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L’utilisation des ressources forestières wallonnes dans le cadre de l'énergie verte

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 5 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 30/08/2017
    • de EVRARD Yves
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports

    Dans le cadre des enjeux climatiques, la Région wallonne a lancé un appel à projets pour la création de centrales de production d’énergie fonctionnant au bois, aux résidus de bois ou déchets de bois.

    Be Green Wallonia a remis un dossier de construction d’une centrale électrique biomasse alimentée majoritairement par du bois invasif sud-africain. Une possibilité est laissée pour fournir du bois d’origine wallonne, mais cette possibilité est infime.

    Devant l’argument écologique mettant en exergue le coût d’une importation aussi lointaine, la CWaPE estime que le rapport entre l’utilisation de plantes invasives en Afrique du Sud et le coût du transport est compensé et rend ce recours au bois africain «  durable  ».

    Monsieur le Ministre peut-il nous confirmer que sur les deux projets rentrés, celui de Be Green Wallonia aurait les faveurs du Gouvernement wallon  ?

    Si elles existent, quelles sont les possibilités pour que les ressources forestières wallonnes soient également utilisées  ?

    Quelle est actuellement la proportion des ressources forestières wallonnes consacrées à l’énergie verte  ?

    Une enveloppe de 1 million de certificats verts serait prévue pour cette production d’énergie. Monsieur le Ministre confirme-t-il cette information  ?

    Alors même qu'il préconise un renforcement de la filière bois et que la Grande Région cherche à valoriser les circuits courts au travers d’un projet interrégional européen (Feel Wood), la Région wallonne choisit de se tourner vers une production africaine pour alimenter une centrale énergie wallonne. Comment Monsieur le Mnistre explique-t-il cela  ?

    D’une manière plus générale, prôner l’utilisation d’une méthode Pro Silva au détriment d’une méthode de production plus rentable économiquement est-elle une option raisonnable alors que, comme on peut le constater ici, une production locale semble pourtant bien nécessaire ?
  • Réponse du 12/09/2017
    • de CRUCKE Jean-Luc

    Les dossiers de candidature et le rapport du jury de l’appel à projets pour une centrale biomasse sont confidentiels, il n’est dès lors pas possible de donner d’information spécifique concernant ceux-ci, ni sur une préférence éventuelle du Gouvernement wallon à ce stade. L’ensemble des conditions encadrant l’appel à projets est décrit dans le cahier des charges disponible sur le site de l’administration : www.energie.wallonie.be. Par ailleurs, plusieurs éléments de cette question font écho à la compétence « forêts » et pas à la compétence « énergie » du Gouvernement.

    L’appel à projets spécifie que les installations doivent garantir un taux d’économie de CO2 de minimum 75 % conformément au « code de comptage et de calcul des certificats verts et labels de garantie d’origine » prévu à l’article 9 de l’Arrêté. Les coefficients d’émission de CO2 utilisés pour ce calcul sont ceux approuvés par la CWaPE. Tout intrant doit être décrit dans le plan d’approvisionnement, quelle que soit l’origine de son importation. Il doit répondre à des conditions, qui prennent notamment en compte l’impact du transport. Le plan d’approvisionnement fait également l’objet d’avis de la CWaPE, du Comité transversal de la biomasse et du jury.

    Concernant les possibilités d’utilisation de ressources forestières wallonnes, l’appel à projets spécifie que chaque candidat doit présenter un plan d’approvisionnement et de durabilité de l’utilisation des intrants biomasse. L’appel à projets permet l’utilisation de ressources forestières wallonnes, mais demande de démontrer l’absence de conflits d’usage. La forêt wallonne est plutôt reconnue pour ses usages de bois matière (construction, mobilier, papier, …) et il serait probablement difficile pour un candidat de prouver l’absence de conflits d’usage dans le cadre d’une utilisation de bois exclusivement wallon. L’appel à projets favorise l’utilisation de ressources primaires ou secondaires produites en Wallonie en cas d’hiver doux, pour répondre à une demande du secteur de production de bois énergie de pouvoir écouler des surplus de combustibles dans ces cas.

    La proportion de ressources forestières wallonnes consacrées à l’énergie verte n’est pas déterminée avec précision. Une estimation des flux a été réalisée en 2015 par le groupe de travail bois-énergie et a montré la difficulté de mesurer des flux cohérents. Le bilan énergétique 2015 nous fournit toutefois les données suivantes: près de 2,6 millions de tonnes de bois sont valorisées dans différents usages énergétiques — les usages énergétiques comprennent la production de chaleur et/ou d’électricité. Concernant l’électricité, le rapport annuel de la CWAPE 2016 (p.50) sur les certificats verts mentionne que la production électrique (y compris la cogénération) a utilisé l’équivalent d’environ 0,976 million de tonnes de bois (wallons ou importé confondu) de résidus de la transformation du bois ou du bois de parcs à conteneurs destiné à une valorisation énergétique. Il n’y a plus d’utilisation de pellets belges depuis 2014 pour la production électrique en Wallonie — dont près de 1,8 million de tonnes par an sont produites sur le territoire wallon.
    Parallèlement, l’étude Panorabois (2017, OEWB), estime que les forêts wallonnes sont productrices de ressources bois pour plus de 4 millions de mètres cubes, qui correspondraient, avec un niveau élevé d’incertitude — la conversion de m3 de bois en tonnes de bois dépend de plusieurs facteurs. La masse volume du bois (kg/m³) varie selon les essences et le taux d’humidité du bois : un m³ de chêne vert pèse une tonne, alors qu’un m³ d’épicea sec 18 mois ne pèse que 450 kg. Il est donc difficile d’avancer un coefficient de conversion global pour la forêt wallonne sans tenir compte des variétés de bois exploités — à 3,2 millions de tonnes.

    Dans le cadre de l’appel à projets, une enveloppe de certificats verts additionnels est prévue pour le projet sélectionné. Cette enveloppe est de 1.028.160 certificats verts en 2021.

    Les projets de renforcement de la filière bois valorisation des circuits courts (Grande Région et projet Interreg Feel Wood) concernent à première vue les utilisations matière du bois et pas la filière bois-énergie.

    L’utilisation d’une méthode Pro Silva relève de la compétence « forêts » et pas de la compétence « énergie ».