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La délocalisation des entreprises étrangères

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 11 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 31/08/2017
    • de MOTTARD Maurice
    • à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l'Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation

    Lu dans l’Echo : « D’après une étude du Crisp, 139.461 emplois wallons dépendent d’entreprises étrangères, soit ± 24,3% du total. Les groupes étrangers sont présents dans des secteurs stratégiques.

    Sur base des données de 2015, les experts du Crisp ont comptabilisé un total de 573.544 emplois équivalents temps plein dans 107.471 entreprises dont le siège social (± 102.000 entreprises) est basé dans le sud du pays ou qui y ont une unité de production. Sur ce nombre d’emplois total, 139.461 (effectifs décentralisés sur base des données de l’ONSS) doivent leur pérennité à des entreprises étrangères. Ils sont identifiés dans 1.506 entreprises.

    Cette dépendance garantit l’apport de capitaux étrangers pour assurer la croissance de ces entreprises wallonnes. Il permet aussi de bénéficier de l’expertise et du savoir-faire de ces groupes étrangers et également de bénéficier d’une relation avec des sous-traitants de ces groupes.

    Le Crisp reconnait que cette situation comporte un risque en matière de délocalisation puisque les centres de décisions ne sont pas en Wallonie. En effet, ces groupes sont très fluctuants et très réactifs à la conjoncture puisqu’ils ont moins d’ancrage local ».

    L’analyse de la situation peut, en effet, être faite sous un angle de risque, mais peut, tout aussi bien, être vue sous l’angle d’opportunités à saisir. La question est de savoir si dans les secteurs qui dépendent de l’étranger, on délocalise plus d’emplois vers l’étranger. Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre ?
  • Réponse du 15/09/2017
    • de JEHOLET Pierre-Yves

    Par sa localisation au cœur des corridors de communication européens, par la taille limitée de son territoire de consommation et la diversité de ses secteurs industriels, la Wallonie a été de tout temps une région tournée vers l’extérieur.

    La présence de groupes étrangers dans l’actionnariat des entreprises wallonnes (objet d’un récent courrier hebdomadaire du Crisp) n’est donc pas nouvelle. Il est indéniable que le poids des entreprises à actionnariat étranger est prépondérant en Wallonie. Comme le relève la récente analyse du Crisp, 1 entreprise active en Wallonie sur 4 présente un actionnariat non wallon. Un emploi sur 5 en Wallonie est directement fourni à des citoyens wallons par des employeurs industriels présentant des capitaux d’origine étrangère dans leur bilan. Plus largement, pour chacun de ces emplois directs, on peut identifier 1 ou 2 emplois indirectement générés.

    De nombreux groupes industriels étrangers font partie intégrante, de longue date, du paysage économique et social de la Wallonie. À tel point qu’on en oublierait parfois leurs attaches internationales. Certains même ont contribué au sauvetage de nombreuses pertes d’emplois dans les années ’70. On peut citer AGC qui a contribué à pérenniser et à développer la production verrière de la région ou encore Alstom qui a racheté et largement développé les technologies naguère portées par les ACEC…

    En 2010, l’Agence wallonne à l’Exportation et aux investissements étrangers, conjointement avec le département économique du CESW avait établi que près de 80 % du commerce extérieur wallon était généré par des sociétés actives en Wallonie présentant une part importante de capitaux étrangers et que près de 78 % de la R&D réalisée en Wallonie provenant de ces mêmes entreprises.

    Bien évidemment, toute médaille a son revers. Assez régulièrement, comme les centres de décision de ces entreprises à capitaux étrangers ne sont plus en région, d’aucuns mettent régulièrement en avant le risque de délocalisation, voire de fermeture et partant de perte d’emplois et de valeur ajoutée que constituent potentiellement ces entreprises. L’exemple récent de Caterpillar a malheureusement contribué à renforcer cette perception.

    Cependant, si on regarde les statistiques d’investissement étranger produites par l’AWEX, au cours de ces 15 dernières années, près de 1.500 projets d’investissements industriels de biens ou de services d’entreprises à capitaux se sont réalisés en Wallonie. Tant à travers de nouvelles installations qu’à travers des extensions de capacités de production existantes. Ces projets ont contribué à injecter dans l’économie wallonne plus de 12 milliards d’eurosuro et ont créé ou stabilisé plus de 30.000 emplois.