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La dépendance de la politique wallonne de l’emploi vis-à-vis d’entreprises détenues par des groupes étrangers

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 13 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 31/08/2017
    • de STOFFELS Edmund
    • à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l'Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation

    Les groupes étrangers s’intéressent particulièrement aux secteurs qualifiés de stratégiques (banque, assurance, industrie, transformation métallique, chimie, énergie, etc.) constate le Crisp.

    La proportion de la dépendance des entreprises wallonnes vis-à-vis des groupes étrangers est ± stable, on constate qu’il y a 15 ans les groupes venant des pays du Bric, n’étaient pas présents dans les entreprises wallonnes, et qu’aujourd’hui, ils le sont de plus en plus.

    Les groupes français et les USA sont les plus présents en Wallonie au regard des emplois créés ou maintenus. Les Français arrivent en tête en occupant 36.292 ETP dans les entreprises wallonnes suivis par les Américains avec 32.212 ETP, viennent ensuite les Hollandais avec 24.000 ETP, les Britanniques avec 13.000 ETP, le Japon avec 8.361 ETP et l’Allemagne avec 6.958 ETP. (cfr. L’Avenir du 7/8).

    L’intégration du tissu économique wallon dans un contexte international est à la fois un risque et une opportunité pour l’emploi. Le tout dépend, si les investisseurs étrangers délocalisent des activités et des emplois et comment ils réagissent dans des moments de crises économiques et conjoncturelles ?

    L’objectif du Gouvernement wallon étant de créer et de sécuriser l’emploi en Wallonie, il peut tenter de réduire le risque (ce qui ne renforce pas l’attractivité pour les investisseurs étrangers) ou de renforcer les opportunités (ce qui se paye par plus d’insécurité et moins de stabilité pour les travailleurs), le tout étant de maintenir le bon équilibre entre les deux.

    Quelle sera la stratégie de Monsieur le Ministre en matière d’emploi qui dépend de l’étranger ?
  • Réponse du 15/09/2017
    • de JEHOLET Pierre-Yves

    En 2010, l’Agence wallonne à l’Exportation et aux investissements étrangers, conjointement avec le département économique du CESW avait établi que près de 80 % du commerce extérieur wallon était généré par des sociétés actives en Wallonie présentant une part importante de capitaux étrangers et que près de 78 % de la R&D réalisée en Wallonie provenant de ces mêmes entreprises.

    Bien évidemment, toute médaille a son revers. Assez régulièrement, comme les centres de décision de ces entreprises à capitaux étrangers ne sont plus en région, d’aucuns mettent régulièrement en avant le risque de délocalisation, voire de fermeture et partant de perte d’emplois et de valeur ajoutée que constituent potentiellement ces entreprises. L’exemple récent de Caterpillar a malheureusement contribué à renforcer cette perception.

    Cependant, si on regarde les statistiques d’investissement étranger produites par l’AWEX, au cours de ces 15 dernières années, près de 1.500 projets d’investissements industriels de biens ou de services d’entreprises à capitaux se sont réalisés en Wallonie. Tant à travers de nouvelles installations qu’à travers des extensions de capacités de production existantes. Ces projets ont contribué à injecter dans l’économie wallonne plus de 12 milliards d’eurosuro et ont créé ou stabilisé plus de 30.000 emplois.

    Sur le plan de l’emploi, les grands pourvoyeurs, notamment dans les secteurs des technologies de pointe, restent des entreprises comme Johnson et Johnson, Thalès Alénia, GSK, H&M, Baxter, Google pour ne citer que des grandes enseignes.

    Les principaux secteurs investis par ces entreprises à capitaux étrangers sont principalement les secteurs constitués par les pôles de compétitivité.

    Sur les 10 dernières années, les entreprises à capitaux étrangers du secteur de la logistique (comprenant le transport, la distribution et les services divers –packaging, e-commerce, ….) ont créé plus de 3.500 emplois. Près de 2.700 emplois ont été générés par les entreprises à capitaux étrangers dans les segments Mécatec. On constate le même nombre d’emplois directs dans le secteur alimentaire et de la chimie verte. Le secteur de biotechnologie a lui contribué à l’essor de 2.650 emplois directs. À ce jour, près de 140.000 emplois salariés qualifiés directs wallons doivent leur pérennité à des entreprises à capitaux étrangers.

    Le niveau de technologie de ces entreprises justifie également un très fort niveau de compétence et d’aptitude de l’ensemble des travailleurs de ces secteurs.

    En conclusion, comme le soulignait à juste titre l'honorable membre dans sa question, cette présence d’entités étrangères dans notre paysage industriel assure indirectement la croissance des entreprises purement wallonnes. Leur présence et activité sont également une source importante de débouchés pour nos jeunes bacheliers ou masters. Plus largement, leur intégration à l’écosystème wallon ouvre à nos PME de nouveaux horizons de partage d’expertise et de savoir-faire ainsi que des opportunités commerciales nouvelles.