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Le soutien de la Wallonie au colloque organisé par l'asbl Espace Libre à Charleroi

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 13 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 11/09/2017
    • de RYCKMANS Hélène
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    Le 28 novembre prochain, durant la quinzaine d'activisme contre les violences faites aux femmes, une asbl de Charleroi , ORS Espace Libre, organisera un colloque intitulé « Regards croisés sur la violence conjugale… la rencontre de deux souffrances ? »

    Le panel des intervenant-e-s, majoritairement masculin, mais surtout le fait de programmer une intervention vidéo de Y. Dallaire, masculiniste affirmé, posent évidemment question. Les réactions indignées n'ont pas manqué de s'exprimer sur les réseaux sociaux et dans la presse.

    Comme souvent, l'expression d'indignation des associations de soutien aux femmes victimes de violence et des associations féministes a elle-même fait l'objet de réactions sexistes, minimisant les impacts des violences sur les femmes, victimisant les hommes également en butte à de la violence ou tendant à renvoyer dos à dos les violences conjugales qui seraient de la responsabilité des deux protagonistes sans déconstruire le système de domination patriarcale.

    L intervention de Y. Dallaire et la manière dont est construit le programme de cette journée sont problématiques. Si l'asbl est évidemment autonome dans ses choix, la question du soutien de la Wallonie à ce colloque est interpellante. Le logo de la Wallonie figure en effet, parmi d'autres, sur l'invitation au Colloque.
    Madame la Ministre peut-elle préciser à quel titre ? Quel est précisément le soutien de la Wallonie à ce colloque ?

    La présence du logo de la Wallonie sur l'invitation au colloque donne évidemment à celui-ci une caution qui est contradictoire avec les positions gouvernementales et les orientations du Plan de lutte contre les violences faites aux femmes. Il est en effet essentiel de dénoncer sans ambiguïté les violences conjugales et les formes de patriarcat qui les sous tendent et de soutenir et renforcer les associations de femmes qui accompagnent les femmes victimes de violences conjugales.

    L'asbl ORS Espace Libre a répondu (La nouvelle Gazette le 16 août) ne rien vouloir changer à son programme et estime, avec les 5 intervenants programmés, « offrir des points de vue différents et ouvrir les perspectives de réflexion». Or, ceux-ci ne semblent toutefois pas présents dans le programme du colloque. L'asbl a toutefois précisé sur les réseaux sociaux qu'« un temps de parole sera proposé à la salle pour débattre de ce qu'il vient d'être exposé ».

    Dans ce contexte, avez-vous pris contact avec l'équipe organisatrice de ce colloque ? Au vu de la polémique, l'asbl ORS Espace Libre serait-elle amenée à déprogrammer l'intervention de l’auteur controversé ?

    Si le soutien de la Wallonie est assuré pour ce colloque, entendez-vous le remettre en question ?
  • Réponse du 29/09/2017
    • de GREOLI Alda

    Comme le souligne l'honorable membre très justement, inviter un intervenant masculiniste, qui de surcroit a déjà fait l’objet de sanctions par le comité de discipline de l’Ordre des psychologues du Québec pour ses propos, est contradictoire avec les positions gouvernementales et les engagements pris dans le cadre des plans de lutte contrent les violences.

    La Wallonie n’a, à aucun moment, soutenu l’organisation du colloque du 28 novembre de l’ORS Espace Libre. En tant que Ministre de l’Égalité des chances, je n’ai octroyé aucune subvention à cette association qui dépend de la Fédération Wallonie-Bruxelles et plus particulièrement de mon collègue Rachid Madrane, Ministre de l’Aide à la Jeunesse et des Maisons de Justice.

    Cette initiative a dès lors été abordée, dès le 22 août dernier, lors d’une réunion de suivi du Plan intrafrancophone de lutte contre les violences sexistes et intrafamiliales. Il avait été suggéré que des contacts soient pris avec l’administration de tutelle : l’Administration générale des Maisons de Justice du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles a récemment interrogé l’association organisatrice et l’ORS – Espace Libre ASBL – Service d’Aide aux justiciables. C’est ainsi que nous avions appris que la participation du psychologue Yvon Dallaire était limitée : il n’aurait pas représenté l’ASBL, mais aurait exprimé un point de vue parmi d’autres en son nom propre ; il n’aurait pas été présent au colloque (entretien vidéo). La subvention octroyée, par la Fédération Wallonie-Bruxelles, en tant qu’organisme agréé n’aurait pas été utilisée pour l’organisation du colloque visé.

    Sachant toutefois que cette ASBL bénéficie de points APE dans le cadre de la lutte contre les violences conjugales, c’est sans doute pour cela que l’ORS Espace Libre a inséré le logo de la Wallonie, en tant que l’un de ses pouvoirs subsidiants.

    Afin de rappeler notamment les engagements de la Belgique et de la Wallonie au regard de la Convention d’Istanbul, j’avais signé un courrier adressé à l’ASBL que j’étais en train de soumettre à cosignature à Pierre-Yves Jeholet, Ministre de l’Emploi, quand j’ai appris que, vu la polémique d’ampleur suscitée par l’organisation de ce colloque, l’ASBL avait pris la décision de le postposer.

    L’objectif de ce courrier était aussi de demander d’enlever le logo de la Wallonie afin d’éviter toute ambiguïté. Donner la parole à une personne connue pour ses propos qui renforcent les inégalités entre hommes et femmes est en contradiction avec le travail mené par le Gouvernement wallon et les nombreuses associations actives sur le terrain.