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La pollution chimique de la Méhaigne et de la Marka.

  • Session : 2005-2006
  • Année : 2005
  • N° : 3 (2005-2006) 1

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  • Question écrite du 26/09/2005
    • de KUBLA Serge
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme


    Le 3 septembre dernier, une pollution importante, d'origine chimique d'après les premiers constats, a été constatée dans la Méhaigne. Sur environ 10 km, elle a décimé toute la population de cette rivière. Une plainte a été déposée auprès de la zone de police.

    Cette situation est d'autant plus regrettable que la qualité des eaux de la Méhaigne était sans cesse meilleure depuis plusieurs années.

    Le lendemain, survenait une pollution dans la Marka, affluent de la Méhaigne. L'origine de celle-ci semble être, elle aussi, un déversage sauvage.

    Je souhaiterais savoir si la police de l'environnement a pu procéder à des analyses, si elle a identifié l'origine de cette pollution et, le cas échéant, le ou les auteurs.

    Par ailleurs, Monsieur le Ministre se rappelle certainement que les 21 et 22 mars dernier, une pollution au cyanure a été constatée dans la Basse-Sambre à hauteur de Roselies. Le taux de cyanure mesuré à la sortie d'un égouttage était 16 fois supérieur à la norme admissible.

    Cette pollution avait également provoqué d'importants dégâts à la population de cette rivière. Monsieur le Ministre dispose-t-il aujourd'hui d'éléments neufs quant à l'origine de cette pollution et au(x) coupable(s) éventuel(s) ?

    Ces pollutions démontrent une fois encore la nécessité de sensibiliser la population aux risques que représentent les rejets illicites à l'égout ou en rivière de produits polluants ou dangereux. Le temps où les huiles usagées et les produits chimiques de toutes sortes passaient directement à l'égout n'est pas totalement révolu !
  • Réponse du 17/10/2005
    • de LUTGEN Benoît

    Dès la prise de connaissance de cette pollution, la DPE est immédiatement intervenue. J'ai également demandé qu'un suivi et qu'un rapport soient réalisés dont voici les éléments relevés.

    1. Pollution de la Mehaigne du samedi 3 septembre 2005 observée de Wasseige à Branchon

    Une importante mortalité de poissons ayant été observée, des prélèvements ont été effectués pour analyse. Le service de la pêche estime les pertes de biomasses à plusieurs centaines de kilos, toutes espèces confondues, brochets y compris. Les alevins sont fortement touchés, ce qui compromet la vie piscicole pour plusieurs années sur le tronçon concerné. Les pertes sont observées de Wasseige jusqu'à Branchon le jour même, ce qui situerait l'origine à Branchon ou en amont. Le service de la pêche soupçonne une origine agricole comme, par exemple, un rinçage de cuve ayant contenu des pesticides.

    Les résultats d'analyses détectent des traces de composés organiques complexes sans relation connue avec les pesticides utilisés en cette saison, à savoir le glufosinate d'ammonium, herbicide de la famille chimique des amino-phophates, et le diquat (1,1' -ethylene-2.2' bipyridyldiylium). Par contre, une teneur significative de 11 ppm (= 11 mg/l) d'ammonium est mesurée dans l'échantillon prélevé et pourrait être due à une contamination par du purin. Ce n'est pas la saison de stabulation du bétail, mais des volumes importants en citernes non vidangées par épandages ont pu subsister dans l'une ou l'autre exploitation agricole.

    Une reconnaissance des lieux à Branchon et Boneffe a été opérée le 20 septembre 2005 ; deux fermes importantes sont notamment susceptibles de rejeter du purin via le réseau d'égouttage.

    Si la Région comporte de grandes cultures comme la betterave, elle comporte également des pâturages et donc du bétail en stabulation. Les fermes précitées seront dès lors contrôlées sur leur gestion des effluents d'élevage à la ferme en particulier et sur la gestion des pesticides plus particulièrement au niveau du pulvérisateur et du calendrier d'application aux champs.

    2. Pollution du mercredi 7 septembre 2005 observée de Wasseige à Boneffe

    Sans dégâts connus, cette pollution est signalée par un particulier et s'observe par un liquide bleu dont le front avance et aurait encore été détectée jusqu'à Wasseige. L'origine est suspectée se trouver à Boneffe, d'après le rapport de l'agent de garde de la DPE (SOS Pollutions), mais la nature du produit et l'identité du pollueur restent indéterminées. Du fait de l'absence de préjudice et d'arguments objectifs, aucun contrôle ciblé quelconque n'est envisagé, a posteriori.

    3. Pollution du 6 septembre 2005 sur la Marca à Eghezée

    Sans dégâts connus, cette pollution a mis en évidence une sorte de mousse de lavage dont l'origine se situerait en amont de la sucrerie de Longchamps d'après le rapport de l'agent de garde de la DPE (SOS Pollutions). En l'absence de préjudice et compte tenu de l'absence d'indice clair, aucun contrôle ciblé n'a été envisagé, a posteriori.

    Conclusions sur les pollutions de la Mehaigne et de la Marca

    Les pollutions des 6 et 7 septembre sont plutôt banales et n'ont eu aucune séquelle connue. Par contre, les pertes piscicoles causées par celle du 3 septembre 2005 sont conséquentes, mais réversibles, vu le tronçon limité sur lequel le cours d'eau a été atteint.

    Sur les trois pollutions ayant affecté le bassin de la Mehaigne début septembre, seule celle du 3 septembre s'est révélée conséquente en termes de préjudice piscicole. Les analyses de laboratoire et les observations de terrain ne désignent aucun responsable, mais permettent de suspecter une origine agricole. Les deux fermes repérées par reconnaissance de terrain et sur carte seront dès lors contrôlées prochainement pour leur gestion de pesticides et d'effluents d'élevage.

    4. Pollution des 21 et 22 mars 2005 sur la Sambre (pollution au cyanure)

    La Police de l'environnement a terminé son enquête et a transmis au Procureur du Roi de Charleroi un dossier mettant en cause une entreprise riveraine.



    Il appartient au Parquet de donner à cette affaire les suites judiciaires voulues ; le dossier est aujourd'hui couvert par le secret de l'instruction.