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La collaboration entre le groupe Colruyt et les CPAS

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 25 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 14/09/2017
    • de ONKELINX Alain
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    Colruyt collabore aujourd'hui avec un certain nombre de CPAS pour permettre à des personnes avec de faibles moyens de manger à moindre coût.

    Ainsi, les personnes sensibilisées par leur CPAS - dans une optique d'insertion professionnelle - peuvent bénéficier de ce projet.

    Une fois inscrits, ils reçoivent une carte Xtra - semblable à la carte traditionnelle du magasin - mais avec des promotions différentes. Colruyt publie également tous les 15 jours un petit livre avec des recettes de cuisine qui, grâce à la carte, ne reviennent qu'à 1, 2 ou 3 euros par personne durant cette période.

    Le groupe propose aussi une visite d'un magasin au cours de laquelle on apprend à décoder les étiquettes, repérer les bonnes affaires...

    Cette initiative me semble pouvoir être bénéfique pour un certain nombre de personnes qui n'ont pas appris à faire leurs courses et s'alimenter correctement à cibler leurs achats et cuisiner à moindre coût.

    Le fait que la carte fournie par Colruyt ne diffère pas de la carte de fidélité est également à souligner, car cela permet de ne pas stigmatiser les clients.

    Que pense Madame la Ministre de cette collaboration ?

    Combien de CPAS collaborent aujourd'hui avec la chaîne de magasins en Wallonie ?

    Des résultats positifs ont-ils pu être enregistrés par les CPAS ?

    Colruyt ne démarche par lui-même les communes, celles-ci sont elles suffisamment informées de l'existence de ce projet ?
  • Réponse du 29/09/2017
    • de GREOLI Alda

    Le SPP Intégration sociale, compétent en matière de distribution des produits FEAD aux plus démunis inscrits au CPAS, soutient, parmi les Initiatives complémentaires, « A TABLE POUR 1-2-3 EUROS », le projet-pilote du CPAS de Courtrai et de Colruyt.
    Le site internet du SPP IS en fait un écho particulièrement positif.

    Colruyt a décidé d'étendre le projet en Belgique. 70 communes sont actuellement associées à l'initiative comme Soignies, Mons, Namur. Au total, ce sont plus de 1.000 familles qui bénéficient déjà du projet.

    Une convention est conclue entre le CPAS et Colruyt. Chaque partenaire s’engage à soutenir activement et durablement le projet dans le respect des rôles de chacun. Les services sociaux du CPAS et de la Ville connaissent les familles précarisées, leurs besoins et peuvent identifier celles susceptibles de correspondre au projet. Colruyt se charge de transmettre le livret de recettes et la carte Xtra aux familles sélectionnées.

    L’inscription est totalement volontaire. Il n’y a aucune obligation. Les livrets peuvent également être utilisés dans d’autres supermarchés ou magasins ; dans ce cas cependant, le prix maximum ne peut pas être garanti, car chaque magasin détermine librement ses prix.

    Il y a lieu néanmoins de s’interroger sur ce type de démarche comme l’a fait la fédération des services sociaux dans une étude parue au mois de juin 2017 intitulée « Quand le commerce se mêle de pauvreté ».

    En effet, au-delà de l’objectif louable de la société Colruyt, je ne peux manquer de m’interroger sur les motivations commerciales de celle-ci ne fusse qu’en terme d’image.

    La fédération fait deux recommandations que je partage en conclusion de son étude :
    « La première consiste à demander à Colruyt de répondre positivement aux demandes qui lui ont été adressées de mettre les livres de recettes à disposition des usagers au sein même du service social. Cette démarche permettrait aux usagers de bénéficier des informations et avantages proposés par Colruyt tout en évitant les transferts de données et la mobilisation du personnel des services sociaux. Le livret de recettes ferait ainsi partie de l’ensemble des ressources mises à disposition du public.
    La seconde recommandation est d’engager les acteurs du secteur social à évaluer en amont tout nouveau partenariat avec des acteurs commerciaux, dans une perspective globale tenant compte non seulement de son impact sur les bénéficiaires, mais également de son impact en termes d’emploi, d’environnement et de cohésion sociale. »

    D’autres aspects posent question :
    - en termes de santé, qu’en est-il de la valeur nutritionnelle de ces recettes et qui les détermine ?
    - en termes de protection de la vie privée, les informations transmises par les CPAS à cet acteur économique ne sont pas négligeables. En outre, Colruyt dispose ainsi de renseignements sur les habitudes alimentaires des bénéficiaires de ces cartes Xtra.

    En conclusions, dans le cadre de mes compétences, il ne m’est pas possible d’agir sur les démarches de la firme Colruyt et je crois que des acteurs associatifs ou publics pourraient également réaliser ce type de livres de recettes.

    Ci-dessous, le lien vers la publication complète de la Fédération des services sociaux :
    http://www.fdss.be/uploads/Publications/FdSS/Aide%20Alimentaire/A%20table%20pour%201-2-3%20euros%20analyse%20FdSS.pdf