord, cette bonne tenue du beurre ne règle en rien la difficulté de commercialisation de la poudre de lait écrémé, toujours abondante dans les stocks européens constitués lors de la dernière crise. De plus, les sommets atteints dans le prix du beurre risquent de détourner certains utilisateurs de matière grasse animale au profit de substituts moins chers ; un tassement de la demande commence d’ailleurs à être évoqué par d’aucuns.

    Enfin, rappelons que le marché laitier est mondial et par essence très volatil. Le secteur garde toujours en mémoire l’arrêt des achats chinois de produits laitiers en 2009, ce qui avait provoqué une crise sans précédent en Europe, avec des cotations proches des prix d’intervention, totalement non rémunérateurs pour nos producteurs. Leur dépendance à un marché mondial très incertain exige que l’on mette en place des mécanismes régulateurs de marchés en vue de temporiser les trop grandes amplitudes de prix. C’est ce que j’ai toujours plaidé et continuerai à défendre au plan européen.